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Chronique des livres
Le Secret de l'Occident David Cosandey, Arléa, 1997
Il s'agit manifestement là d'un ouvrage tout à fait exceptionnel,
comme il ne s'en publie qu'un ou deux par siècle.
L'auteur, un jeune Suisse, s'est donné pour ambition une
tâche herculéenne, sur laquelle nombre d'auteurs parmi
les plus illustres se sont cassé les dents. Démontrer
pourquoi l'Occident, à partir du XVIe siècle, a réussi
là où tant d'anciennes et remarquables civilisations,
la Chine naturellement, l'Inde bien-sûr, mais aussi
l'Islam ont échoué. Ils n'ont pas réussi à développer
une culture industrielle et technique, celle qui a donné
naissance au monde moderne.
Son explication, qui emprunte, en partie, à nombre d'analyses antérieures, tient en deux facteurs principaux: la division politique stable en Europe, qui, seule, a pu autoriser l'épanouissement de l'innovation technique, et, d'autre part, le découpage des rivages européens qui permet l'interpénétration des arts, de la culture, de l'invention créatrice (*). On peut, certes, discuter du bien-fondé de la démonstration que d'aucuns trouveront, peut-être, un peu réductrice. Mais on ne peut nier la prodigieuse, l'étourdissante érudition de l'auteur qui a tout lu, tout compris, tout assimilé de ce qui avait été écrit sur le sujet avant lui. Un livre, donc, à ne pas manquer. Et qui n'a eu, évidemment, aucun succès de librairie (**). Notre époque, on le sait bien, est celle des Béotiens.
Yves-Marie LAULAN
(*)
The first main causal factor mentioned (stable political division) is correct. The second main causal factor driving scientific progress is actually economic growth. The coastline articulation comes as a deeper level, long-term, probabilistic, common cause for both these main factors. See the 4p-summary of Le Secret de l'Occident or the introduction to my "rich states system theory". (**) To say that my book had "absolutely no commercial success" is a bit harsh, implying that there was next to no sale. Le Secret de l'Occident did sell more than five thousand copies and is selling further, which is not bad for the French-speaking market, for an unknown author, and for a thick and difficult book. Perhaps a better formulation would be to say that "it did not sell as much as it desserved". |
Created: 07 Apr 2001 Last modified: 26 Feb 2017
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