Le livre de Michel Cuvillon a été publié gratuitement en ligne en mai 2012 sur son site Homologies Historiques. Je me permets d'en reproduire ici les premiers chapitres, non formattés.

Parmi tous les auteurs ayant cité le Secret de l'Occident, Michel Cuvillon a été, entre 2007 et 2012, un des seuls qui se soient intéressés à l'étude du parallélisme entre l'histoire de la Grèce antique et celle de l'Europe moderne que j'y présente dans les pages 725-738. Retour à la page principale.

Michel Cuvillon: Homologies Historiques (ci-dessous), novembre 2007.

Frappé par ces similitudes (qu'il appelle "homologies") entre monde hellène ancien et monde européen moderne, Michel Cuvillon y a consacré un livre entier. Malgré des contradictions fréquentes, malgré un style peu heureux qui décourage la lecture, malgré certaines maladresses logiques et une exagération chronique (une tendance à voir des ressemblances partout), l'auteur a le mérite certain d'avoir identifié et répertorié ces nombreuses et frappantes ressemblances (entre la Grèce antique et l'Europe moderne) plus complètement et plus systématiquement que quiconque avant lui.

Dans Homologies historiques, Michel Cuvillon croit identifier certains cycles inexorables dans l'histoire des civilisations, comme Arnold Toynbee et Oswald Spengler avant lui. Cela le conduit, comme eux, à un certain fatalisme – l'avenir de la civilisation européenne moderne paraissant condamné à se calquer sur le destin, déjà connu, de la Grèce antique. Nos philosophes oublient là que ce sont uniquement les mêmes causes qui entraînent les mêmes effets, et que la similitude ne va qu'aussi loin que les causes sont similaires...

Cuvillon a même chiffré la distance temporelle séparant les deux civilisations – à 2'150 ans précisément. Un nombre sur lequel il revient souvent. Il n'échappera pas aux "initiés" qu'il s'agit là de la durée de l'ère attribuée à chaque signe du zodiaque pendant le cycle de 25'000 ans de la précession des équinoxes.

Copie de sûreté de la version internet: mai 2012. Source.
Le Forum des Cerclosophes. Retour à la page principale.












Homologies Historiques
Michel Cuvillon

État au 19 mai 2012



Extrait de la Préface

Espace et Temps étant indissociables, existe-t-il une corrélation spatiale qui se répéterait à 2'150 ans près? [s'interroge Siegfried de Chaudun dans la préface à Homologies Historiques; ces 2'150 ans correspondant au décalage entre la civilisation grecque antique et européenne moderne, selon l'estimation de Michel Cuvillon] Pour reprendre la remarque 5, plusieurs approches nous sont possibles, dont une qui retient mon attention via la notion «d’indice fractal» évoqué par M. Cosandey dans son introduction à la «thalassographie articulée». David Cosandey constate un même «indice fractal» entre la Grèce et l’Europe par exemple tout en signalant l’analogie historique entre la Grèce et L’Europe; de quoi donc alimenter cette homologie à 2'150 ans près.




Chapitre 1er: Les historiens aiment comparer : l’homologie est connue comme la prose par monsieur Jourdain

19mai2012


Qui n'a pas rencontré au cours de ses lectures une comparaison établie entre deux époques très éloignées l'une de l'autre ? Ces comparaisons historiques seront appelées, ici, des homologies et ces homologies à valeurs historiques sont connues des historiens, un peu comme la prose par monsieur Jourdain. Sans plus attendre, voyons l'exemple le premier exemple...

1 D'après Indro Montanelli, jounaliste et brillant historien vulgarisateur italien.

Ce premier exemple, permet d'effleurer le propos développé dans cet ouvrage.Suit ici un extrait de son « Histoire de Rome » quand l'auteur présente la fondation de la République romaine vers -508/-510 : « Les «patriciens » furent vite écrasés par le nombre, comme cela arrive toujours dans tous les pays nouveaux, comme cela s'est produit, par exemple, en Amérique du Nord. Là, les patriciens s'appelaient les « pilgrim fathers », les « pères pèlerins » ; et ils étaient représentés par les trois cent cinquante colonisateurs qui étaient venus s'y établir les premiers à bord d'un navire appelé le Mayflower (...) ». Il n'y a rien d'extraordinaire à relever dans cette comparaison qu'on acceptera de nommer homologie avant que je m'en explique. Cette comparaison plutôt heureuse peut se résumer ainsi pour ceux qui ne sont pas spécialistes de la fondation de Rome: à 2140 années d'écart, c'est-à-dire le temps nécessaire pour passer de la naissance de Rome à celle des Etats-Unis, Indro Montanelli distingue des circonstances communes entre les deux événements... Rien n'est plus juste d'autant qu'Indro Montanelli est loin d'être le seul et le plus célèbre des historiens à signaler cette ressemblance. D'un côté de l'histoire, on voit les bergers voleurs de Rome et de l'autre côté on voit les vachers ou « cow-boys » américains de moralité aussi douteuse.

C'est d'ailleurs Tocqueville (1805/1859) qui signala le premier en son temps les étranges concordances entre l'histoire de Rome et celle des Etats-Unis ; ces étranges concordances continuent d'exister près de deux siècles après le décès de Tocqueville. Cette homologie majeure sera longuement examinée au cours des chapitres suivants... Retenons pour le moment une forte correspondance entre le destin des Etats-Unis et celui de Rome.

2 D'après Edouard WILL, professeur émérite (Nancy) et spécialiste de la période hellénistique.

De la péninsule italienne, sautons en Grèce toute proche. L'amateur de l'histoire grecque antique connaît probablement « LE MONDE GREC ET L'ORIENT », un ouvrage majeur qui retrace l'époque comprise entre le Ve siècle et la période hellénistique. Ce remarquable travail fut composé par WILL, MOSSé et GOUKOWSKI, tous historiens universitaires de renom. La conclusion fut rédigée par Edouard Will qui ne put taire l'évidence qu'il a perçue: il y a de très nombreux points communs entre notre époque et la période hellénistique, le fait l'a troublé suffisamment pour qu'on le ressente à la première lecture. Voici ce que ce spécialiste de la Grèce antique et professeur émérite à Nancy II écrivit ceci au risque d'étonner plus d'un curieux «Ce dont j'ai traité me paraît être ce qui nous touche le plus immédiatement, hommes de la fin du XX e siècle. La lecture de ce qui précède aura peut-être aidé à comprendre que, plus qu'aucune autre période de l'histoire de l'Antiquité, plus même peut-être qu'aucune autre période de l'histoire générale de notre « monde occidental », l'époque hellénistique nous est proche, en ce sens qu'elle a été, pour ceux qui l'ont vécue, une époque de perturbations et d'expériences à certains égards analogues à celles qu'a vécues et que vit encore notre monde depuis un peu plus d'un siècle ».

La période hellénistique ayant duré 300 ans environ, le profane n'en croit pas ses yeux ! Des historiens de qualité signalent au détour d'un ouvrage universitaire de référence que notre époque présente une grande similitude avec la période hellénistique. Ainsi donc, selon Will, cette ressemblance est particulièrement criante entre les deux périodes postérieures au passage éclair d'Alexandre et de Napoléon. Reprenant ici sa formulation originale, le fait signalé se perçoit à travers : 1. l'intensification de la circulation des biens, hommes et idées, 2. l'apparition de super-puissances, 3. la personnalisation du pouvoir, 4. le maintien des Etats traditionnels, 5. l'apparition de cadres fédéraux pour « survivre » mais aussi l'incapacité de certains à évoluer, 6. l'urbanisation de la population, 7. l'augmentation de l'écart des richesses entre riches et pauvres.

Ces sept points méritent bien un moment de réflexion pour embrasser l'étendue de la perception de Will qui mène sa comparaison sur du temps long, environ trois siècles... Il n'est plus question ici de deux faits qui ont des points de convergence mais d'une comparaison menée entre deux périodes ! L'écart chronologique entre ces deux périodes est très voisine de 2140 années, ce qui correspond à l'écart constaté dans la comparaison sommairement formulée par Indro Montanelli... 2140 ans ici et 2140 ans là ! Sommes-nous en présence d'un pur hasard ? Cette interrogation restera en suspens pour le moment pour retenir une forte correspondance de destin entre la Grèce antique et l'Europe.

3 D'après Fernand Braudel...

Allons voir un peu plus loin dans le temps avec Braudel. Dans « La Méditerranée », ouvrage publié aux éditions Flammarion et France Loisirs, Fernand Braudel survole l'Histoire de la Méditerranée durant ces trois derniers millénaires. Il perçoit une évidente ressemblance entre la période qui voit la chute de Mycènes et de l'empire hittite et la période plus récente des Vikings et Normands, pages 82/83. Parlant alors du XIIe siècle avant J.-C., siècle obscur tout comme l'un de ceux de notre Moyen Age, Braudel écrit ceci en 1985, soit une dizaine d'années avant les hypothèses les plus avant-gardistes des archéologues :

« Les catastrophes peu explicables de l'obscur XIIe siècle... De toute façon, avant ces catastrophes, c'était la lumière depuis la mer Ionienne jusqu'à l'Egypte et au reste du Proche-Orient. Avec le XIIe siècle, la nuit s'installe, en gros pour un demi millénaire. (...) Ce qui disparaît alors, c'est l'Empire hittite d'Asie Mineure, le Hatti ; ce sont les palais mycéniens, tous incendiés et détruits (à Tirynthe, les squelettes des défenseurs ont été retrouvés au pied des remparts, sous une masse de débris calcinés). La responsabilité en revient-elle aux mystérieux « peuples de la mer », qui font penser aux Normands du Moyen Age ? »

Il y aurait donc aux yeux de Fernand Braudel une grande ressemblance entre les années -c.1200 et les années +c.900... On constate ici encore un écart de plus de 2100 ans. Cette ressemblance sera examinée en détail dans le chapitre XX mais on notera au pasge cet écart supérieur à 2100 ans qui nous rappelle les écarts précédents.

4 D'après Sir Arnold J. Toynbee...

Pour débusquer notre sujet qui commence à sortir de l'ombre, faisons un détour du côté d'un poids lourd britannique : Sir Arnold J. Toynbee. C'est un très grand historien et philosophe universitaire britannique. Unanimement reconnu dans le monde anglo-saxon, on lui reprocherait en France une dimension religieuse qu'il introduit dans ses écrits. Que peut-on lire dans son ouvrage «Guerre et civilisation»? « Si l'analogie entre l'histoire moderne de notre civilisation occidentale et « les ères de troubles » d'autres civilisations s'étend jusqu'au détail de chronologie, on peut s'attendre à ce que l'ère de troubles occidentale, qui a visiblement commencé au cours du XVIe siècle, prenne fin pendant le XXe, et c'est là une perspective de nature à nous faire trembler, car, dans les autres cas, le feu d'artifice qui a mis fin à une ère de troubles et inauguré un état universel a été le coup décisif pour la société qui se l'était donné elle-même et n'a jamais pu s'en relever ».

Cet historien de la Chine, de l'Inde et du monde occidental, émet donc l'idée toute simple que le canevas du développement d'une civilisation pourrait se retrouver, se répéter dans le développement d'une autre civilisation ; on remarquera d'ailleurs que Toynbee précise que l'analogie peut être poussée jusqu'au détail de chronologie ! Comme Toynbee n'eut que cet écart en dehors de la pensée dominante, il ne fut point brûlé comme hérétique, loin s'en faut puisqu'il reçut les plus grands honneurs Outre-Manche...

Toute l'œuvre de Toynbee met en valeur la fragilité des civilisations, il montra en particulier que le déclin était irrémédiable quand la puissance ne reposait que sur la supériorité militaire. Alors que l'un des termes de la comparaison restait limité au monde grec élargi au monde hellénistique chez Will, Mossé et Goukowski, notre célèbre historien britannique élargit encore la vue globale en introduisant le monde romain quand il compare le monde occidental au monde gréco-romain dans son ouvrage intitulé « Le Monde et l'Occident ». Les chronologies qui sont en cause dans les comparaisons s'étalent alors en longueur ! Toynbee écrit page 82 : « Si l'on se place à un point de vue purement kilométrique, la culture gréco-romaine se répandit, en son temps, sur le monde antique aussi largement que de nos jours la culture occidentale ».

Les profanes que nous sommes savent que le monde grec accoucha du monde romain auquel il céda la place, tout comme le monde européen accoucha de l'Amérique qui s'éloigne de plus en plus de la civilisation européenne. Le changement s'effectua lentement, entre 150 et 50 avant J.-C., elle se répète à l'évidence sous nos yeux soit 2150 plus tard ; ceci fait donc apparaître cette durée pour la troisième fois. Sommes-nous encore en présence d'un hasard ? Les rationalistes que nous sommes exigent sur ce point un peu plus d'explication... Il est trop tôt, soyons patients...

5 D'après Braudel encore qui formule une nouvelle homologie.

Et retournons visiter la « Méditerranée » pour y découvrir une homologie majeure que Braudel éxécute en peu de phrases p.87 pour souligner combien les années postérieures à 1492 ressemblent aux années postérieures à -c.750... On remarquera, une fois encore, un écart voisin de 2150 ans entre les deux homologues (ici, un peu moins de 2250 ans).

"Le Far-West méditerranéen. Avec le VIIIe siècle, le Proche-Orient connaît une nouvelle prospérité. La mer a retrouvé la vie avec les ports actifs de Phénicie et les cités grecques. Grâce à ces ports, à ces cités, à leurs navires età leurs marins, va s'accomplir une véritable conquête de la Méditerranée occidentale. Cette colonisation achevée, la Méditerranée de l'histoire s'étendra sans hiatus du Levant aux Colonnes d'Hercule. On a comparé ce mouvement en direction de l'ouest, à partir du VIIe siècle avant l'ère chrétienne, à la colonisation du continent américain à partir de l'Europe, après 1492. Comparaison assez éclairante. Il s'agit dans les deux cas d'une colonisation à longue distance, à la rencontre de terres nouvelles, non pas inhabitées. L'Amérique « précolombienne » a ses autochtones, le Far-West méditerranéen ses populations déjà sédentarisées par l'agriculture".

Allons voir d'autres comparaisons avant de revenir sur cet écart qui commence à nous agacer mais retenons que les similitudes existent bien dans le destin des civilisations...

6 D'après Léon Tapié qui était professeur à l'Ecole Normale de Sèvres.

Prenons maintenant les lunettes d'un professeur à l'École Normale Supérieure de Sèvres, Victor L. Tapié ! Peu connu mais précis sera cette fois l'extrait découvert par Léon Tapié, historien et pédagogue. Il compare la célèbre retraite des 10000 mercenaires grecs conduits par Xénophon en -401 à celle effectuée par le maréchal de France Charles de Belle-Isle. Cela prête à sourire tant les deux éléments de la comparaison paraissent ici disproportionnés ; et pourtant...

Le maréchal de Belle-Isle était duc de Fouquet, c'était le petit fils du célèbre Fouquet qui fut brisé par Louis XIV. Il commandait les armées françaises encerclées dans Prague durant la Guerre de Succession d'Autriche riche en rebondissements et retournements au point que l'on dit alors que l'on travaillait pour le roi de Prusse qui grignotait l'empire autrichien. Le maréchal était un des chefs du groupe prussophile qui entourait Louis XV tout comme Xénophon fut lui-même pro Spartiate quand il intervint avec ses mercenaires pendant une guerre de succession en Perse. Ici, avec le Maréchal de Belle-Isle, nous sommes en pleine Guerre de Succession d'Autriche. Les deux événements étant distants de 2144 ans, on ne sait ce qu'il faut admirer : l'exploit des héros ou l'esprit d'à propos de l'auteur de l'article cité par Léon Tapié !

"Cet anonyme auteur précise à propos du maréchal de Belle-Isle : « quoique malade, il entreprit et exécuta cette retraite qui sera peut-être aussi célèbre que celle de ces dix mille Grecs dont la plume de Xénophon a immortalisé le courage. Il y aura cette différence remarquable, que de ces dix mille le froid ne fit périr que deux hommes, et qu'ils n'eurent que quelques paysans à combattre ; au lieu que plusieurs centaines de François ont péri par le froid bien autrement aigu en Bohême que dans la partie la plus septentrionale de la Perse et qu'ils ont été continuellement aux mains avec des troupes bien plus féroces que les soldats d'Artaxerxés ». Cette appréciation est encore reprise par le dictionnaire de biographie référencé ci-dessous : « Il fit nommer empereur l'électeur de Bavière (...) marcha pour le soutenir avec une armée, 1741, s'empara de Prague, mais dût reculer devant des forces supérieures ; sa retraite fut admirable, 1742. (...) ».

Mais outre la présence de Xénophon et de ses mercenaires grecs dans la région actuelle qui correspond au nord des actuels Turquie et Irak, voyons surtout la forte similitude de situation entre l'extraction des Grecs du cœur de la zone ennemie et celle des Français qui durent s'extraire du cœur de l'empire autrichien. Les deux armées échappèrent à l'anéantissement. De fait, la seule supériorité de Xénophon fut de se donner de l'importance au cours d'événement historique reconnu comme mineur par les spécialistes de cette époque... Hélas pour lui, le maréchal de Belle-Isle ne fut point écrivain et sa renommée n'atteignit jamais celle de Xénophon... Mais il apparaît bien que Léon Tapié avait parfaitement saisi les similitudes entre les des deux événements situés à 2140 ans de distance ; preuve que Léon Tapié connaissait parfaitement l'histoire antique ainsi que le règne de Louis XV !

7 D'après Madame Claude Mossé, professeur à Paris II.

Comment être plus claire que Madame Mossé dans son propos dès les premières phrases de son ouvrage intitulé " PERICLES", Payot, 2005?

"Le siècle de Périclès. Il est peu d'hommes au nom desquels on ait attribué un moment de l'Histoire. On pense évidemment en France au "siècle de Louis XIV". Et, de fait, on pourrait trouver des analogies entre le Ve siècle athénien et le XVIIe siècle français. Analogies culturelles d'abord, où Versailles répond aux monuments de l'Acropole, Molière à Aristophane, Corneille et Racine aux trois grands poètes tragiques athéniens, comme si un siècle se définissait d'abord sur le plan artistique, qu'il s'agisse des arts plastiques ou du théâtre. Il reste qu'une telle attribution mérite qu'on s'y arrête."

Une autre comparaison attire tout autant notre curiosité puisqu'elle s'impose d'elle-même à l'historien de façon involontaire ; il s'agit de l'utilisation d'un certain vocabulaire par un historien et l'on constate que ce vocabulaire est repris par la communauté qui en élargit ensuite l'emploi. Quand notre historien passe au-dessus de différences évidentes pour ne voir que les similitudes, c'est qu'il a mis la main sur une homologie majeure. C'est ce qui se produit quand il parla de l'incroyable réussite de la France de Louis XIV dans tous les domaines, il parla alors « du siècle de Louis XIV ». Faut-il que les contemporains de Louis XV fussent assurés de l'excellence du règne de Louis XIV pour que Voltaire, en 1752, puisse se permettre de rédiger «Le Siècle de Louis XIV », une espèce d'appel à l'immortalité du roi soleil !

Vinrent les historiens et l'évidence : la mise en canons en toutes choses était manifeste au point que l'on attribua la paternité du siècle à Louis XIV. Ce fut «le siècle de » et l'historien réemploya cette expression pour qualifier l'incroyable succès d'Athènes sous l'égide de Périclès. L'historien parlera alors du « siècle de Périclès »... Il n'y a rien à dire sur l'usage de l'expression mais son emploi rarissime signale deux événements majeurs distants d'un peu plus de 21 siècles ! On verra plus loin qu'en mettant Louis XIV et Périclès sous le regard de l'analyse comparée, ces deux héros nous permettent de découvrir deux siècles homologues.

Mais, une fois encore, la distance chronologique entre le Roi Soleil et le Périclès l'Olympien avoisine les 2100 ans et cette durée s'impose une nouvelle fois ! Ne suis-je pas en droit de me demander, pour le peu que je veuille bien rester éveillé, s'il s'agit de coïncidences, si l'on m'abuse ou si je suis en train de mettre le doigt sur un phénomène réel mais ignoré ? Certes, on peut avancer à contrario que les exemples qui furent utilisés ici sont choisis ; la remarque est certes pertinente mais en quoi vient-elle infirmer ce qui manifestement commence à apparaître comme une valeur constante ? Nous verrons, plus loin.

On verra par ailleurs que des notions de Renaissances, de périodes médiévales et de périodes intermédiaires n'échappent guère à cette notion d'homologie... Mais, pour l'heure, changeons de secteur et allons en Chine pour sortir de notre monde occidental et aérer quelque peu notre esprit.

8 D'après l'Encyclopaedia Universalis.

Très peu de personnes sont expertes en histoire chinoise c'est pourquoi les encyclopédies numériques sont de beaux outils et particulièrement la très sérieuse Encyclopaedia Universalis dont on consultera la bande chronologique défilante. Là, au hasard d'une consultation, vos yeux tomberont sur le 1er octobre 1949. Pour avoir vécu l'événement quasiment en direct grâce aux revues de l'époque et aux actualités filmées, vous revoyez Mao Zedong proclamer la République populaire de Chine à l'issue de « la grande marche » qui fut d'abord une conquête militaire. C'est la fin de la guerre civile, c'est aussi la fin des féodalités chinoises, c'est aussi la mainmise sur le pays par le parti communiste chinois, mais c'est surtout la réunification de la Chine. Faisant alors preuve de curiosité, vous remontez la bande chronologique qui défile sous votre main car vous désirez savoir si un tel événement s'est déjà produit dans l'histoire de la Chine, (vous avez parfaitement le droit de vous poser des questions stupides, non ?). Votre curiosité vous fait entrer dans la machine à remonter le temps... Par quel hasard atteignez-vous l'an 221 avant J.-C. pour apprendre qu'à cette date la Chine fut réunie par les Qin et transformée en empire à l'issue d'une conquête militaire? Etonnant, non ? Vous vous apercevez alors que les deux conquêtes militaires qui unifient la Chine sont situées à 2150 années d'écart. Votre curiosité vous titille et vous désirez apprendre tout des Qin pour supputer l'avenir de la Chine de Mao... Surpris, vous l'êtes assurément quand vous apprenez que l'empire Qin fut éphémère, très, et que son empereur fit une chasse effrénée aux intellectuels de son époque ! Alors, combien de temps encore durera le système communiste chinois? Mais votre question prouve bien que vous ignorez tout de la Chine moderne car le nouveau capitaliste chinois ne se pose même plus la question depuis quelques années déjà.

HYPOTHESE : L'HOMOLOGIE HISTORIQUE

La lecture de ces comparaisons - homologies qui se répondent permet de deviner aisément le propos qui se développe en vous entraînant dans une revisite de notre Histoire : l'histoire du monde obéit-elle à une homologie générale nécessitant une transformation de l'ordre de 2150 ans ? En replaçant dans le bon ordre et bout à bout toutes ces homologies perçues par ces Historiens incontestés, on compose alors deux énormes périodes homologiques qui s'étendent : • - pour la plus ancienne, de Mycènes à la fin du monde hellénistique! Soit 1800 ans! • - pour la plus récente, des Carolingiens à notre temps présent! Soit 1800 ans! En bref, il ne manque ici que la phase des grandes invasions pour que la grande boucle de 2150 soit bouclée par des histoiens qui se donnent la main sans le savoir! C'est la thèse présentée dans cet essai qui montera que l'Europe et la Grèce antique sont profondément homologiques. Inutile ici de tirer les conclusions qui apparaissent avec un tel constat. Dans les chapitres suivants, je passe en revue les homologies majeures our mettre en évidence cette homologie historiqe... Mais il est impossible de détecter cette homologie générale sans se donner des règles précises pour éliminer toute tentation de prendre les exemples un peu partout au hasard des besoins de la démonstration. Il faut donc définir une méthode et définir clairement les règles qui seront appliquées. Que tout soit vérifiable et que cela permette à d'autres chercheurs de prolonger le propos.

Le chapitre II suivant établit cette méthode.



Bibliographie : • Indro Montanelli : « Histoire de Rome » aux Éditions Mondiales, 1959, (Livre de poche, n° 1161 et 1162), traduction de Juliette Bertrand. • Will, Mossé et Goukowski : «LE MONDE GREC ET L'ORIENT » aux P.U.F. • Arnold J. Toynbee : « Guerre et civilisation », Idées, Gallimard et « Le monde et l'Occident » aux éditions Gonthier. • Pages 202-203 tome II de l'Histoire de la dernière guerre de Bohême (citation de V.L. Tapié dans son ouvrage portant sur les XVII et XVIII ème siècles aux éditions Hatier). [« Le duc de Belle-Isle évacua, en hiver, la Haute-Autriche et la Bohême par une des plus hardies manœuvres du XVIIIe siècle, tandis que les Autrichiens avançaient jusqu'au Rhin. Leurs succès déterminèrent Frédéric II à s'allier de nouveau à la France (1744) et Louis XV à resserrer son entente avec l'Espagne, à rompre avec l'Angleterre et à déclarer la guerre à «la reine de Hongrie»] (extrait de Encyclopaedia Universalis France S.A.). • Dezobry et Bachelet : « Dictionnaire de biographie d'histoire et de géographie ». • Braudel, (sous la direction de) "La Méditerranée", 1985, 1987, éditions Flammarion et France Loisirs. • Claude Mossé, "PERICLES", Payot, 2005.



Chapitre II : La méthode en homologie

19mai2012


Il me faut présenter la méthode qui permet de dégager les homologies historiques et définir en conséquence ce que sera une homologie historique. Mais jetons d'abord un coup d'œil pour découvrir comment ce concept d'homologie est perçu et utilisé dans certaines disciplines scientifiques. On sera particulièrement attentif aux mathémathiques où le terme naquit. J'ai exploité le Dictionnaire International des Termes littéraires et l'Encyclopaedia Universalis (E-U) pour dégager la notion. Dans le Dictionnaire International des Termes Littéraires : 1. Sens courant : (L'homologie est une) Correspondance de place, de forme, de fonction entre deux classes de phénomènes. (Adj.) Par extension) : Équivalent. 2. Sciences: (Chimie). Corps homologues: Substances organiques qui remplissent les mêmes fonctions, suivent les mêmes lois de métamorphose. (Anatomie). parties homologues : Éléments qu'on peut considérer comme étant les mêmes d'une espèce à l'autre, quelles que soient d'ailleurs les variétés de forme et de volume. (Géométrie. D'après Poncelet). Correspondance de deux figures telles que les points correspondants de l'une et de l'autre sont deux à deux sur des droites concourant en un point unique et que les deux points correspondants de l'autre se croisent sur une droite unique; tout comme un mode de déformation des lignes et des surfaces. 3. Rhétorique : Figure fondée sur la redondance du signifiant permettant de faire apparaître une différence au-delà d'une similarité de formes. Elle est utilisée par exemple pour faire une concession : « il y a bien similarité (homologie) dans les apparences, les formes, les mots, etc., mais il y a une différence de substance », ou, au contraire, pour induire une identité de substance: «si ceci est vrai dans ce paradigme, on peut supposer que ce sera vérifié dans un paradigme homologue». 4.Sociocritique : Relation entre les faits sociaux et la production artistique, intellectuelle, littéraire. En particulier: (Lucien Goldmann). Équivalence, correspondance entre deux ou plusieurs structures, par exemple entre l'œuvre littéraire et la classe sociale, entre la forme textuelle, la structure sociale et la vision du monde. 5. Pierre Bourdieu : Collusion, lien entre l'art et la réalité économique. Dans L'Encyclopaedia Universalis Les approches sont nombreuses ; passons en revue quelques unes d'entre elles : EN MATHÉMATIQUE Dans son acception ancienne, venue des mathématiques, l'analogie était une identité de proportions, de rapports. Si a/b = c/d, on peut dire que a est à b ce que c est à d. Ainsi, deux objets dont certaines dimensions homologues sont dans le même rapport peuvent être dits, en vertu de cette définition, analogues. Le fait que les grandeurs à comparer doivent être homologues n'est pas sans importance. L'idée d'homologie impose que l'on ne mette en correspondance, par leurs dimensions, que des parties qui jouent, dans les objets auxquels elles appartiennent, des rôles équivalents. Par exemple, un rectangle et un triangle ne peuvent pas être dits analogues, même si le rapport de certaines de leurs dimensions prises deux à deux est identique. En revanche, deux rectangles dont le rapport longueur/largeur est le même sont analogues dans le cadre de cette première définition de l'analogie. On dit même dans ce cas, étendu à chaque type de figure géométrique, que les figures considérées sont semblables. Limitée d'abord à cette définition mathématique, la signification du concept d'analogie a évolué au cours du temps, dans le sens d'un assouplissement vis-à-vis des contraintes géométriques et métriques initiales. Mais le contenu sous-jacent, exprimé par les mots qu'on a dû employer ici pour préciser la première définition (homologue, équivalent, semblable), a subsisté. On y retrouve essentiellement l'idée de ressemblance, qui implique elle-même l'existence à la fois de points communs et de différences. On peut également trouver cette rapide définition : Les homologies sont les composées d'une perspective et d'un rabattement. EN ANATOMIE ; MORPHOGÉNÈSE ; SCIENCES NATURELLES : L'étude anatomique et morphogénétique de la mandibule et de l'oreille moyenne, chez les Reptiles et les Mammifères, a permis d'établir une théorie synthétique (...) parfaitement étayée à l'heure actuelle, qui aboutit à dresser les homologies suivantes : la columelle, le carré, l'articulaire et l'angulaire des Reptiles correspondent respectivement à l'étrier, à l'enclume, au marteau et au tympanique des Mammifères. (E.U) Dans la revue « COURRIER, n°12 du 14 décembre 1998, on peut lire sous la plume d'un lecteur : « L'homologie est une parenté évolutive. La parenté de certains des gènes utilisés dans la morphogenèse des appendices d'insectes avec ceux utilisés dans la morphogenèse des membres de vertébrés ne laisse que peu de place au doute. L'hypothèse de cette homologie est fondée sur la grande similitude des gènes des uns (ici les mammifères) et des autres (ici la drosophile) ». Dans un site internet On peut lire cette définition appliquée en Sciences Naturelles : (L'homologie est) La relation entre les parties qui résulte de leur développement embryogénique correspondant, soit chez des êtres différents, comme dans le cas du bras de l'homme, la jambe de devant du quadrupède et l'aile d'un oiseau ; ou dans le même individu, comme dans le cas des jambes de devant et de derrière chez les quadrupèdes, et les segments ou anneaux et leurs appendices dont se compose le corps d'un ver ou d'un centipède. Cette dernière homologie est appelée homologie sériale. Les parties qui sont en telle relation l'une avec l'autre sont dites homologues, et une telle partie ou un tel organe est appelé l'homologue de l'autre. ET EN HISTOIRE ? Rappelons ci-après les caractères relevés dans une homologie. Il faudra bien retrouver ces caractères dans notre homologie appliquée à l'Histoire. Il y aurait donc homologie historique quand on constaterait : 1. une correspondance de place, de forme, de fonction entre deux classes de phénomènes 2. que les homologues remplissent les mêmes fonctions et suivent les mêmes lois de métamorphose 3. que les grandeurs à comparer sont également homologues; ce fait n'étant pas sans importance. 4. l'existence d'une ressemblance; ce fait impliquant à la fois l'existence de points de ressemblances et de différences. 5. une parenté évolutive. L'homologie appliquée à l'histoire intègre obligatoirement les notions relevées ci-dessus... Il convient en conséquence de la définir plus précisément pour suivre son application dans une vingtaine de chapitres qui en éclairent l'emploi. En définitive, le concept d'homologie appliqué obéira aux notions suivantes : 1 - La similitude Cette notion ne concernent que «les éléments qui se ressemblent », un peu comme les enfants ressemblent aux parents. En présence d'homologues historiques, je serai donc en présence de phénomènes qui auront un air évident de famille : ainsi, le phénomène de la « colonisation » durant l'antiquité ressemble plus ou moins à la colonisation moderne au point qu'en Histoire on utilise le même vocabulaire pour décrire deux phénomènes décalés chronologiquement. J'ajouterai que la similitude sera évidente du genre de celle qui apparaît immédiatement entre le siècle de Périclès et le siècle de Louis Quatorze. Mais l'analyse a mis ici le doigt sur des temps "glorieux" peut aussi bien montrer un recul, une récession, une chute, une colonisation... 2 - Le rapport d'échelle Je peux résumer cette notion en parlant d'un effet de zoom. Les éléments sont semblables mais il existe un rapport de grandeur entre les éléments comparés. Si en valeur absolue le monde athénien est plus petit que le monde louis quatorzien, on constatera cependant que, replacés dans leurs univers respectifs, des éléments à comparer possèdent alors des valeurs relatives très proches. Et, pour rester sur cet exemple, Athènes et la France qui dominèrent nettement le monde en leur époque sont nettement homologues même si l'Attique est plus petite que l'Hexagone ; on notera toutefois que l'Attique vaut grosso modo l'Argolide, la Messénie voire l'Eubée tout comme l'Hexagone vaut l'Allemagne voire la Grande Bretagne ou peu s'en faut. 3 - La notion de filiation Cela fait ressortir le rôle du secteur géographique, du bassin culturel ou tout simplement la filiation culturelle. Tous les cas étudiés se rattacheront à notre héritage culturel ou seront en filiation culturelle avec le monde gréco-romain. Il s'ensuit que l'origine relève du monde minoen, cycladique, mycénien ; que le moyen terme sera plutôt le bassin méditerranéen oriental, puis méditerranéen pour devenir l'Europe élargie au monde occidental qui globalise ce dernier. Mes exemples ne pourront jamais sortir du cadre défini ici. Mettant les règnes d'Alexandre et de Napoléon en homologie, on voit bien que Napoléon appartient à la filiation d'Alexandre même si l'un se perd dans le désert chaud d'Aragosie quand l'autre se perdra dans l'hiver russe. 4 - La notion de perspective. Les éléments les plus anciens seront « plus petits » que les éléments les « plus récents ». Les homologues forment, pour le moins, une paire d'éléments à comparer dont le plus ancien des éléments appartiendra toujours au monde antique. Cet élément ancien aura toujours une ampleur moindre que celle qui apparaîtra chez l'élément le plus récent. Comparant Rome aux Etats-Unis, on saisit bien ici l'infériorité de Rome dans cette comparaison : population, aire, puissance militaire. Il en sera de même pour tous les homologues « plus petits » que nous appellerons antiques par commodité. Les homologues antiques sont plus petits que leurs homologues récents. (On voit d'ailleurs que cette notion est en redondance avec l'effet de zoom). 5 - L'évidence L'homologie étant une ressemblance, une similitude de fond, on ne comprendrait pas que ces critères ne puissent pas « sauter aux yeux ». J'avance ici un critère qui est l'évidence des homologies. Celui qui connaît l'histoire de Rome peut admettre sans douleur l'homologie entre Rome et les Etats-Unis. De même, quand j'annonce l'homologie entre le siècle de Périclès et le siècle de Louis XIV, l'évidence de l'homologie est immédiatement perçue. On verra que des cas sembleront plus douteux au premier abord mais l'homologie se révèlera clairement après avoir entrevu des relations homologiques « multipolaires » évidentes. (voir NIII et Pyrrhus). 6 - La distance chronologique On verra que l'écart chronologique qui apparaîtra à l'issue des mises en homologie oscille autour de 2150 ans. Cette valeur est apparue au cours des différents essais et si je ne m'en explique pas l'origine, cette valeur n'en existe pas moins. Il faudra l'accepter comme telle avant de vérifier la pertinence de l'homologie et la valeur de ce « pas temporel ». Si l'on admet que pi vaut 3,14 et qu'il nous donne le rapport entre la circonférence et le rayon d'un cercle, on pourrait bien être amené à accepter que 2150 ans mesurent la distance entre deux homologues, ou peu sans faut ; on pourrait ici voir la notion de perspective qui existe dans une relation mathématique entre deux homologues. Ceux qui voudront en chercher les raisons ont le champ libre ! Traduit-elle, dans notre monde gréco-latin-européen, la durée nécessaire pour passer d'une forme à une autre forme ? Certains en débattront ; moi, je constate, je vérifie et j'espère faire reconnaître « l'homologie historique ». 7 - L'homologie sérielle... Enfin, et le fait me paraît capital, on constatera qu'une homologie n'apparaît jamais seule. Elle entraîne avec elle des séries homologiques si complètes que celles-ci finissent par ne faire qu'un ! Quand on procède à l'analyse homologique entre la France et Athènes, on détecte celle qui existe entre l'Angleterre et Sparte. Ces deux séries qui se développent permettent alors de débusquer celle qui existe entre la Perse et l'Espagne et ainsi de suite ! De proche en proche, on obtient deux séries homologiques qui matérialisent des bandes chronhomologiques qui mettent en évidence un cycle de 2150 ans pour appeler chat un chat. Cela fut ma plus grande surprise. Et il suffira de suivre ces séries et ses homologues pour constater l'existence du fait. Autour de la notion Dans une comparaison, on met face à face deux éléments, le premier peut être appelé « le comparant » et le second « le comparé », le premier vaut le second et inversement. Le terme « homologue » convient aux besoins de la recherche ; d'emblée les deux termes apparaissent dans leur spécificité, il n'y a jamais égalité mais toujours similitude. Le terme se décline très aisément : une homologie, des homologues, une relation homologique, et même homologiquement... Ainsi Alexandre le Grand et Napoléon sont comparés et, si l'on trouve des ressemblances conformes aux critères définis, on dira qu'ils sont homologues. Faire une homologie en histoire, c'est extraire d'abord des points communs issus de deux mondes entièrement différents mais dont la filiation entre les mondes est certaine, un peu comme en morphogenèse ; la différence constatée entre les homologues n'est donc pas de celle qui permet de distinguer la carpe du lapin On peut imaginer un historien portant des lunettes qui permettraient d'avoir une vue globale sur l'histoire ; un opticien dirait de ces lunettes portées par notre historien, que le foyer focal de chaque verre permet de voir simultanément deux tableaux décalés chronologiquement de 2150 ans...Une vue sur le monde antique, une autre vue sur le monde moderne mais les lunettes sont réglées pour ne voir que le même rôle, la même fonction. On calera sa vue pour ne voir que la nature et l'organisation du pouvoir, pour ne voir que le fonctionnement des « Etats », pour n'observer que le mouvement qui mène de l'apogée au déclin, pour n'observer que la synchronie des perturbations, pour n'observer que les conflits, pour n'apprécier que l'air du temps... On sera attentif également aux changements et fractures qui seront en phase chez les homologues. Si deux homologues sont annoncés comme tels, on n'observera pas que l'un est en déclin quand l'autre arrive à l'apogée ; le cas échéant infirme l'homologie... Cette remarque met le doigt sur la constance des rapports. Sur le fond, le principe de causalité n'est guère violé puisque d'emblée, les mêmes causes produisent les mêmes effets : les homologues évoluent en quelque sorte dans la même seringue causale qui assure l'homologie de leur destin. D'une façon générale, on constatera une réelle cohérence entre ceux qui sont déclarés comme homologues. Si Alexandre et Napoléon sont homologues, on comprend que la fulgurance de leurs actions apparaît, mais apparaîtra surtout leur « poids » respectif dans l'histoire ; quand on constate que tous deux ont failli se jeter dans une aventure située à l'opposé de leur destination finale (vers Rome pour l'un, vers l'Amérique pour l'autre), on verra que leur homologie est renforcée par toute une série de points qu'il est inutile d'examiner pour le moment. On aura compris qu'une homologie ne peut se satisfaire de relations bilatérales, toute homologie devra montrer des relations multilatérales sous peine de ne pas être validée... Il va de soi que les homologies seront également cohérentes chronologiquement et toute série d'événements réputés homologues sera cohérente dans les deux bandes chronologiques qui en découlent. Pour revenir à un exemple, Pyrrhus, grand admirateur d'Alexandre, est un grand général. Conquérant malheureux, il subit un échec hors de son monde d'origine, son vainqueur sera le Romain naissant, il aura une fin misérable dans son monde d'origine ; tous ces faits impliquent un homologue postérieur et qui se réclamera de Napoléon Ier, qui sera également un conquérant malheureux, qui affrontera le monde américain pour subir un échec majeur et qui, lui aussi, finira lamentablement. Certains auront des difficultés pour accepter NIII. Il faudra s'interdire de refuser d'emblée mais creuser l'idée qui se sera imposée d'elle-même. Il ne reste plus qu'à se laisser entraîner dans une vision bizarre mais féconde de l'Histoire de l'homme occidental. Pour rendre la lecture des homologies détaillées plus attractive, la présentation fonctionnera plutôt « en marche arrière ». Cela permettra à nos contemporains d'employer leur propre vécu pour vérifier le bien-fondé des propositions. Cela présente en outre l'avantage de s'en tenir strictement à une observation générale qui exploite une Histoire « académique ». Rien, à aucun moment, ne saurait mettre en cause ou en doute le principe de causalité. Le pas temporel En Histoire, la chronologie est essentielle, son absence est impossible. Comment faire pour trouver deux éléments que l'on comparera ? Le flair ? Le flair qui permet de détecter les éléments homologues, Napoléon et Alexandre par exemple, n'est pas un outil sérieux d'autant qu'il n'est pas transmissible entre chercheurs. Cela aide mais ne peut intervenir dans une démarche rationnelle. Puisque les grandes comparaisons entraperçues précédemment étaient distantes d'environ 2150 ans, pourquoi changer de « distance chronologique » entre les deux homologues? Libre aux uns et aux autres de choisir une autre durée, ils peuvent toujours espérer mais pourquoi changer ici la valeur d'un paramètre qui a déjà permis une récolte abondante ? Cette durée qui permet de calculer l'écart chronologique entre deux homologues sera notre référence et sera appelée «écart chronhomologique». Ces 2150 ans ne sont d'ailleurs fournis ici qu'à titre indicatif et l'on verra que cette durée est plutôt élastique durant les périodes médiévales. Aussitôt se pose la question de l'écart acceptable entre cette durée trouvée de façon expérimentale et celle qui permettra de retenir un cas précis dans le cadre de l'analyse. Quelle tolérance faut-il se donner pour accepter ou refuser l'examen d'un cas tout en respectant l'écart chronologique « standard »? Ce problème de tolérance est capital en sciences dites exactes, il a même généré une discipline, la métrologie. En métrologie, on parle d'écart ; la mesure acceptable donnée au final est toujours encadrée. Deux éléments séparés par 2100 années peuvent-ils être pris en considération ? Et quand l'écart est de 2050 ans, voire 2000 ans, peut-on envisager leur homologie ? Il faut stopper les dérives possibles, et pour cela il faut fixer la durée maximale et minimale acceptable. Apparaît alors la notion de fourchette à l'intérieur de laquelle deux éléments homologues devront impérativement se trouver. Il me faut donc tenir compte de ces remarques pour « encadrer » la mesure de cet écart chronhomologique. Il faut avouer ici qu'aucun élément sérieux ne me permet de résoudre le problème sans passer par l'arbitraire... En métrologie, c'est l'unité employée ainsi que le nombre de mesures qui déterminent la tolérance finale. Compte tenu de ce fait, que devient alors l'écart de 2150 ans ? Comme l'Histoire décrit des phénomènes humains, il est somme toute acceptable et cohérent de fixer la tolérance à + ou - 80 ans qui correspondent à la durée de vie moyenne de l'homme. (Il est inutile ici d'établir un dogme mais des outils qui permettent une investigation). Cet écart de 80 ans sera ajouté ou retranché aux 2150 ans. Pour rechercher l'homologue d'un événement majeur, il faudra examiner l'Histoire entre 2070 et 2230 ans avant ou après l'événement, jamais en dehors ; des cas tangents apparaîtront, chacun sera juge de la validité de l'homologie proposée. On verra par ailleurs que ces 2150 ans, selon les périodes historiques considérées, ont tendance à prendre une valeur moyenne de l'ordre de 2110 ans et parfois de 2200 ans. Un petit exercice pratique illustre la définition précédente en prenant deux hommes très célèbres en exemple : Jules César et Charlemagne. Peuvent-ils entrer, ici, dans le cadre d'une recherche en homologie selon les critères fixés ? Pour Charlemagne et César, il y a 44 + 814 soit 858 ans d'écart entre les décès; il sera inutile de vouloir chercher une quelconque homologie puisque le critère chronologique n'est pas respecté. Si nous revenons sur quelques homologies, on constatera que 2150 ans + ou - séparent les siècles de Périclès et de Louis XIV, que 2060 ans séparent Napoléon d'Alexandre etc. On comprend aisément que cette notion est en fait « une condition nécessaire mais non suffisante » qui permet de survoler les époques en donnant des réponses rapides. Par exemple, quelle époque est homologue de la nôtre ? Réponse : 2000 - 2150 = vers -150 ! (-230/-70 pour la fourchette homologique). En 150 avant Jésus Christ nous pouvons découvrir l'époque des Romains qui deviennent « encombrants » pour le monde méditerranéen après avoir détruit Carthage. On appréciera la qualité de la réponse qui rejoint directement certains commentaires d'actualité depuis la disparition du système soviétique... On notera que si nous comparons nos 80 ans aux 2150 ans de la période homologique, l'importance de la tolérance est de 3,75 % ; cette grandeur est en elle-même très honorable en sciences physiques où les résultats sont encore avalisés quand le calcul d'erreur reste en deçà de 5 % ! Il est possible de fixer le classement chronologique de toutes les homologies en deux colonnes, par exemple, de placer le siècle de Louis XIV à gauche et le siècle de Périclès à droite. On continuera facilement en plaçant Napoléon sous Louis XIV et Alexandre sous Périclès ; Les deux colonnes forment deux bandes chronologiques homologues, on voit dans l'exemple qui est fourni que Carthage est l'homologue du système communiste qui créa l'URSS. La disparition de l'un implique la disparition de l'autre... On constatera qu'on est en présence de deux homologues quand il y aura également homologie des « destins », de l'Histoire. Jamais ne doit apparaître une contradiction, le cas échéant, l'homologie n'existe pas. Par ailleurs, il n'apparaît pas raisonnable de supposer une homologie sans fin, on verra ce qu'il en est. Mais deux événements distants de 2150 ans ne sont pas nécessairement homologues... Voici un petit morceau de deux bandes chronologiques homologues qui respectent les conditions indiquées. Siècle de Louis XIV vers 1680 Siècle de Périclès vers 440 2120 ans Napoléon Ier vers 1804 Alexandre le Grand vers 330 2134 ans Echec de Napoléon III en Amérique en 1867 Echec de Pyrrhus en « Italie » en 276 2143 ans USA contre URSS. Disparition de l'URSS en 1990 Rome affronte Carthage, dernière guerre : 146 2136 Maintenant que le vocabulaire est défini, que la valeur de l'écart ainsi que la « tolérance » sont fixées, il faut alors préciser, bien avant l'étude par elle-même, quelles sont les Histoires qui seront mises à contribution pour aller à la pêche aux homologues. C'est tout naturellement notre civilisation occidentale qui sera mise à contribution ainsi que le monde dont elle est issue. Parmi les ancêtres qui seront mis à contribution, il faut citer en reculant dans le temps : • la civilisation occidentale, • la civilisation européenne, • la civilisation romaine, • la civilisation grecque, • la civilisation égéenne... On peut aisément affirmer : - que la civilisation égéenne accoucha de la civilisation grecque ; - que la civilisation grecque accoucha de la civilisation romaine; - que la civilisation romaine accoucha de la civilisation européenne laquelle en fit tout autant avec la civilisation Occidentale. Apparaît alors une unité de lieu pour les temps anciens : la Méditerranée orientale (mais comment en parler sans voir les Egyptiens, voire les Assyriens?), la Méditerranée centrale, la Méditerranée occidentale pour finir à l'Atlantique. On constatera que l'aire la plus ancienne est toujours plus petite que l'aire plus récente cela implique finalement que notre époque soit vue sous l'aspect mondial. Pour tenir compte des influences étrangères, on verra tout naturellement que l'aire des Perses et celle des Egyptiens sera prise en considération, relations internationales obligent... Finalement on remarquera que les comparaisons indiquées par les historiens précédemment cités, Toynbee, Will, Tapié et Montanelli, relèvent du champ de la présente observation, c'est pourquoi leurs déclarations seront reprises et développées. Complément à la Méthodologie (par Siegfried de Chaudun) "La devise générale de l'histoire devrait être Eadem sed aliter (les mêmes choses mais d'une autre manière)." Schopenhauer. Michel Cuvillon m'a contacté afin d'apporter un regard critique sur les différents chapitres. Il m’a été donné le plaisir de partager avec lui sa découverte, de discuter, et confronter nos points de vue à propos de l’homologie. Après avoir lu le travail remarquable de Michel Cuvillon portant sur plus de 4000 ans d’histoire, j'ai pu noter une volonté d’apporter une rationalité dans le développement historique, de faire de l'histoire un objet d'étude scientifique. Voilà ce que se proposent les homologues : permettre à des historiens puis à des politologues et enfin à des experts en géostratégie, de comprendre les lois qui lient les évènements internationaux entre eux. Cela revient, sur un plan philosophique à se poser la question de la cyclicité de l'histoire, c’est-à-dire celle des événements dans le temps. Ce domaine qui était auparavant réservé à des initiés est aujourd'hui, avec une approche rationnelle, accessible aux profanes. J'ai tout d'abord été surpris par l’approche utilisée par Michel Cuvillon, qui le démarque de beaucoup d’autres auteurs : il s’agit de fonder l’analyse sur les faits et non sur des spéculations mythologiques ou théoriques. On définit par « valeurs pôles », les sept constantes temporelles qui reviennent de façon assez habituelle au long de l’étude comparative. Toutes les valeurs pôles de répétition entre deux événements historiques se situent dans une bande de 72 ans (de 2212 à 2184). On peut tracer une courbe en cloche appelée Gaussienne, dont la valeur pôle maximale se situe à 2148 ans (voir courbe ci-dessous). Cette valeur temporelle est élastique et s'accompagne d'une approximation de +/- 80 ans surtout dans la période du Moyen Age. Schéma Homologique 5 montrant un cycle long de quantum de temps de 2150 ans. Cette approximation diffère selon les différents auteurs : Christian Turpin 1 constate la valeur de +/- 35 ans pour l'homologie entre la Rome antique et les États-unis et de +/- 25 ans pour l'homologie entre la Macédoine et la France. A long terme nous verrons que cette approximation varie suivant les nations (par leur localisation spatiale) et a pour possible cause les variations de la précession des équinoxes. En effet, une corrélation spatio-temporelle existe entre le mouvement de précession des équinoxes et l'homologie historique. A l'heure actuelle, nous connaissons précisément les variations du mouvement de précession, lequel est dû à la faible ellipticité de l’axe terrestre dont le point vernal décrit une période de 25 777 ans. L’observation nous montre une répétition chronhomologique de l'histoire des civilisations dont le quantum 7 de temps est de 2148 ans. On pourra noter que nous ne sommes pas les seuls à avoir remarqué ce quantum, notre apport est d'essayer d'appliquer une démarche rigoureuse (sans négliger des aspects de l'histoire) et scientifique en but de déterminer les lois qui sous-tendent l’homologie. On observe un mouvement cyclique, c’est-à-dire un mouvement caractérisé par une périodicité de 2148 ans et par une cyclicité, c'est-à-dire par une régularité de l’amplitude. D’après la théorie des cycles, plus généralement utilisée en économie, il existe 3 types de mouvements cycliques 6 : 1. Un mouvement alternatif d'amplitude décroissante : à partir d'une impulsion initiale, les oscillations tendent à s'amortir au cours du temps, la valeur de la variable étudiée en fonction du temps tend, en l'absence de nouvelles perturbations, vers un état stable. 2. Un mouvement alternatif d'amplitude croissante : dans la même hypothèse, les oscillations tendent à s'amplifier au cours du temps et le mouvement est explosif ; on le dit aussi divergent. 3. Un mouvement alternatif d'amplitude constante : le mouvement est entretenu. Seul ce dernier type de mouvement, qui présente la caractéristique de s'entretenir de lui-même, est rigoureusement cyclique. Encore que les mouvements observés dans la pratique aient une certaine irrégularité d'amplitude tout aussi bien que de périodicité ; cela n'exclut pas que ces mouvements soient auto-entretenus. Si, par contre, ils sont convergents, pour expliquer la continuité du mouvement observé il est nécessaire de faire l'hypothèse d'un renouvellement périodique des perturbations, de caractère exogène, qui, en quelque sorte, relance le mouvement d'oscillation suivant une causalité qui lui est extérieure. Ces perturbations peuvent avoir un caractère aléatoire, mais leur distribution dans le temps suit une loi de probabilité permettant de rendre compte de leur périodicité. Si les mouvements sont divergents, la continuité du mouvement observé pose un problème inverse : pour que ce mouvement n'ait pas un caractère explosif, il faut supposer l'existence de « valeurs-plancher » et de « valeurs-plafond » impliquant des limites à l'amplitude des oscillations. Là encore, il est à prévoir que des phénomènes exogènes interviendront pour limiter le mouvement. La décomposition statistique des mouvements amène à distinguer entre : - a) un trend, c'est-à-dire un mouvement monotonique traduisant l'existence d'une tendance qui affecte la série observée sur l'ensemble de la période considérée, la période étant entendue ici au sens du temps d'observation des données ; - b) un ou plusieurs mouvements cycliques ; - c) un résidu, de caractère inexpliqué, du moins en tant que mouvement systématique sinon en tant que mouvement aléatoire. Ces mouvements peuvent se combiner entre eux suivant un schéma additif ou un schéma multiplicatif. Dans le premier cas, ils affectent simultanément les données observées tout en restant indépendants les uns des autres. Dans le second cas, ils se renforcent mutuellement. A priori l’homologie «s’inscrit » dans ce troisième type de mouvement et il est de nature convergente. Il faut préciser à ce stade que l’amplitude ne se répète pas. Mais qu’il s’agit d’une répétition de l’enveloppe de la Gaussienne. Pourquoi y a-t-il entretien ? Cette question est posée aux mathématiciens... La recherche d'une explication de ce cycle peut jouer un rôle déterminant dans le développement de la théorie. En conclusion se trouvent quelques hypothèses de travail et perspectives, que pourront aller chercher les lecteurs plus habitués aux mathématiques et qui désirent creuser un peu plus profondément le problème. Pour développer une méthode rigoureuse et scientifique, on doit se demander si l’histoire est un savoir ? Ou une science ? Ou une science exacte ? Tout d’abord l’histoire est-elle une science ? Un tel sujet a été abordé par différents philosophes. Généralement, on dit que cette question est réductible à un jugement, c’est-à-dire à l’affirmation d'un lien entre 2 concepts : l'histoire = X, la science = Y. Une enquête sur ces concepts peut seule déterminer si le jugement est analytique (Y déductible de X) ou synthétique (Y juxtaposé à X) pour se rapporter à l’appareil conceptuel kantien. On peut poser que, tout jugement, qui ne se fonde pas sur le principe d'identité (A=A, l'histoire est l'histoire, la science est la science) est une erreur (confusion entre deux objets). Il y aura donc toujours au moins deux parties puisque X # Y n'est pas réductible à A=A et que notre sujet n’est pas une tautologie. Deux éléments indiquent que l'histoire peut prétendre au statut de science, du fait de sa méthode rigoureuse : • D’une part, la critique historique, comme critique externe qui porte sur la forme des documents, est critique interne qui porte sur l'esprit des documents. • D’autre part, elle fait appel à des connaissances fournies par les sciences auxiliaires : statistiques, radioactivité, science des blasons (Héraldique), études des inscriptions (Epigraphie), étude des écritures anciennes (Paléographie), étude des oeuvres d'art et des monuments anciens (Archéologie), etc. On peut souligner en outre que les débats entre historiens au sujet de leurs lectures et interprétations des documents sont nombreux, ce qui permet d’effectuer les réajustements nécessaires à toute rigueur. L'histoire ne peut bénéficier du succès et de la contrainte que seule la méthode expérimentale permet. On ne dispose que de la « succession d’événements » qui forment l’histoire ; donc comment savoir si l’exigence de généralité est vérifiée ? Quoi qu’il en soit, l’histoire reste un savoir dans lequel la distance entre l'événement et sa narration est importante. L'histoire est enseignée en tant que discours justifié, et à ce titre elle devrait être la même pour tous, mais c’est à condition que l’on comprenne le but de l’histoire comme ressaisissement du cours des événements, en s’abstenant de tout jugement de valeur morale. La question est donc de savoir, grâce à une enquête sur les concepts de science et d'histoire par quels points on peut les rapprocher et surtout par quels points il faut les éloigner ; l'histoire n'étant peut-être qu'un savoir et non une science. L’histoire ne s’élabore pas dans le vif de l’action. Avant de pouvoir parler d’histoire, les spécialistes les plus optimistes exigent un recul d’au moins 50 ans. Les faits, au moment où ils se produisent, ne constituent pas le matériau de l’historien. Il lui faut, pour répondre à l’exigence d’impartialité, réunir et confronter des documents de sources diverses (non seulement les interprétations et témoignages des contemporains, mais aussi toutes sortes de documents administratifs, statistiques, etc.) Ce délai semble indispensable. L'enjeu, l'importance de la question du rapport entre histoire et science, vient de ce que, de la réponse donnée dépendra notre manière d'utiliser l'histoire : ou bien comme un savoir qui permettrait de mieux voir le présent, ou bien comme un récit exact qui permettrait de prévoir, dans le cas où l'histoire serait une science. C’est dans cet esprit que naît la notion d’homologie historique. L’histoire en tant qu’étude homologique est-elle une science exacte ? Une science mérite le qualificatif d’exacte lorsqu’elle respecte certains principes. Il existe cinq principes qui ne peuvent en aucun cas être mis en défaut : la loi de dualité (ou de symétrie), la loi de causalité, la loi de séparabilité, la loi de généralité, la loi de conservation de l'énergie. La loi de dualité stipule que si un événement existe, son opposé existe également. L'homologie respecte cette loi et prend pour point de départ l'observation d'acteurs alliés ou en conflits et qui vont définir un événement historique. La loi de causalité est respectée : la cause précède l'effet. L'homologie pose une analogie entre une nation du passé et son destin dans le futur séparé de 2148 ans +/- 80 ans. D’un point de vue mathématique, l'homologie ne s'oppose pas à un retour dans le passé, mais à la condition d'introduire la notion de « trajectoire de temps » et de « transformation du temps » qui peut faire varier l'histoire suivant les modifications faites dans le passé. Si tel est le cas, les modifications faites par le passé sont déjà inscrites dans notre histoire. Il n’y a pas de paradoxes temporels. La loi de séparabilité est respectée : tout sujet a son objet et tout objet a son sujet. Le champ d'étude des homologues est l'histoire des nations sous l'aspect rationnel et déterministe, champ dans lequel se distribuent des jeux de forces. La loi de généralité peut se vérifier dans le cas de percées scientifiques et technologiques à venir dans un futur possible : à conditions égales, une même cause générera un même effet. Pour ce chapitre, nous nous limiterons à ce point (à l’exception d’un bref aspect philosophique), car cela introduirait un « paramètre dynamique » que l'homologie a repéré, mais qui n’a pas encore été totalement intégré (par exemple les aspects sociologiques et la notion de complexité d'une nation, etc.). L'homologie historique ne traite actuellement que les cas « d'événements stationnaires ». La loi de conservation de l'énergie se vérifie : cette loi stipule que la nature suit la trajectoire qui minimise son énergie. Les civilisations, empires et nations ont plusieurs destins potentiels, les paramètres physiques et de filiation culturelle imposent une et une seule réalité historique qui est la trajectoire maximale de notre humanité, et que nous appelons histoire. L'honnêteté scientifique impose un respect absolu de ces lois, et nous éprouvons beaucoup d’humilité face à une telle (re)découverte. L'homologie historique est loin d'être terminée, la méthode utilisée n'est qu'une hypothèse de travail que chacun est libre d'appliquer et de compléter. Par sa méthode rigoureuse, la science est capable de prévoir. Étant donné les conditions initiales (position et vitesse) d’un jet de pierre, et sa trajectoire parabolique, il est possible pour un physicien de dire avec exactitude où la pierre va tomber. Et l’homologie ? A l’heure actuelle, Christian Turpin (avec sa «théorie de l’Evénémentialité ») s’y essaye, et sur des points très délicats (comme les élections présidentielles, les actions politiques de telle nation), avec plus ou moins de succès. Au stade actuel de l’homologie, nous ne saurions nous avancer à ce point, car nous ne nous sommes intéressés qu’aux grands phénomènes connus et établis. Nous ne faisons pas de prédiction donc, mais tentons d’établir une idée précise d’un futur potentiel. Je citerai l’écrivain et philosophe Paul Valéry : « L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir ». A-t-on une approche mythologique ? Au cours de l'histoire, philosophes, scientifiques et historiens se sont plongés dans ce qu'on peut appeler le champ homologique de l'histoire. S'interrogant sur une possible algèbre cosmique, ils prenaient conscience que toutes leurs actions étaient mêlés d'un déterminisme certain. Depuis les Chaldéens (en – 4000) à nos jours, on retrouve la question de savoir si nous sommes libres ou mus par des forces qui nous dépassent. A Babylone la science, la religion, la divination n'étaient pas dissociables. Les Babyloniens s'interrogeaient sur l'arithmétique du ciel, et compilaient leurs observations sur des tablettes. Encore aujourd'hui, certaines observations mésopotamiennes nous semblent obscures, à l'image de la constante de Ninive. Grâce à des découvertes archéologiques récentes, nous savons qu'ils établissaient un découpage duodécimal de la sphère céleste. De même, les Égyptiens avaient une connaissance profonde du ciel. On s'interroge encore aujourd'hui sur le zodiaque 2 de Dendérah, formant le plafond du temple dédié à la déesse Hathor. La voûte céleste (Nout) y est représentée par un disque soutenu par quatre femmes aidées par des génies à tête de faucon. Sur son pourtour, les égyptologues nous apprennent qu'on trouve 36 génies symbolisant les 360 jours de l'année égyptienne, et au centre se trouve les constellations formant les 12 signes du zodiaque. Ce découpage symbolique se retrouve dans les mythes de diverses traditions, qui ont migrés de la Chine au monde Grec (voir à ce sujet les travaux de Jean-Charles Pichon, ou encore certaines communications du GLECS 3 ). L'approche de l'auteur ne se réclame pas de la mythologie 4 , mais se veut uniquement historique. La méthode Préambule : Si l’homologie est évidente, on peut se demander pourquoi aucun historien ne s'est rendu compte de cette mise en corrélation à 2150 ans d'écart ? En réalité, beaucoup d'historiens ont établi des comparaisons, et clairement perçu diverses analogies. Au chapitre premier introductif, Michel Cuvillon cite quelques historiens de renom, comme Indro Montanelli ou Tocqueville, qui signalent des ressemblances entre la Rome antique et les États-unis d’Amérique. D’un autre coté, Édouard Will, Mossé, Goukowski relèvent des similitudes entre la Grèce antique du V siècle jusqu’à la période Hellénistique avec notre époque, Européenne et Atlantiste ; mais aussi entre Alexandre le Grand et Napoléon Bonaparte. Toynbee compare la culture gréco-romaine avec le monde occidental, etc. On peut remarquer à notre époque des comportements individualistes, atomistes et instrumentalistes, qui sont comparables à la crise d’identité qui toucha les États hellénistiques du II siècle av. J.-C. On peut citer de même les nombreuses analogies qui figurent dans des mémoires d’universitaires pour se convaincre des divers rapprochements. Démarche : La méthode présentée ici n'est pas figée, elle s'efforce de respecter les lois citées plus haut, tout en élargissant le champ de pensée, et en restant dans une perspective rationnelle et objective. Puis on recentre sur le sujet de l’étude par focalisation. Le champ d'étude est l'histoire des nations. La chronologie est définie du passé vers le présent. On procède par comparaisons successives. Deux nations sont comparées sur chaque aspect de leur histoire. Dans un premier temps, nous avons procédé en élargissant progressivement à partir de la culture gréco-latine propre au bassin méditerranéen et en s’y cantonnant. Notre démarche chronologique nous a amené à regarder de près notre époque, celle de Napoléon III, puis celle de Napoléon I et celle de Louis XIV. Nous avons conservé cette optique rétrograde jusqu’au Moyen-âge, pour revenir aux grandes invasions (chapitre XVIII) afin de reboucler. Cette approche rétrograde nous a semblé adaptée pour les lecteurs, afin de faciliter la lecture des divers chapitres. Elle permet de ne jamais dévier de notre objectif, qui consiste à vérifier ce pas chronhomologique et à établir la parfaite cohérence entre les civilisations, empires et nations. Les connaissances de l’antiquité profonde sont plus délicates car elles nécessitent beaucoup plus de connaissances. Au chapitre XIX on évoque les Hittites, puisque par leurs échanges commerciaux, ils s’inscrivent dans les limites du bassin gréco-latin. Qu'est-ce qu'une homologie ? L'origine de ce terme remonte aux mathématiciens grecs qui employaient le terme d'analogie. Son usage premier, en mathématique pythagoricienne, ne présageait aucun glissement : elle définie une identité de proportions, de rapports mathématiques ramenant des termes inégaux proportionnellement comparés à une identité de rapport (si a est à b ce que c est à d, alors a/b = c/d). Ainsi, deux objets, dont certaines dimensions homologues sont dans le même rapport, peuvent être dits, en vertu de cette définition, analogues. Le fait que les grandeurs comparées doivent être homologues n'est pas sans importance. L'idée d'homologie impose que l'on ne mette en correspondance, par leurs dimensions, seulement des parties qui jouent, dans les objets auxquels elles appartiennent, des rôles équivalents. Par exemple, un rectangle et un triangle ne peuvent pas être dits analogues, même si le rapport de certaines de leurs dimensions prises deux à deux sont identiques. En revanche, deux rectangles dont le rapport longueur/largeur est le même sont analogues, dans le cadre de cette première définition de l'analogie. On dit même dans ce cas, étendu à chaque type de figure géométrique, que les figures considérées sont semblables. Cette capacité à produire l'unité au travers de la pluralité en inscrivant des éléments isolés dans une continuité logique explique son extension aux autres champs de connaissance. Limitée d'abord à cette définition mathématique, la signification du concept d'analogie a évolué au cours du temps, dans le sens d'un assouplissement vis-à-vis des contraintes géométriques et métriques initiales. Mais le contenu sous-jacent, exprimé par les mots qu'on a dû employer ici pour préciser la première définition (homologue, équivalent, semblable), a subsisté. On y retrouve essentiellement l'idée de ressemblance, qui implique elle-même l'existence à la fois de points communs et de différences. En histoire, la clef de voûte de l’analogie est la notion d'homologie. On prendra pour définition que deux nations sont homologues ou qu'elles établissent une relation homologique s’il existe une équivalence partielle basée sur une identité de proportions, de rapports. L'idée d'homologie repose ainsi sur la mise en correspondance de parties jouant des rôles équivalents, et ce dans les champs auxquels ils appartiennent. Que dit l'homologie ? Que l'ont retrouve des schémas d'interactions de forces similaires à un intervalle de temps régulier, s'appliquant à des civilisations différentes occupant des lieux géographiques distincts. Corollaire : Cela implique en premier lieu que les événements dans le temps sont susceptibles de connaître des cycles. On procède par comparaisons successives, dans un premier temps avec une approche empirique. Deux nations vont être comparées sur chaque aspect de leur histoire. On constate une homologie entre certaines Civilisations, entre certains Empires, entre certains personnages historiques. De tels cycles ne sont pas des répétitions : deux séries d'événements historiques en relation d'homologie ne sont pas rigoureusement les mêmes. Par exemple, une guerre passée ne présage pas inévitablement une autre guerre, mais seulement des tensions qui peuvent être résolues par d'autres voies. Pourtant, cela signifie bien que l'originalité dans les faits historiques n'est pas absolue. Les personnages historiques, comme Louis XIV et Périclès, ne servent que comme référentiels. Certains personnages historiques sont intimement liés à l’histoire de leur nation, par conséquent l’étude homologique sur une nation nous fait graviter autour de ce personnage historique. Précisons qu’il n’y a, en aucun cas, répétition stricto sensu entre divers figures de l’histoire. La recherche d’homologie historique entre des individus n’est pas une méthode fiable, si l’on peut constater l’existence de telles homologies, elles ne sont pas suffisamment fortes pour servir de guide à l’enquête. Remarque : L'homologie ne s'applique peut-être pas à tous les cas (chaque peuple, à toutes les époques, sur la totalité du globe). Rien ne justifie une généralisation théorique, et les recherches approfondies restent à mener. Il se peut qu’une valeur limitée de nations suive ce schéma homologique, ce que confirme notre intuition. Remarque : L’homologie n'est pas un éternel retour, ce point est développé par Michel Cuvillon dans sa conclusion au chapitre XXVI. Question : Une nation qui a un homologue pour une période a-t-elle toujours un homologue ? Premièrement, on constate l’homologie entre Athènes et la France aristocratique, puis entre la Macédoine et la France post-aristocratique. Ou encore entre la Séleucie et l’Allemagne, homologie qui semble fonctionner jusqu’à la deuxième guerre mondiale, avec notamment Hitler étant l’homologue d’Antiochos III, puis, il semble que l’Allemagne soit l’homologue de l’Achaïe (ce qui reste encore à démontrer) ( ?). Ce phénomène se manifeste par des « sauts homologiques ». Deuxièmement, l’homologie entre la Macédoine et la France succédant à celle de la France et d’Athènes met en évidence un saut qui préserve une continuité. Et troisièmement, rien n’interdit qu’une nation soit homologue d’elle-même. A première vue, nous n’avons pas de raisons suffisantes pour infirmer cette idée. Question : Comment établit-on une homologie entre des nations qui sont à la fois alliées et ennemies ? En décomposant les divers champs dans lequel ils s'affrontent, ou s'allient. On peut citer l’exemple de la guerre qui fut évitée entre les États-Unis et l’URSS, et qui resta à l’état de guerre froide. On regarde le contexte ! Dans ce cas bien précis, il apparaît un univers coupé en deux, l’un mené par les États-Unis et l’autre par l’URSS. Au départ, ces deux puissances sont neutres, il n’y a pas d’alliances, mais chacun est dans son univers. Quand ils se rencontrent sur le même terrain (en Europe, en Asie), ils interviennent et s’opposent. Le problème réside dans leur impérialisme. Impérialismes impliqués par deux systèmes complets qui s’opposent dans une volonté d’hégémonie ; chaque État du monde devait choisir son camp. Dans cette mécanique, Cuba choisit l’URSS. Cette guerre froide faillit éclater en guerre chaude sur la question de l’occupation de Cuba. L’homologie montre une analogie avec la Sicile occupé par les carthaginois, lesquels sont priés de partir. Quels sont les phénomènes étudiés ? Des phénomènes majeurs (guerres, grandes crises, etc.) ont étés préférentiellement étudiés (les informations ont été prises auprès d’universitaires à la pointe comme Édouard Will) pour établir des comparaisons. Les grands phénomènes historiques nous guident, on ne développe surtout pas d’idées personnelles de l’histoire ! Ces grands phénomènes définissent des états stationnaires, mais leur cause est une donnée dynamique. Comme « paramètre dynamique », on peut citer les oppositions entre écoles de pensée philosophiques, économiques, scientifiques, les études démographiques, la question du statut des femmes, etc. Par exemple, dans le cas de la guerre froide, l’opposition entre les idéologies capitalistes et communistes est à la racine du conflit. Un maximum de données est nécessaire pour mener une étude homologique rigoureuse. Notre démarche première est empirique, mais au fur et à mesure de l’étude, elle reconnaît des tendances, des ressemblances, elle intègre les paramètres dynamiques adéquats aux situations. Petit à petit, elle s’arme de rigueur, et cela guidé par l’idée qu’il s’agit de vérifier un phénomène vrai et de définir ce qu’il a de vrai. Cette méthode nous expose au reproche d’aller chercher partout des exemples. Pourtant, on ne fait que relier des événements, et on réduit le champ d’analyse afin de mieux cibler l’homologie possible. L’idée de se limiter à la civilisation gréco-latine se situe dans cette optique. L’image est celle d’un « effet de loupe » (image reprise dans la conclusion). On utilise une loupe avec possibilité de focalisation pour cerner une époque, puis on utilise les commandes réglables afin de réaliser un effet de zoom, puis une dichotomie locale, ce qui nous permet de trancher pour telle ou telle homologie. Pour les Mathématiciens qui désirent s’attaquer à l’homologie après avoir lu les différents chapitres : 1. Dans une étude parallèle, je mets en évidence l’existence d’autres cycles l’un dans l’autre qui se superposent suivant une progression en battements d’ondes. Ces cycles sont soumis aussi à des lois qui restent encore à déterminer. 2. Espace et Temps étant indissociables, existe-t-il une corrélation spatiale qui se répéterait à 2150 ans près ? Pour reprendre la remarque 5, plusieurs approches nous sont possibles dont une qui retient mon attention via la notion « d’indice fractal » évoqué par M. Cosandey dans son « introduction à la thalassographie articulée ». David Cosandey constate un même « indice fractal » entre la Grèce et l’Europe par exemple tout en signalant l’analogie historique entre la Grèce et L’Europe ; de quoi donc alimenter cette homologie à 2150 ans près. Questions sur la nature physique de la cyclicité : Est-ce que l'existence d'une cyclicité d'événements implique une cyclicité du temps ? Pas une circularité en tout cas. Aucune histoire présente n’est strictement identique à l’histoire passée. Est-ce que le modèle de la spirale conviendrait mieux ? Une « algèbre homologique » pourrait être recherchée par des mathématiciens intéressés par ce sujet. L’expansion du temps mis en évidence par l’astrophysicien Johan Masreliez est-il un facteur nécessaire ? 3. D’un point de vue physique, et en admettant que l’homologie est le résultat d’une action physique « non encore établie ni soupçonnée », l’homologie a mis en évidence deux dimensions du temps. L’une étant le sens du temps, que l’on appelle généralement la causalité, et une dimension cyclique du temps qui implique que le temps a une fréquence, et par là qu’il est énergie. Mes réflexions me font penser qu’il existerait une troisième dimension au temps, qui serait la vitesse de transformation du temps8. On constate que certains événements qui auraient dû se produire dans 60 ans si on suit la logique d’une répétition parfaite (ce qui n’est pas le cas), commencent à se dérouler sous nos yeux. On a pu également constater, et ce grâce à la technologie, que beaucoup d’évènements se sont déroulés en ce siècle (la densité d’informations est beaucoup plus importante en un laps plus court de temps; ce laps est un siècle pour certains et pour d’autres historiens le 20ème siècle aurait débuté en 1914 raccourcissant par là le laps de temps de ce siècle). Il apparaît donc une accélération d’un paquet d’informations. Pour le traiter, on peut considérer le temps comme une onde, où à chaque point de la courbe peut se définir une tangente, définissant par là une vitesse. Serait-il possible de déterminer une «Algèbre Homologique » adéquate via un espace fibré, en introduisant des variétés topologiques différentiables, et muni de relations d’équivalence ? Siegfried de Chaudun. Retour à l'acceuil Notes 1 : Turpin C. fut le premier, il y a une trentaine d'années, à proposer une méthode rationnelle dans le cadre de l'Homologie, qu'il baptisa Théorie de l'Evènementialité. Il a crée pour ceux que cela intéresse un centre d'étude évenementielle/Homologique « CNRD » et montre que la théorie de l'Evènementialité (ou de l'Homologie Historique) peut avoir comme application un champ très vaste incluant la politique. 2 : Zodiaque = mot grec zodiakos [kyklos], signifiant "cercle de petits animaux". Le zodiaque est le nom de la zone dans les cieux autour de l'écliptique où sont observés les déplacements du Soleil ainsi que des planètes . La trajectoire du Soleil sur la voûte céleste est l' écliptique. Les planètes et la Lune s'en écartent plus ou moins, et l'on retient comme limite conventionnelle du zodiaque une bande de huit degrés d'arc de part et d'autre de l'écliptique. Le zodiaque est traditionnellement divisé en douze constellations correspondant à douze signes. En fait, l'écliptique traverse treize constellations dans le ciel, mais l'une d'entre elles, Ophiuchus (ou Serpentaire), ne fait pas partie du Zodiaque traditionnel. Les constellations présentes dans le zodiaque sont : le Bélier, le Taureau, les Gémeaux , le Cancer (ou Scarabée), le Lion, la Vierge, la Balance , le Scorpion, Ophiuchus (ou Serpentaire), le Sagittaire , le Capricorne, le Verseau et les Poissons. 3 : GLECS = Groupe Linguistique d'Etudes Chamito-sémitiques. Aussi haut qu’on remonte dans le temps, les langues chamito-sémitiques sont les langues à racines apparentes, de la bordure méridionale et orientale de la Méditerranée (berbère, egyptien, branche couchitique, akkadien, ougaritique, cananéen, moabite, araméen, hébreu, syriaque, arabe, sudarabique, tigré, amharique, gafat, argobba, harari, gouragué, haoussa). 4 : Les vérifications astronomiques ont montré que les mythes zodiacaux se succédaient dans le sens précessionnel, rétrograde par rapport au sens du passage du soleil sur ces signes de l'année, le point vernal suit une cyclicité d'approximativement 25 777 années actuellement. Le point vernal parcourant 1° tous les 71,6 ans. Les mythologues ont montré que nos grandes religions coïncidaient avec les signes du zodiaque, ainsi la religion sumérienne et égyptienne est associé au Taureau suivi du Judaïsme associé au Bélier suivi du Christianisme associé au Poisson. Actuellement nous sommes à environ 7° de la constellation du Verseau. Nous sommes donc dans une phase de transition. 5 La courbe n’est que partielle, elle est en construction. Elle fut mise en évidence par C. Turpin et par nous-mêmes pourtant avec deux méthodes différentes. 6 d’après Encyclopædia Universalis 2005 7 Kepler proposa la valeur de 2136 ans, les Egyptiens ainsi que Platon celle de 2160 ans, Nostradamus celle de 2170 ans, etc. Tous ont eu raison. 8 L’idée d’introduire dans un modèle théorique trois dimensions de temps n’est pas nouvelle. En physique, cette hypothèse de travail a déjà été explorée par le physicien russe Kozyrev.



Chapitre III : La découverte de quelques grandes homologies

19mai2012


Pour mettre le lecteur sur la piste des homologies, quelques bornes homologiques permettent de tracer un premier chemin ; il s'agit ici d'une opération de débroussaillage ; il faut donc la prendre pour ce qu'elle est. Ce débroussaillage permet cependant de découvrir de nouveaux horizons historiques qui se répondent. Tous les points développés ci-dessous seront développés ultérieurement. Les habitués de l'Histoire ne seront étonnés que par le couplage d'événements annoncés comme étant homologues, mais comme l'évidence est à la base de l'homologie, ils ne seront pas si étonnés du couplage proposé... Certains seront agacés, d'autres découvriront une boussole un peu spéciale. Les différents points présentés semblent quasiment indépendants les uns des autres ; on verra qu'il n'en est rien car l'Histoire ressemble à ce jeu où l'on empile des allumettes sur le goulot d'une bouteille : toutes les allumettes indépendantes au départ ne font plus qu'une seule et même grappe... Le tableau ne récapitule ni l'ensemble des arguments développés autour des homologies ni l'ensemble des séries homologiques qu'il est impossible de fournir car ce projet nécessiterait plusieurs ouvrages. Ici, il s'agit de faire découvrir la chronhomologie on plongeant dedans et en montrant d'un seul coup que « tout se tient » comme dans le jeu des allumettes. Donc, tout se tient et c'est le tout qui cohére la partie : une homologie isolée n'a pas de sens puisque sa pertinence n'est recevable que si les éléments qui en découlent sont aussi homologiques. Les commentaires sont esquissés et n'ont que la valeur de simples pense-bêtes... Peu de dates ici mais il en faut bien quelques unes pour signaler au passage que les critères imposés sont respectés. Enfin, par qui ou par quoi fallait-il commencer cette première approche ? Si le bon sens interdit de donner un début à un cercle, il n'en est pas de même pour le cycle qui, lui, passe par des points morts et des temps forts. Le choix s'est ici fixé sur l'événement majeur des « grandes migrations » encore appelées les « grandes invasions » ; elles sont l'une et l'autre à l'origine de la mutation de deux civilisations, l'une donnera la civilisation gréco-romaine, l'autre la civilisation euro-américaine ou civilisation continentale. Le tableau qui suit prend le déroulement de l'histoire générale dans le bon sens chronologique même si par la suite tous les chapitres sont inversés comme il a été dit précédemment. La logique chronologique et le bon sens sont donc respectés ; ce tableau sera d'ailleurs repris et enrichi à la fin de l'ouvrage. APRÈS JÉSUS - CHRIST AVANT JÉSUS - CHRIST 1 GRANDES INVASIONS, GRANDES MIGRATIONS Elles détruisent les cultures dominantes et les grands états, elles permettent un renouvellement des coutumes et une modification des peuplements. Elles permettent, également et surtout, le démarrage d'une nouvelle culture en « portant » des systèmes novateurs. Les Germains marchent sur les traces des Achéens. (Si notre époque est bien homologue de celle de Rome, on assisterait alors en ce moment au début d'un cycle repérable aux grandes migrations qui ne feraient que recommencer le phénomène parfaitement répertorié...) LES GERMAINS Le plus gros des invasions intervient surtout autour de l'an 400, cet énorme phénomène affecte toute l'Europe. Destruction du monde romain. - les Carolingiens 2100 LES ACHÉENS Le plus gros des invasions se manifeste vers -1700 sur le territoire où se développera la civilisation grecque. Destruction de la civilisation des Cyclades et du monde Crétois. - les Mycéniens 2 INSTALLATION D'UN SYSTÈME FEODAL La civilisation ancienne se décompose lentement et donne naissance à une civilisation en repli où le merveilleux est présent. La Grèce et, plus tard, l'Europe vivent des temps obscurs au sortir desquels naîtront les cités grecques d'un côté et les pays d'Europe de l'autre, naissent aussi les différents parlers « nationaux ». Les récits seront mis en valeur par l'aède durant les temps antiques mais aussi par ses homologues, nos trouvères et troubadours. Au mythe du héros grec et des demi-dieux répondent la légende des saints et les aventures du chevalier européen... Ce sera le temps des épopées guerrières sur fonds religieux : c'est l'épopée de l'Iliade et de l'Odyssée pour la partie la plus ancienne mais qu'on retrouve dans l'élan de Charlemagne et des Croisades ... 3 UNE AVENTURE COLLECTIVE Cette aventure collective douloureuse est fondatrice,elle prend la forme d'un voyage aux confins du monde. L'homologie des événements est patente mais il faut signaler une durée de 2283 ans qui se situe en dehors de l'écart acceptable de quelques 70 ans. Il n'empêche que les Saints répondent aux Héros, que les trouvères et troubadours rappellent les aèdes et les rhapsodes. Dans cet univers, il faut aller délivrer... Les événements sont guerriers et baignent dans le religieux ; il est évident que le merveilleux des Grecs rappelle celui des Croisés. LA 1ÈRE CROISADE 1100 2283 ILIADE 1183 4 GRANDS PIRATES ET GRANDS RAIDS Raids Vikings, Hongrois et Sarrasins. Certains finissent par s'installer. La crise se situe vers l'an 850/900. Les Normands fondent l'Angleterre, 1066. 2100 2160 Raids Doriens et des Peuples de la mer. Ils s'installent. La crise se situe vers 1220/ 1200. Les Doriens fondent Sparte vers -c.1100. 5 LES RENAISSANCES La Renaissance italienne à l'origine du mouvement européen est nettement perçue dès 1450 2060 La Renaissance saïte inspire les Grecs Vers 610 6 PREMIÈRE COLONISATION Le monde occidental colonise le reste de la planète à partir de 1410, conquête des Açores 2200 2150 Le monde grec colonise les rives de la Méditerranée à partir de 700 7 D'IMMENSES EMPIRES SE CONSTITUENT : LEUR RAPIDE APPARITION Espagne : Isabelle, Charles Quint et Philippe II ; ce dernier se trouve face à la révolte des Pays-Bas vers 1572 2071 Perse : Cyrus, Darius Xerxès. Le Grand Roi perse se trouve face à la révolte des cités ioniennes vers 499 8 LES GUERRES RELIGIEUSES La première Guerre Religieuse commence vers 1560 2150 La première Guerre Sacrée qui affecte le monde grec est datée de 590 9 LES SIÈCLES D'OR Le siècle de Louis XIV Vers 1680 L'Europe ne regarde que La France Un certain classicisme 2130 Le siècle de Périclès Vers 450 Athènes est le phare du monde antique. Un certain classicisme 10 FONDATION DE LA SUPERPUISSANCE LES ETATS-UNIS Le principe de fonctionnement du futur Etat est défini par les pèlerins du Mayflower 1620. Expansion rapide du territoire jusqu'à la primauté. 2130 ROME L'état se constitue en République en 510. Expansion rapide du territoire jusqu'à la primauté. 11 LES EMPEREURS MÉTÉORES A quelque 2100 ans d'écart, les deux grands personnages qui bouleversent la géopolitique de leur époque sont nettement homologues. Leur destin est unique dans leur civilisation, deux curieux, deux conquérants, deux esprits qui annoncent la modernité, deux « matamores » pour les systèmes qui auront fait plier leur monde : fin de l'empire perse d'un côté et fin de l'empire Romain Germanique et espagnol de l'autre. Le monde politique auquel appartiennent ces deux météores arrive à son apogée après un remodelage issue de leur disparition. NAPOLEON VERS 1800 2130 ALEXANDRE LE GRAND VERS 330 12 DERNIÈRE GUERRE DE L'ANCIEN MONDE DANS LE NOUVEAU Au Mexique en 1867 Napoléon III fait entrer la dernière armée européenne en Amérique. 2137 En Italie vers 270, le Grec Pyrrhus est le dernier Grec à venir guerroyer près de Rome 13 1ÈRE INTERVENTION DU NOUVEAU MONDE DANS L'ANCIEN Les Grecs avaient dominé, ils seront dominés par les Romains qui viendront imposer leur paix ; les Européens ont dominé en Amérique, les Américains imposeront leur paix... C'est la première intervention des Etats-Unis en Europe : 1917, lors de la première Guerre Mondiale. 2120 C'est la première intervention de Rome en Grèce : vers 205 première Guerre de Macédoine. 14 DELENDA CARTHAGO Destruction de l' Union Soviétique 1990 ; - Sur du temps long, le destin des Etats-Unis reproduit celui de Rome. 2136 Destruction de Carthage en -146 - Sur du temps long, le destin de la Russie reproduit celui de Carthage. 15 LE SPORT DANS LES STADES Premières compétitions sportives ont lieu en Angleterre en 1834 2098 Le 1er combat de gladiateurs se déroule à Rome en 264 Toutes ces homologies seront étudiées un peu plus loin. Un seul exemple se situe en dehors de la durée admissible pour l'Iliade et la première croisade ; l'écart est supérieur de 70-80 ans à la durée admissible alors que la datation retenue pour l'Iliade est la plus favorable. Si l'on veut bien admettre la pertinence de la comparaison entre ces deux époques, il faudra admettre également que la durée de la période homologique oscille selon la phase concernée... Un autre cas basé sur la mise en homologie des deux Moyen Age est établi sans chronologie. Le tableau montre que le phénomène qui est décrit concerne du temps long puisque la comparaison s'étend sur plus de 4000 ans. On remarquera qu'à chaque fois les deux éléments de la comparaison appartiennent bien à deux bassins géographiques différents et que le plus récent est toujours plus grand que le plus ancien.



Chapitre IV : Notre époque

19mai2012


APOGEE DU MONDE GREC ET DE L'EUROPE Entre -336 et -146, entre 1800 et 1990 NOTRE EPOQUE 1800-1990 L'ANTIQUITÉ ENTRE -336 ET -146 Chez les Grecs début : - 336 fin : - 146 La Période Hellénistique En Europe début : - 1800 fin : - 1945 Notre époque Préparation au pentathlon Ski...en soufflerie Les deux tableaux introductifs situent le le monde grec et le monde européen où apparaîtront les homologies de ce chapitre ; d'un côté la Grèce antique durant la période hellénistique, de l'autre l'Europe triomphante ; le tout dans les limites chronologiques indiquées. Les homologues mis en scène sont bien à leur apogée. (Qui oserait encore affirmer que l'Europe est encore à son apogée?)... Pour la zone grecque d'influence hellénistique, la date de -336 correspond à une cassure politique puisqu'à cette date, Alexandre le Grand prend le contrôle des anciennes Cités dont le système politique est remis en question sauf à Sparte. Cela équivaut pour l'Europe à la mise en cause globale du monde monarchique par la Révolution française, soit 1789, mais le coup d'Etat du 18 Brumaire An VIII (9 novembre 1799) pourrait aussi bien convenir. Pour des raisons évidentes de simplicité du repérage chronologique, la date de 1800 est retenue ici. Des deux côtés des homologues, on voit apparaître des marqueurs dont l'importance historique n'est guère contestée : Alexandre et Napoléon, dont un chapitre entier présentera l'homologie, je ne les présenterai donc que brièvement maintenant. L'année -146 date la chute finale de Carthage qui est la grande ennemie de Rome ; cette ennemie étant disparue, Rome a les mains libres pour mettre les Grecs au pas et peut intervenir aussi bien pour leur faire la guerre que pour les aider... L'homologue de Carthage étant l'URSS, on voit bien que depuis la chute de l'URSS en 1990/91, l'impérialisme des Etats-Unis se déploie tout naturellement comme le lanceur de marteau qui a pris trop de vitesse et qui sort de la zone autorisée, emporté par l'énergie qu'il ne maîtrise plus. Place à l'EUROPE et au MONDE HELLENISTIQUE qui sont les deux grands homologues de ce chapitre... Notre monde européen et le monde hellénistique Après l'aventure d'Alexandre le Grand qui bouleverse le bassin oriental méditerranéen jusqu'aux confins de l'Inde entre -334 et -323, le monde grec impose sa culture à l'ensemble du bassin méditerranéen ; le rayonnement est si puissant que le monde romain s'en imprègnera profondément. Les historiens appellent cette période « la Période Hellénistique », celle-ci se prolonge jusqu'à la relève romaine. La plupart des historiens limitent cette période de supériorité grecque entre -336 et l'année -146 qui date la fin de Carthage, soit encore deux siècles ; après, ce sera la domination romaine jusqu'à la chute de son empire. Cet apogée grec est sans conteste homologue de l'apogée de l'Europe depuis Napoléon et la Révolution de 1789. Ne vit-on pas, à partir de l'Europe vers1800, le même essaimage culturel et la même supériorité du monde Occidental sur le reste de la planète que celui qui fut constaté durant la période hellénistique ? On voyait alors les navires grecs sur toute la périphérie méditerranéenne. Ce dynamisme envahisseur est également celui de notre époque qui se caractérise par le règne sans partage de la pensée occidentale et personne ne conteste la domination de notre culture occidentale quoique des fractures semblent indiquer des signes de crise qui viennent des pays musulmans et des Etats-Unis, ces derniers modifient complètement leur « comportement social » depuis le 11 septembre 2002... Ne voit-on pas les Etats-Unis outrageusement impérieux depuis la chute du mur de Berlin qui équivaut à la chute de Carthage ? Existe-t-il un contemporain européen qui ne ressente pas jusqu'au malaise la déchirure de la mondialisation ? C'est que celle-ci annonce une autre partie, une autre distribution des pouvoirs où nous pourrions être absents. Une telle redistribution ne se voit qu'à de rares moments, quand la page se tourne... Pour éclairer cette forte homologie entre notre Europe ou notre monde occidental et la période hellénistique, il convient de passer en revue les points communs ; on profitera ici de la conclusion d'Edouard Will car personne ne met en doute la qualité de son travail et la pertinence du propos...

L'actualité nous rappelle quotidiennement le déséquilibre planétaire intervenu avec la disparition de l'Union Soviétique mais il en fut de même après la disparition de Carthage en 146 avant J.-C. A cette époque, on vit Rome récupérer les territoires sous influence carthaginoise, le vide fut vite comblé, et n'est-il pas comblé en Irak qui était sous influence soviétique ? Comme il le fut peu auparavant en Afghanistan ? Il suffira bientôt que les Etats-Unis disent « je veux » ... Le géant restera-t-il bonace ?

Déjà, les vélites polonais, japonais et espagnols se sont mis en place, arrachant de l'Europe le peu de force et de volonté qui puisse compenser ce déséquilibre apparu en 1990 avec la disparition de la Carthage moderne... A chacun maintenant de se plonger dans l'histoire de l'Antiquité pour étudier le comportement des Romains ; il est peu probable qu'un Bush à venir ait la force morale nécessaire pour s'extraire du modèle issu de la gravitation romaine : c'est le règne du plus fort, du plus puissant qui imposera sa Pax-América ! Peu de place sera consacrée, dans ce chapitre, aux Etats-Unis et aux guerres européennes qui seront traitées à part.

1 - aperçu des mondes homologues

1.1 - L'Europe

Entre 1804 et 1944, l'Europe, en pleine expansion industrielle, entreprend et réussit la conquête du monde. Des milliers d'Européens, en quête de nouveaux espaces, vont parcourir les mers et les océans, ils migreront aussi à travers les steppes de la Russie asiatique ou à travers les plaines vers le « Far West ». Ils seront tous à la recherche de nouveaux Eldorado. Les trois grandes puissances européennes participeront militairement à cette colonisation qui prendra des allures de courses au trésor ; elles finiront par se partager l'Afrique et l'Asie du Sud Est comme on se partage un gâteau, les plus gros morceaux allant aux plus gros appétits.

Partout on s'habillera à l'européenne ; qui ne le fera pas, passera pour «un demeuré » voire pour «un sous développé ». Les missions humanitaires occidentales panseront les plaies d'un monde conquis qui se voudra «blanc » et en attrapera toutes les maladies. Preuve de la suprématie de l'Europe, toutes ses vieilles langues, (Espagnol, Anglais, Français, Allemand), inonderont tous les supports de communication ; les mœurs se relâcheront ; les centres de profit seront européens. L'Amérique n'échappera pas elle-même à cette attraction qu'elle nuancera en y ajoutant la démesure ; la médecine et l'hygiène seront marchandisées ; l'époque sera perlée de longs conflits meurtriers.

Partout l'Europe est présente, étalant sa puissance, sur terre, sur mer et dans les airs ; et malheur à ceux qui veulent lui résister : un simple avertissement suffit, au pire un corps expéditionnaire ou une canonnière suffit aux grandes nations européennes pour se faire entendre de ceux qui ne sont pas de culture européenne. Tel fut le XIXe siècle où l'Europe brisa l'Asie et l'Afrique! Mais la guerre 14/18 fut le drame. Les Etats européens retournaient leurs puissances guerrières vers eux-mêmes et il fallut l'intervention de la puissance américaine pour cesser l'hémorragie mortelle ; cette intervention signifie clairement que l'Europe est devenue incapable de régler seule ses propres problèmes. Elle est victime du parfait équilibre qui s'est établi entre les antagonistes regroupés dans des alliances mondiales. Il faut alors un intervenant extérieur de poids pour déterminer le clan des vainqueurs.

Ce qui aurait dû sonner l'alarme ne fut pas entendu. Quand on descend la pente, on profite encore de sa vitesse pour remonter la côte suivante, mais gare à celui qui ne sait pas ! Le conflit de 39/45 montrera à l'évidence que l'apogée de l'Europe n'est plus qu'un souvenir. Pour la deuxième fois les Etats-Unis devront intervenir en Europe pour y faire la différence. Le pacte germano-soviétique de 1939 n'a t-il pas influencé le déroulement de la 2ème guerre mondiale comme le pacte entre la Macédoine et Carthage détermina Rome à s'occuper activement de la Grèce antique. Autant de touches qui se retrouveront dans le tableau hellénistique.

Il faudra encore attendre le plan Marshall, (1948 / 1952), pour faire sortir l'Europe des séquelles de la 2ème guerre mondiale mais ce fait montre encore l'entrisme des Etats-Unis en Europe car le conflit qui l'oppose à l'URSS Russie, la nouvelle Carthage, a commencé ! L'Europe est alors en grande faiblesse politique, minée par les partis communistes qui se sont mis au service de l'Union Soviétique. La mise sous tutelle de l'Europe occidentale peut ici être datée de 1948, date qui pourrait à nouveau marquer la fin du rôle prépondérant de l'Europe. Mais l'historien retient surtout de la période 1800/1945, une formidable mutation politique et industrielle, la disparition des vieilles structures politiques, la création de nouveaux états européens (Belgique, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Irlande...) parfois sans réalité nationale, une folle expansion coloniale, la création d'un modèle culturel sans rival, un art consommé de la guerre, mais des rivalités puissantes au point d'entraîner l'Europe dans deux actes suicidaires, l'un en 1914, l'autre en 1939.

La silhouette de l'Europe ressemble à celle de la Grèce nous dit David Cosandey.

1.2 - Le monde grec

Pour situer le monde hellénistique, il faut rappeler l'aire géographique où une partie de l'aventure d'Alexandre le Grand s'effectue : de l'actuelle mer Adriatique au fleuve Indus, du tropique du Cancer au 45ème parallèle pour la limite nord. S'y ajoute la pointe de la péninsule italienne ainsi que la Sicile. C'est dans cette immense zone que s'effectue partout un gigantesque barattage : élimination des anciens systèmes politiques, création de nouvelles organisations administratives, délimitation de nouveaux pays que les anciens généraux d'Alexandre s'attribuent et se disputent, rayonnement de la culture grecque (expression à prendre dans sa plus large acception) et colonisation en profondeur des territoires.

Les diadoques, les fameux généraux d'Alexandre qui deviendront rois (malgré les assemblées), sauront maintenir la puissance grecque en créant une série de royaumes dont la culture sera grecque. Mais cela dura peu de temps en fait puisqu'en l'année -146, Rome aura transformé la Grèce en Province romaine. Dans les soixante dix ans qui précédent alors la liquidation de Carthage, la Grèce vivra ses trois guerres romano-macédoniennes, tout comme plus tard les Européens vivront les guerres mondiales juste avant l'éclatement de l'Union Soviétique, les mêmes causes ayant les mêmes effets.

La silhouette de la Grèce est découpée comme celle de l'Europe

Si la période hellénistique est limitée à l'indépendance de la Grèce, il est évident que l'année -146 marque la charnière ; passé cette date, l'influence romaine et latine prendra le dessus d'autant que les Romains auront alors détruit Carthage et qu'ils auront la faiblesse du plus fort : ils seront exigeants et outrecuidants sur toutes choses, ils perdront la notion de modération, comme on le voit aujourd'hui avec les Etats-Unis. Mais il est des cultures comme des briques réfractaires, longtemps après usage prolongé, le rayonnement se fait encore sentir longtemps après ; c'est pourquoi certains historiens achèvent la période hellénistique à l'arrivée de César. Cette période se révèle féconde en de nombreux domaines : le développement urbain est puissant, l'hygiène et la médecine pénètrent les foyers, les mœurs se relâchent, les bibliothèques deviennent des monuments et des lieux de rencontre, la langue grecque s'internationalise, la guerre gagne le statut d'art noble (ou de sciences techniques pour nous, plus tard), des villes nouvelles apparaissent, des fortunes énormes se créent. Tout cela rappelle évidemment notre époque au point de s'en étonner...

Tout se faisait alors « à la mode grecque ». Puis vinrent les jeux de masse... et les Romains, et tout se fit ensuite à la romaine. Quand la Grèce exporta ses guerres dans la période postérieure à Alexandre, cela prouva évidemment sa puissance, mais il y eut un mouvement de retour. A ce moment là les guerres qu'elle importa sonnèrent bien, non seulement la fin de son apogée, mais son déclin, surtout quand l'adversaire qui s'introduisit s'appelait Rome! L'année -188, date à laquelle le royaume hellénistique de Syrie des Séleucides signe le traité d'Apamée, marque la défaite militaire grecque face aux troupes romaines ; ceci est un autre repère pour marquer le déclin grec car, à partir de ce moment là, Rome maîtrise toute la Grèce d'Asie. On verra à l'usage des homologues que la Séleucie, implantée en Syrie - Irak peut correspondre à la grande Allemagne, on ne peut découvrir immédiatement cette homologie ; autant la signaler ici.

Le partage en quatre de la Macédoine, qui intervient en -146 quand Rome décarcasse cet Etat pour le réduire définitivement au silence juste après avoir terrassé la puissance carthaginoise au cours de la 3ème guerre punique, pourrait tout aussi bien montrer que le silence de la Grèce ressemble un peu à la paix des cimetières... Mais ce découpage momentané nous fait penser, bien entendu, au découpage de l'Allemagne nazie en 4 zones d'occupation ; certains aspects de l'homologie laissent pantois, parfois.

2 - Les principaux points communs

Outre le profilage général du monde Occidental et du monde Hellénistique qui montre les grandes lignes de la ressemblance, l'homologie est renforcée par les points communs, très précis, entrevus par E.Will et cités dans la conclusion de l'ouvrage LE MONDE GREC ET L'ORIENT. Ces points sont relevés ci-dessous en gras pour souligner la formulation de l'auteur. Il n'est guère possible de développer davantage ces points communs qui établissent l'homologie entre les deux époques, pour le reste, il faut se reporter à l'ouvrage commun de Will, de Mossé et de Goukowski ainsi qu'à celui de Pierre Lévêque. Voici ce qui renforce l'analyse de l'homologie entre les époques :

a - l'intensification de la circulation des biens, des hommes et des idées. Pensons ici aux trafics boursiers, ferrés, routiers, maritimes et aériens de notre époque. Mais il faut savoir que l'activité routière et maritime était presque aussi importante durant l'Antiquité. On retrouve encore actuellement et loin du pays d'origine les monnaies grecques hellénistiques en Bourgogne et des bateaux capables de transporter 1300 tonnes de blé en une seule fois entre Rome et l'Egypte, véritables monstres des mers de l'époque qui nous annonce les futurs airbus 320 ; les uns fabriqués en Grèce, les autres en Europe...

b - l'apparition de super-puissances ; voyons ici par exemple la Russie, les Etats- Unis, la Chine, l'Inde, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, le Japon, l'Italie... Mais on rencontre cette même super puissance parmi les Etats qui furent taillés dans l'empire d'Alexandre : la Macédoine, l'Epire, la Séleucie, l'Egypte, Pergame ; la puissance de ces pays antiques étaient sans rapport avec celle des Cités traditionnelles. Ce constat implique d'ailleurs un changement parmi les liaisons homologiques : la France quitte l'homologie d'Athènes au profit de La Macédoine.

c - la personnalisation du pouvoir. Il faut penser ici aux grands hommes, bienfaiteurs ou tyrans de notre époque contemporaine qui eurent leur cour de godillots : Staline, Kennedy, de Gaulle, Franco, Churchill, Hitler et Mussolini et autres, mais c'est aussi Pyrrhus, Persée, les Attale, les Antiochos, les Ptolémée... Indifférent aux époques, le culte de la personnalité fut imposé par les individus, esquissé ou fabriqué de toute pièce par le système des médias qui adorent l'or des antichambres qui fait rêver les chaumières.

d - le maintien des Etats traditionnels, France, Royaume-Uni, Espagne, Egypte, Maroc, Russie, Pologne, et autres pays d'Europe mais c'est toujours Athènes et Sparte, les cités grecques depuis toujours...

e - l'apparition de cadres fédéraux pour « survivre » mais aussi l'incapacité de certains à évoluer. Dans la formulation de Will, on peut voir les difficultés de l'Europe, laquelle ne peut, évidemment, se constituer que par l'abandon de prérogatives nationales mais les freins sont si multiples ! On peut tout autant voir les difficultés de l'ONU, de l'OTAN... On peut voir la formation de l'ALENA pour l'Amérique du Nord, du MERCOSUR pour l'Amérique du Sud, de la Communauté Andine, de l'APEC pour les pays riverains du Pacifique dont font partie la Chine, le Japon, les Etats-Unis et le Canada lesquels représentent les 2/3 de l'économie mondiale mais on transige encore en Europe. On peut tout aussi bien voir les alliances de communes mises dans l'obligation de mettre en commun des prérogatives et ce seront les syndicats communaux, les Districts, les Communautés Urbaines, les Communautés de Communes. Mais les Grecs en firent tout autant avec leurs associations, leurs ligues, leurs fédérations...

f - l'urbanisation de la population au point que certains pays européens sont urbanisés à 98 %, ainsi la Belgique pour citer un exemple proche. Mais que dire des nombreuses villes qui frisent les 20 millions d'habitants avec ou sans banlieue, et qui peuvent abriter de 30 à 50 % de la population du pays : Mexico ! Villes qui décuplent leur population en moins de 30 ans ! Folie des urbanistes incapables d'endiguer des densités humaines qui ne pourront qu'activer les épidémies foudroyantes qui ne peuvent que survenir... L'Antiquité fait écho, et l'on découvre Rome et Alexandrie qui eurent plus d'un million d'habitants qui vivaient dans des maisons à 4 étages !

g - l'augmentation de l'écart des richesses entre riches et pauvres... Il faut citer ici Dick Grasso, le patron du New York Exchange qui en septembre 2003 reçoit un salaire de 15 millions de dollars auxquels s'ajoutent 139,5 millions de prime... On peut également citer, en preuve de la folie qui saisit le monde économique et boursier, la baisse depuis 2000 de 15% du profit des sociétés américaines alors que leur valeur boursière a grimpé de 65% depuis ! L'économie est devenue volcanique, l'économie se transmue en dynamite ! Qui peut croire sérieusement que cela peut se maintenir sans purge ? Certains économistes parlent d'économie casino quand d'autres annoncent sa gangstérisation ! Mais on peut tout aussi parler de Lucullus et des généraux romains qui rongèrent jusqu'à l'os les pays conquis !

h - le contexte général où l'on distingue de nombreuses perturbations ainsi que diverses expériences diverses qui font penser soit à ce que nous avons déjà vécu ou encore à ce que nous sommes encore en train de vivre.

i - l'élargissement de l'aire culturelle. Entrevoyons par le petit bout de la lorgnette les tournées mondiales des chanteurs, les émissions de télévision où des starzacadémiciens jouent leur destin sur l'interprétation d'un chanson américaine... Pensons aux retransmissions télévisuelles d'événements planétaires tels les J.O. et les coupes mondiales. Mais c'est oublier que le grec était parlé dans la région de l'Indus, le phénicien au voisinage du Portugal...

j - les tentatives des conquérants hellènes pour exploiter à leur profit leurs immenses territoires « coloniaux »... Pensons ici à la colonisation du XIXe siècle en Afrique par exemple et aux immenses richesses personnelles qui furent extraites des colonies et qui sommeillent ou couvent délicatement à la chaleur helvétique. Cela correspond assez à l'enrichissement des Romains en Espagne, en Gaule...

k - les anciens « colonisés » qui, pour combler leur « retard culturel » copient les us et coutumes de leurs vainqueurs pour s'en rapprocher. Faut-il ici parler des pays d'Asie, d'Afrique, d'abandon des habits traditionnels au profit de la ligne occidentale et de son jeans dont le nombre est au moins égal à celui de la population mondiale ? Mais il en fut de même quand les Anciens qui voulaient être à la mode se drapaient à la grecque ou à la romaine...

l - la passivité du grand nombre. Ce que Will a perçu dans le monde hellénistique, on le constate régulièrement avec des taux de participation aux différentes élections qui attribuent le pouvoir légitime à des représentants choisis parfois par moins de 30 % des citoyens ! Le mode électif nie la démocratie !

m - la contestation radicale opposée par une petite minorité à toute forme politique et sociale. Faut-il développer les mouvements téléguidés par quelques extrémistes, qu'ils soient de droite ou de gauche, voire maintenant les mouvements terroristes ? L'antiquité nous donna Spartacus et, beaucoup moins connu, Aristonicos qui refusa que son pays soit légué à Rome. Aristonicos réunit nobles et esclaves et fonde vers 130av, « Héliopolis », la première ville « communiste » au monde ! Cuba si ?

n - une inquiétude latente compensée, pour les uns, par l'exercice de la raison et, pour les autres, par le recours aux aspects les plus irrationnels de la pensée philosophique, religieuse voire l'occultisme... Jetons un coup d'œil sur la presse, tabloïde ou pas, dite féminine ou pas, et passons en revue les encarts en faveur des gris-gris, amulettes, visionneurs de boule de cristal, jeteurs de tarots, des séminaristes entre les mains de gourous en peau de zèbre pour les mieux lotis... Leurs sciences valent-elles celles des haruspicines et des extipicines des Anciens?

Les conquêtes romaines

Edouard WILL insiste sur le fait que, « plus que toute autre, notre époque est proche de la période hellénistique », autrement dit, c'est la meilleure homologie possible compte tenu de l'écart chronologique enregistré au final. Derrière les points soulignés par cet historien, un Français de l'an 2000 ne reconnaît-il pas les différents aspects de son époque ? Ne voit-on pas le défilé des arguments de ceux qui se rangent parmi les « pro » ou « anti » Europe ? Comment ne pas reconnaître le discours contre les fonctionnaires européens et leurs décisions « arbitraires » quand ceux-ci ne font qu'appliquer les décisions prises par les ministres des Etats membres qui refusent d'endosser la responsabilité de leurs décisions? Comment ne pas entendre les complaintes dirigées contre l'actuel système boursier qui ruine des économies au gré des décisions spéculatives de quelques grands portefeuilles ? Comment ne pas voir les restaurants du cœur quand leurs bénéficiaires ne réclament que du travail, quand ces mêmes restaurants sont le plus souvent financés par ceux qui se sont « délocalisés » et qui ont jeté dans la misère ceux qu'ils aident après ? Mais savoir que tout cela existait dans une période qui ressemble à la nôtre ! Ne faudrait-il pas plutôt remettre l'étude de la période hellénistique au programme du baccalauréat pour mieux préparer les générations à glisser sur les événements ? Comment peut-on se priver de l'étude d'un modèle de civilisation qui éclaire la nôtre de façon troublante ! Notre destin ferait-il peur ? Mais il n'y a que l'ignorance qui provoque la peur ! Concernant les réticences d'Edouard Will portant sur l'aspect technoscientifique, il faut, avec tous ceux qui se sont penchés sur la comparaison entre le monde hellénistique et le monde occidental, rappeler que le monde ancien s'appuie sur l'esclave qui était fidèle serviteur, prolétaire, moteur et carburant, le tout à la fois. Notre énergie enfantée par la technique a remplacé cet esclave qui jaillissait des prisonniers de combat. Il faut insister sur ce point pour rappeler que les guerres d'Irak sentent fortement le pétrole... 3 - Chronologie homologique succincte pour la période quelques événements homologiques -323 -325, à la mort d'Alexandre, pendant la guerre lamiaque, Athènes est occupée par une garnison macédonienne 1815 ; après Waterloo et l'élimination de Napoléon, Paris est occupée par les armées russes et allemandes -264 -241 ; 1ère guerre Punique. L'achat de l'Alaska règle le premier différend russo-américain. -229 ; Athènes se libère de l'occupation macédonienne du Pirée 1870 ; 1er guerre franco-allemande, Paris occupée par les armées allemandes. La France est homologue de la Macédoine, Athènes homologue de Paris ? 1871 ; formation du IIe Reich allemand, les armées allemandes quittent Paris. -215 -205, 1ère guerre de Macédoine et 1ère intervention militaire de Rome dans le monde grec. Rome et les Etats-Unis sont homologues 1914 / 1918 ; 2e guerre franco-allemande. 1ère guerre mondiale et 1ère intervention guerrière des Etats-Unis en Europe. Allemagne homologue de la Macédoine. -215 ; alliance entre le général carthaginois Hannibal et Philippe V de Macédoine. Carthage homologue de la Russie. 1939 ; pacte germano-soviétique. Pour nous, Carthage et la Macédoine sont homologues de l'Allemagne et de l'U.R.S.S. - 200 / -197 ; 2e guerre de Macédoine, fin de la domination macédonienne en Grèce. - 2e intervention romaine en Grèce. -1939-1945 ; 3e guerre franco-allemande ; mais c'est aussi la 2e guerre mondiale et la 2e intervention des Etats-Unis en Europe. Les états antiques font appel à l'arbitrage du Sénat romain pour régler leurs conflits à partir de -215 1945 : Fondation de l'ONU... Cette organisation serait-elle homologue du Sénat Romain ? Réponse dans 50 ans ? -171 -168 ; la 3e guerre de Macédoine, troubles en Séleucie mais c'est aussi la 2e guerre Punique. Guerre Froide ; 1961, crise de Berlin ; 1963 : crise des fusées de Cuba -148 / -146, 3ème guerre Punique. Disparition du royaume de Macédoine qui éclate en 4 provinces romaines 1989 : explosion de l'URSS. 1999 : Guerre du Kosovo 3ème intervention militaire des Etats-Unis en Europe, la Russie est en faillite ! Remarques sur le tableau Le parallèle qui s'établit entre les événements montre que le fait majeur du 2e siècle avant J.-C. est bien l'arrivée de Rome en Grèce. Mais la même époque vue sous l'œil d'un Romain minimise le monde grec pour ne voir que les Guerres Puniques qui bouleversèrent le monde antique. Les trois guerres mondiales semblent homologues des guerres macédoniennes auxquelles s'ajouterait un ensemble de conflits anciens. Les trois guerres puniques trouvent leur équivalent dans la Guerre Froide. La disparition du bloc soviétique en 1990 peut correspondre au dernier conflit en 146 av ; l'écart est alors de 2136 ans. Nos contemporains savent que les péripéties qui illustrent la longue crise du XXe siècle ne font que masquer le conflit majeur qui opposa deux clans nettement répertoriés autour des Etats-Unis et de l'U.R.S.S. Jusqu'à la disparition de l'URSS, la crise se déroule partout et l'Europe n'y échappe guère. Cette crise est maximale sur le sol de l'Allemagne vaincue où se rencontrent les vainqueurs d'hier mais les ennemis du moment. Ce pays est devenu un objet de litige, les nouveaux belligérants y cherchent querelle et trouvent là un prétexte permanent pour que leurs féaux prouvent leur solidarité. Le conflit s'infiltre dans les partis politiques qui régentent la vie des démocraties, il alimente tout autant les choix de politique intérieure que ceux de politique extérieure. Le monde ne fut pas que coupé en deux zones rivales : la violence de l'affrontement est telle que les cerveaux sont aussi « coupés en deux » quand on ne demande pas à la science de se prononcer pour une des parties ! Quand l'U.R.S.S. sera détruite entre 1989 et 1991, les problèmes qui paraissaient insolubles furent rapidement réglés : c'est ainsi que la réunification allemande ne sera plus qu'une affaire de détails de politique intérieure allemande. Il faut revenir sur la profonde homologie qui existe entre notre époque dite contemporaine (après 1789) et la période hellénistique (postérieure à -320) et solliciter sur ce sujet l'avis du plus grand historien britannique, Arnold J. Toynbee. Expert britannique des questions d'Orient à la Conférence de la Paix de 1919, titulaire de la chaire de byzantin et de grec moderne à l'Université de Londres, directeur des études au Royal Institute of International Affairs (Chatham house), professeur d'histoire internationale à l'Université de Londres, Arnold J. Toynbee se sentait suffisamment assuré en 1952 pour déclarer lors d'un entretien à la B.B.C. les propos (p81) qu'il reprit dans l'ouvrage cité : «... Nous Occidentaux, parce qu'humains, avons tendance à croire que tout ce que nous avons fait dans le monde, pendant ces derniers siècles, est sans commune mesure avec tout ce qui a précédé. Pour nous guérir de cette illusion occidentale qui est la nôtre, il suffit de jeter un regard en arrière sur ce qu'accomplirent les Grecs et les Romains dans le monde, il n'y a pas si longtemps. Nous verrons qu'eux aussi, à leur époque, ont dominé le monde et qu'ils s'imaginèrent eux aussi, durant quelques temps, être différents du reste des humains... ». Toynbee nous demande d'avoir un regard modeste sur le monde, il nous rappelle que les civilisations sont mortelles et nous demande de ne pas l'oublier. « ... Si l'on se place à un point de vue purement kilométrique, la culture gréco-romaine se répandit, en son temps, sur le monde antique aussi largement que de nos jours la culture occidentale (...) ... les Grecs pouvaient se vanter, comme nous pouvons le faire aujourd'hui, d'avoir atteint et pénétré par le rayonnement de leur culture toutes les civilisations de la planète, dont ils avaient d'ailleurs calculé avec précision la forme et les dimensions.», Apprécions cette homologie de Toynbee qu'il présente entre les deux périodes arrivées à leur apogée : « ... Cette emprise de la culture grecque, à partir du IVe siècle avant Jésus-Christ, fut pour le monde un choc aussi considérable que la rencontre de notre civilisation occidentale moderne, depuis le XVe siècle de notre ère. Et la nature humaine n'ayant guère changé depuis cette époque, il n'y a rien d'étonnant à ce que l'assaut d'une civilisation provoque aujourd'hui les mêmes réactions psychologiques de défense qu'au temps des Grecs et des Romains », (p.83). Ce dernier propos est l'aveu qu'il a perçu un monde parfaitement homologique : « Nous pouvons seulement dire que, ce qui s'est déjà produit une fois, au cours d'un autre épisode de l'histoire, reste une des possibilités de l'avenir? » (p. 93) Et comment ne pas demander au lecteur d'approfondir ou raffermir ses connaissances historiques ? Mais attention, les temps ne se dupliquent pas : si le siècle de Louis XIV est homologue de celui de Périclès, l'un n'est pas l'autre. S'il est possible de retrouver partout des ressemblances qui aident à mieux saisir les époques, rappelons cependant qu'aucun système ne permet de prédire l'avenir avec certitude ; l'homologie permet seulement de tracer les grandes lignes d'un avenir collectif ! Il faut ici insister sur l'impénétrabilité du futur, surtout, en ce moment où ceux qui se disent prophètes annoncent régulièrement les drames qu'ils disent avoir perçus dans ce « je ne sais quel fond de marc de café ». Ces drames qu'ils exploitent renforcent d'autant l'influence de ces véritables aigrefins que, toujours à la recherche de sensationnel, les médias théâtralisent et amplifient les messages les plus fumeux et incohérents. A ceux qui font prévaloir, à juste droit, la grande différence techno- scientifique entre notre époque et l'époque hellénistique, les quelques découvertes grecques suivantes peuvent nous ramener à davantage d'humilité puisque certaines ne furent égalées que depuis peu : Aristarque de Samos vers -250 déclare que la Terre tourne autour du Soleil. Eratosthène calcule, vers -250, les dimensions de la Terre à 1% près ! Archimède vers -250, applique les mathématiques à la physique, calcule la mesure de la circonférence, la mesure du cylindre, du cône, la quadrature de l'ellipse et de la parabole, fabrique des armes, des systèmes pour lever etc. Ctésibus, vers -250, découvre le phénomène de l'air comprimé et fabrique des applications : une arme lance pierre et une pompe à incendie ; il fabrique une ingénieuse clepsydre mélangeant ses découvertes sur l'air et l'eau. Hiéron, vers.-100, est un inventeur génial : il utilise la force de la vapeur, fabriqua des bennes, différents instruments de mesure, des armes, des leviers, des presses. L'étude de la technologie ancienne est peut-être bien à réaliser car les inventions et les applications techniques sont beaucoup plus nombreuses qu'il y paraît à première vue. Il est possible que l'on vive sur une idée reçue concernant la lacune technique de cette époque. Pensons aussi aux constructions monumentales antiques (villes nouvelles, viaducs, aqueducs, thermes, amphithéâtres, arènes... Bizarrerie chronologique : découverte du béton armé en 1848 par Joseph Lambot qui n'imaginait pas l'exploitation qui serait faite du nouveau matériau. Evidemment, les grands bâtisseurs que furent les Romains firent leur découverte de la maçonnerie de blocage à Rome vers -200, ce qui nous fait 2048 ans d'écart entre l'apparition de deux matériaux qui permettent seuls la réalisation des grandes réalisations architecturales d'hier et d'aujourd'hui... 4 - les jeux du stade et du cirque Maquette de Rome; Caron André Wall Street (Journal du net) Les journalistes nous rappellent souvent que les jeux d'équipe qui se déroulent dans nos stades chaque week-end renouvellent les jeux antiques. Le fait est-il surprenant ? Il faut dire que le vocabulaire guerrier qui se pratique dans les stades semble venir tout droit des arènes antiques quand il fallait encourager les premiers gladiateurs à bien vouloir mourir pour la plus grande joie du maître Romain. D'ailleurs, en mémoire de cet acte fondateur antique, il n'est pas rare qu'une joyeuse bande de spectateurs se mette à hurler « à mort l'arbitre » ! L'évolution rapide des mœurs sportives modernes nous interroge : quel est donc, de nos jours, le rapport entre le sport et le développement harmonieux de l'individu ? Aucun, évidemment mais cela est hors propos et reste le secret de polichinelle ! 4.1 - Les origines C'est en -264 que les premiers gladiateurs (du mot gladius = glaive) purent s'entre tuer. Ils étaient 6 ces premiers heureux qui s'affrontèrent en trois paires pour honorer la mémoire de Junius Brutus le jour de ses funérailles. L'histoire ne nous dit pas si ces premiers gladiateurs prirent un plaisir bien intense en mourant pour accompagner les parents de Junius dans la cérémonie de deuil mais le remède fut efficace et plut aux Romains qui en redemandèrent. Ils reprirent donc l'idée et théâtralisèrent cette belle coutume vieille comme le monde, coutume qui veut que les chefs emmènent des gens de compagnie durant leur dernier voyage... Il semble que la tradition vienne des Etrusques, un peu comme le sport moderne remonterait aux Anglais de la « hight-sociéty », le bon peuple étant trop occupé à cette époque derrière les murs des usines. (Dans cette étude, les colons et aristocrates anglais sont comparés aux Etrusques.) Les premiers combats se déroulèrent dans les cirques plutôt conçus pour les jeux et les courses hippiques. Les spectateurs comprirent rapidement que l'on pouvait mieux faire pour leur aise et c'est pourquoi les premiers amphithéâtres furent bâtis peu après. Ils étaient, eux, conçus tout spécialement pour recevoir des spectacles sanglants. Ils possédaient une agencement très fonctionnel capable d'accueillir plusieurs dizaines de milliers de spectateurs et les dédales intérieurs cachaient de nombreuses salles : cages, réserves de matériel, machineries, magasins, citernes, morgues, chapelles, etc. Le premier amphithéâtre fonctionnel à souhait fut bâti en Campanie vers l'an -100, date parfaitement homologue à l'an 2000 où l'on ose poser les premières pierres de stades de 100 000 personnes, le tout en parfaite innocence. Très près de nous, le baron Pierre de Coubertin réveilla en 1896 l'esprit olympique qui puisait sa force dans l'acte gratuit et le bénévolat. S'il revenait parmi nous, que dirait-il du sport et de l'époque, lui qui disait : « Je veux remercier ici (...) ceux qui croient avec moi que l'athlétisme en sortira grandi et ennobli et que la jeunesse internationale y puisera l'amour et la paix et le respect de la vie.» Outre 14/18 et 39/45 qui giclèrent du siècle, pouvait-il imaginer qu'il en est du sport comme de la boite de Pandore, le pire comme le meilleur y sont enclos. Pandore laissa le meilleur se sauver de la boite magique, et il ne resta que le mauvais pour le destin de l'Humanité... La médiatisation à outrance de notre époque a déjà fait une victime : celle du Sport devenu une gigantesque entreprise destinée aux foules rugissantes des stades contenant 10 000 d'abord puis 100 000 spectateurs de nos jours. Si toutes les techniques de combat d'arènes naquirent rapidement après le décès des 6 premiers heureux gladiateurs, tout aussi rapidement apparut l'ensemble des sports collectifs au cours du 19ème siècle. Le basket-ball fut inventé en 1891 au collège de Springfield dans le Massachusetts, le football fut codifié en 1846 à Cambridge et le premier match international opposa l'Ecosse à l'Angleterre en 1872, le handball attendit 1890 pour être inventé en Allemagne, le rugby à 13 apparut en 1895 ; quant à l'ancienneté du rugby à 15, il semble qu'elle remonte au début du 20e siècle. 4.2 - L'engouement Bien avant nous, le peuple romain se passionna pour les combats; c'est ainsi que 74 beaux gladiateurs moururent en -174 au cours de 3 jours de spectacle ; un peu plus tard, Jules César, qui en était passionné, organisa une rencontre où 600 gladiateurs s'affrontèrent à Rome. Le succès fut tel que le Sénat s'en inquiéta et dut même, un peu plus tard, limiter le nombre des combattants ; il est vrai que depuis la chute de Carthage en 146av, la folie des grandeurs avait saisi les Romains. Le plus grand combat de tous les temps appartient à l'empereur Trajan qui, pour fêter une victoire, organisa une belle compétition qui fit périr 10 000 gladiateurs, ceci en l'an +107 ! Le genre permettait bien quelques fantaisies, c'est ainsi que l'empereur Domitien offrit en +90 l'affrontement de nains et de femmes ! Quelques 2000 ans plus tard certains redécouvrirent le lancer de nain mais cela fut fort critiqué, la chose fut donc interdite mais c'est aussi à de petits détails qu'apparaissent les grandes ressemblances ! Nos contemporains restèrent donc sur leur faim mais l'exploitation des instincts des foules cèle de grands gisements à découvrir... Les premières compétitions sportives reprennent en 1834 en Angleterre; la première rencontre universitaire s'effectue en 1864 entre Cambridge et Oxford. Le Racing Club de France apparaît en 1882 et la première rencontre internationale se déroule à la Croix Catalan en 1886. De ces années date le considérable développement de l'athlétisme et des sports collectifs qui nécessiteront d'importants travaux de construction, salles en tous genres, stades à plusieurs plateaux, tribunes gigantesques, le tout relevant d'une colossale politique d'endettement pour obtenir le déroulement des Jeux Olympiques dans le Pays, dans la ville... Le tout étant bissé par tous les différents championnats : du pays, des nations, du continent, du monde. On joua le dimanche au début, puis le samedi soir ; puis on fit des nocturnes, puis on joua le vendredi. Vint une époque où, tous les jours, un sport était à l'honneur ; on vit également l'absentéisme politique se développer de façon concomitante... 4.3 - Sport et politique Dans le monde antique, la passion pour les jeux de gladiateurs sonna le glas du théâtre comme le prouve l'anecdote d'une annonce publique effectuée pendant que l'on jouait l'Hécyre de Térence : la foule se leva et abandonna les acteurs, ce qui ne fit que les blesser sans répandre le sang. C'était en -164 donc en situation parfaitement chronhomologique par rapport à notre époque où l'on regarde d'abord le calendrier des rencontres sportives avant d'organiser la moindre réunion publique. A la décharge des Romains il faut aussi rappeler que les passions étaient si vives que certains d'entre eux ne dédaignaient pas de descendre dans l'arène pour cueillir un peu de cette gloire éphémère mais obsédante... Il est vrai que les vainqueurs étaient divinisés, les poètes les louangeaient, les orfèvres les reproduisaient sur les médaillons et les riches dames romaines surent les choyer avec enthousiasme ; on comprend donc aisément qu'il y avait finalement de quoi en perdre la tête... Mais c'était encore le monde politique qui retirait le plus de bénéfice des jeux du cirque. Les riches candidats trouvaient là de quoi se faire rapidement connaître des citoyens romains ; le système déboucha tout naturellement sur la démagogie, la ploutocratie, l'oligarchie et son contraire qui n'est qu'apparent : l'ochlocratie. Que demande le peuple ? « Du pain et des Jeux » ! Telle était la devise de l'empereur qui voulait être tranquille à Rome. L'empereur Constantin interdit les jeux en +325... Nos lointains petits-enfants verront-ils cela vers + 2500 ? Les esclaves formaient la grande troupe des gladiateurs mais le citoyen libre pouvait le devenir après avoir prêté serment devant un magistrat, il devait accepter de se faire « brûler, enchaîner, frapper, tuer par le fer. » Tout un programme ! On remarquera que notre époque s'est humanisée car certaines disciplines, boxe et football par exemple, sont devenues des terrains de rapides promotions sociales. Que dire des passions ? Que dire de la démagogie qui commence à coller au système et de l'ochlocratie qui séduit les hommes politiques ? Que dire de l'argent qui dégouline ? Que dire de la fascination des femmes pour les athlètes ? Que dire des fabuleux contrats ? Que dire des journaux qui se substituent aux poètes antiques ? Que dire de la priorité donnée aux sports dans les médias ? Certes on ne meurt pas toujours dans ces réunions sportives qui n'ont plus beaucoup d'innocence à défendre... L'idée d'utiliser les jeux à des fins politiques fut reprise par les députés maires des grandes villes et ceux-ci n'hésitèrent pas à investir l'argent du contribuable pour s'attacher les services de champions qui gagnaient en un mois ce que le citoyen, pas nécessairement smicard, mettrait toute une vie pour approcher de la somme. Cela se fit sans vergogne car les politiques faisaient circuler l'idée que la possession d'une équipe de n'importe quoi était un bon investissement pour la ville qui se voyait ainsi régulièrement promue aux actualités et, pour ce faire, il fallait contribuer aux dépenses des clubs par l'impôt, lequel était payé par la taxe sur le foncier bâti et la taxe d'habitation. Personne n'était alors scandalisé par ce fait étrange : par l'impôt qui permettaient de fabuleuses subventions municipales, les smicards contribuaient à surpayer les vedettes des clubs sportifs... Seuls, quelques pisse-froid osaient encore le dire à voix basse... De nombreuses affaires nauséeuses apparurent ; l'origine et la destination de l'argent remisé dans « les caisses noires » frappèrent le monde politico-sportif à partir des années 1970. Il s'agissait le plus souvent de surpayer certains joueurs, de corrompre certains arbitres, de fausser les rencontres pour modifier les classements. Bref, le sport luisait alors de tous ses feux... Peu de temps après, de célèbres affaires de dopage firent les premières pages des journaux ; il apparut bientôt que la quasi totalité des sportifs se dopaient pour améliorer leurs résultats... Vers l'an 2000, le sport devint donc fortement toxique et rendit malade tous ceux qui voulaient s'y adonner ! La litanie chronologique : Il y a 2160 ans entre le premier combat de gladiateurs et la relance des jeux Olympiques. (264+1896). C'est depuis les années 1970 que les réunions publiques se fixent en consultant le calendrier sportif. Si l'on retient la première réunion internationale pour calculer le décalage, on obtient alors 2137 ans. PETIT DICTIONNAIRE de quelques mots très en usage durant l'antiquité. Oligarchie : Ce mot désigne le régime politique qui se trouve aux mains de quelques personnes. Ce mot désigne également le groupe de personnes qui détient le pouvoir dans le régime reconnu pour être oligarchique. Les partis politiques ont-ils créé un système oligarchique en Occident ? Ochlocratie : Ce mot désigne le régime politique qui s'appuie sur le pouvoir de la foule ; les heures sombres sont propices à l'ochlocratie. On peut moderniser la définition en parlant du pouvoir de l'opinion et des sondages réalisés pour infléchir les choix politiques... Le résultat peut déplaire, on fait alors semblant de commenter une erreur ! Ploutocratie : Ce mot désigne le régime politique quand le gouvernement est aux mains des plus riches, ce mot désigne aussi le gouvernement des plus riches. Durant le premier tiers du XIXe siècle, on parla beaucoup des 200 familles qui possédaient la France. Démagogie : Ce mot désigne le comportement bassement flatteur des politiques à l'égard du peuple et de ses préjugés afin d'en retirer une augmentation de popularité et de pouvoir. Qui n'a pas entendu à propos des promesses électorales qu'elles n'engagent que ceux qui les entendent ? 5 - NATALITE ou DENATALITE Nombre moyen d'enfants par femme en 2000 1,1 • République Tchèque - 1,14 1,6 • Serbie -Monténégro • Royaume-Uni - 1,65 • Belgique - 1,66 1,2 • Italie - 1,23 • Espagne- 1,24 • Lettonie • Bulgarie • Slovénie • Lituanie • Slovénie • Grèce - 1,29 1,7 • Pays-Bas - 1,72 • Finlande - 1,73 • Danemark - 1,77 1,3 • Roumanie - 1,31 • Hongrie • Pologne • Autriche • Croatie • Allemagne - 1,36 • Estonie 1,8 • Norvège - 1,85 • Irlande - 1,89 • France - 1,89 1,4 1,9 1,5 • Suisse - 1,5 • Portugal - 1,5 • Suède - 1,54 2 • Islande - 2,08 Pour décrypter le tableau ci-dessus, il faut savoir qu'un pays ne se dépeuple pas si le taux de fécondité est supérieur à 2,1 ! Le tableau ci-dessus nous montre que toute l'Europe est en danger à la lecture de ce tableau... Il est incroyable que des journalistes puissent parler des bons résultats de la France sans qu'un seul démographe ne vienne rectifier les âneries qui se disent à ce sujet. Le déclin démographique est une certitude mais personne n'en parle preuve s'il en est de l'encéphalogramme plat de nos intellectuels! Nos sociétés occidentales accordent beaucoup d'importance aux résultats des recensements de la population ; si l'opération par elle-même est lourde, elle n'en permet pas moins d'anticiper certaines conséquences qui deviennent prévisibles à la simple lecture des différents résultats. Si gouverner c'est prévoir, avouons que le recensement est un bien bel outil pour gouverner. Ne peut-on pas alors établir une politique cohérente des équipements publics ? Une politique d'aménagement des villes et des campagnes, du moins pour ceux qui en ont le courage ? Ainsi, l'analyse des résultats français ne fait que confirmer des tendances lourdes enregistrées un peu partout dans les pays avancés occidentaux, ils seront donc employés ici pour l'ensemble de l'Europe. Qu'en était-il en Grèce antique? Plus délicate sera l'exploitation de données sur le monde antique, celles-ci sont très partielles et restent encore l'affaire de rares historiens dont les travaux sont soit inachevés, soit incomplets, soit encore contestés ; la sagesse est donc de rester aux bons vieux textes écrits par les contemporains d'alors. On peut se fier à Polybe dont la sincérité n'a jamais été prise en défaut. Ce célèbre historien grec vécut entre -201 et -120. Son témoignage est très intéressant car Polybe vivait à l'époque homologue de la nôtre ; il écrivit vers -140 que "les hommes se tournent vers les divinités quand ils se trouvent devant des phénomènes difficiles à expliquer". Cela fait évidemment penser aux hommes modernes qui se couvrent de grigris ou qui lisent dans leur horoscope les aventures qu'ils subiront dans la journée... Cela fait sourire. Plus intéressants sont les propos qu'il ajoute immédiatement : « Mais lorsqu'il s'agit d'événements dont nous pouvons découvrir les causes qui en expliquent l'origine et la fin, j'estime qu'il ne convient pas de les attribuer à une intervention divine. Je pense par exemple à ceci : de nos jours, dans la Grèce entière, la natalité est tombée à un niveau très bas et la population a beaucoup diminué, en sorte que les villes se sont vidées et que les terres restent en friche, bien qu'il n'y ait pas eu de longues guerres ni d'épidémies. Si quelqu'un s'avisait d'aller demander aux dieux ce qu'il faudrait dire ou faire pour que nous nous retrouvions plus nombreux et que nos villes soient plus peuplées, cette démarche ne semblerait-elle pas absurde, puisque la cause du mal est évidente et qu'il dépend de nous d'y remédier ? Les gens de ce pays ont cédé à la vanité et à l'amour des biens matériels ; ils ont pris goût à la vie facile et ils ne veulent plus se marier ou, quand ils le font, ils refusent de garder les enfants qui leur naissent ou n'en élèvent tout au plus qu'un ou deux, afin de pouvoir les gâter durant leur jeune âge et de leur laisser ensuite une fortune importante. Voilà pourquoi le mal s'est, sans qu'on s'en fût rendu compte, rapidement développé. En effet, quand il n'y a qu'un ou deux enfants, il suffit que la guerre en enlève un et la maladie un autre, pour que les foyers, inévitablement, se vident. Alors tout comme les essaims d'abeilles, les cités, elles aussi, se vident de leur substance et s'étiolent peu à peu. Il n'est pas nécessaire d'interroger les dieux pour savoir comment nous pourrions nous délivrer de ce fléau. Le premier venu nous dira que cela dépend avant tout de nous et que nous n'avons qu'à nourrir d'autres ambitions, ou qu'à défaut nous devrions faire passer des lois obligeant les parents à élever leurs enfants. Il n'est pas besoin pour cela de devins ni de prodiges et la règle est valable pour tous les faits de cet ordre. » Comment ne pas percevoir l'étrange modernité de Polybe et la hantise des Allemands formant un peuple de vieillards ? Celui qui découvre ce texte vieux de 2140 ans n'en croit pas ses yeux. Les boutades ne sauraient pourtant effacer la gravité du propos. Comment ne pas voir le bon sens de la conclusion de ce passage pour répondre aux problèmes des banlieues et de la jeunesse ? A quelques 2130 ans d'écart, il importe de souligner l'étrange correspondance entre les déclarations de cet historien et celles de Madame Evelyne Sullerot qui seront reprises ici plus bas ? Sait-on qu'il existe déjà des communes rurales sans agriculteur ? ! Que l'analyse démographique fine montre que la chute démographique des jeunes est compensée par l'augmentation des vieux et par une immigration clandestine de plus en plus difficile à contrôler ? Le renouvellement des générations ne s'effectue plus et le gigantesque problème des pensions nous pend au nez sans que personne dise un seul mot pour promouvoir une politique familiale ! Tableau INED. A défaut de statistiques anciennes, il convient d'accepter la réalité de la chute vertigineuse du taux de fécondité des femmes grecques. Pourquoi Polybe aurait-il inventé cela ? Il faut bien se fier à lui : vers -150, en Grèce, le taux de natalité est en chute libre ! Le phénomène était patent pour être détectable sans études particulières. La croissance naturelle de la population en était affectée, jusqu'à constater un recul démographique ? Probablement. Si l'on admet que nous vivons actuellement (plus ou moins en l'an 2000) une période qui serait homologue de celle durant laquelle vivait Polybe, nous ne pouvons que constater l'étrange similitude entre les malaises démographiques de l'Europe actuelle et ceux de la Grèce antique... Ce fait d'ailleurs, loin de nous inquiéter devrait nous réjouir comme se réjouit celui qui s'endort en sachant que demain sera encore là. [Concernant la baisse des taux de natalité, l'écart est de 2140 ans quand on considère les dates -140 et l'an 2000. Polybe peut évoquer un phénomène plus ancien de une ou de deux décennies, ce qui ne change rien au problème.] Evelyne Sullerot qui fut co-fondatrice du planning familial, sociologue et experte en comportement humain, affirme que la chute de la natalité peut trouver l'une de ses causes dans le profond changement du comportement féminin. Voici ce qu'un journaliste reprend des propos d'Evelyne Sullerot dans l'hebdomadaire « L'EVENEMENT » daté du 18 au 24 mars 1999 : « Aujourd'hui, des femmes veulent être mères à l'âge où, à ma génération, on était grand-mère. (...) L'âge des mères à la première maternité ne cesse de reculer. C'est une tendance majeure et lourde de conséquence sur l'avenir de la société. (...) Actuellement, 100 femmes devraient avoir 200 enfants pour assurer la reproduction de l'espèce humaine. Elles n'en ont que 170. (...) Savez-vous que ce sont les hommes et les femmes les plus riches, les plus éduqués, ceux qui ont les meilleures situations, qui constituent les rangs de ce qu'on appelle les « LAT » (Living Apart Together), ceux qui ont une liaison et demeurent chacun chez soi refusant la vie commune et les enfants ? Aujourd'hui, on vit ce que l'on appelle des « séquences » de vie : on est seul, puis en couple, puis on divorce, puis on est à nouveau seul et on se remet en couple. En général vers 35 ans. A ce moment-là les femmes veulent que leur couple marche et souhaitent un enfant. Or, elles ne sont plus tout à fait assez jeunes au regard des lois de la procréation et n'arrivent pas à le concevoir. La fécondité féminine ne peut pas s'aligner sur ce rythme de vie. (...) » Que dire encore de l'engouement récent pour l'homosexualité qui s'est organisée en groupe de pouvoir et de pression afin de se promouvoir en utilisant le prosélytisme le plus outrancier ? Et qui se souvient encore de l'ancien 1er Ministre, Michel Debré, dont il était de bon ton dans certains milieux de gausser la politique nataliste ? Les démographes contemporains ne nous alertent-ils pas sur les dangers mortels qui frapperont les pays d'Europe dont les taux de natalité n'assurent déjà plus le simple renouvellement du pays ? Depuis 1992, l'Estonie, la Lettonie, l'Ukraine, la Croatie, l'Allemagne et le Portugal possèdent « un taux de décroissement naturel » ; voilà qui nous rapproche singulièrement de Polybe... Tous les pays d'Europe possèdent une population « vieillie » car la tranche des plus de 60 ans représente déjà plus de 15% de l'ensemble. Toutes les projections de l'évolution de ce taux montrent que le déficit de « jeunesse » ne fait que commencer. Cela ne montre-t-il pas que le désir de vivre des populations européennes est dramatiquement atteint ? L'Europe, à laquelle se limite le présent propos, semble subir les conséquences de deux phénomènes distincts : d'abord celui de l'auto régulation inconsciente et puis celui de l'indifférenciation sexuelle. Comment une diminution de la natalité peut-elle passer inaperçue dans un recensement général de la population ? Ainsi donc, la population globale augmente sans qu'on fasse d'enfants... Tiens donc ! Les petits vieux qui ne veulent pas mourir n'expliquent pas tout. Regardons la pyramide de 2005 à gauche et comparons celle-ci à la projection rigoureuse de la France en 2050 à droite : moins de jeunes, davantage de vieux. Une telle forme de la pyramide annonce de gigantesques troubles sociaux dont les causes seront l'insuffisance des dépenses publiques pour satisfaire les besoins des ayants-droit ! Quand les politiques vont-ils se réveiller et promouvoir une authentique politique familiale seule capable d'enrayer le malheur en route ? Les différentes visites des Ministres de l'Intérieur en Afrique noire et Chine, en 2003-2004 par exemple, pour limiter l'immigration clandestine montrent à l'évidence qu'un nouveau cycle de grandes migrations à défaut d'être en gestation, inquiète pour le moins les pouvoirs publics...Cette immigration voulue ou clandestine ne réussit pas à rajeunir la projection ! Ne reste donc qu'une immigration débridée pour compenser! Mais Il suffirait probablement que le niveau des mers monte de plus de 50 cm dans le golfe du Bengale pour que 350 millions d'individus, qui vivent juste au dessus du niveau de la mer, préfèrent la migration à la noyade sur place. Et dans ce cas, quelle direction prendront-ils, celle qui mène aux pays qui souffrent ou celle des pays nantis ? La première cause de baisse de la natalité est celle de la loi d'auto régulation suivant laquelle toute société qui bénéficie d'une nette augmentation du niveau de vie subit en contre coup une diminution de son taux de natalité : plus le niveau de vie de la cellule familiale est élevé et plus le nombre des enfants ira en s'amenuisant. Un peu comme si une vision égoïste de la vie venait empêcher cette cellule de grandir pour maintenir la consommation des biens à son plus haut niveau... Cette loi qui frappe le groupe humain se vérifie dans les cas inverses : les taux de natalité les plus élevés se retrouvent dans les pays du Tiers et du Quart Monde. Le moteur de tout cela n'est-il pas tout simplement le désir (inconscient ?) de la jouissance maximale, qui est le ressort essentiel de notre société occidentale. TEXTE de Polybe, encore : « ... mais malheureusement dans la Grèce de cette génération le niveau du concours était abaissé par la démoralisation générale de la société. Certains s'adonnaient entièrement aux femmes, d'autres à des vices contre nature, beaucoup à des spectacles et à la boisson, et tous à la folie à laquelle les spectacles et la boisson donnaient lieu. C'étaient là des vices pour lesquels les Grecs avaient un faible et les Romains leur avaient emprunté instantanément cette infirmité, pendant la troisième guerre romano-macédonienne. Si violente et si déchaînée était la passion pour ces vices, auxquels la jeunesse romaine avait succombé, que etc.» On en arrive à ce demander si Polybe n'est pas vivant tant la contemporanéité du texte nous saute à la cervelle ! Ce texte est vieux de 2150 ans ! Pour apprécier la force de ces points communs, il faut savoir qu'un peu plus de 2100 ans séparent la 2ème Guerre mondiale de la 3ème guerre contre la Macédoine, que Rome et les Etats-Unis sont homologues, que les Grecs et les Européens sont également homologues. (Texte de Polybe XXXI, 25, traduction Toynbee, Guerre et Civilisation). Il ne faut pas croire que seule la Grèce méritait les commentaires de Polybe. Ce qu'écrit Piganiol, grand historien contemporain spécialiste de Rome, renforce les propos de son « homologue » ! «La première des lois qui visent à réduire les dépenses de la table est la loi Orchia de 182. Une nouvelle loi fut nécessaire en 161 ; les enfants vendaient leur corps pour bien manger, les plébéiens arrivaient ivres au comitium. Les prescriptions de la loi romaine furent étendues aux alliés en 143. Il est bien probable que ces lois furent étendues aux alliés en 143. (...) Les Romains dataient de la censure de 154 la fin de la pudicia. La vie familiale, à Rome, n'avait jamais été exempte de tares, et le mal s'aggrava au IIe siècle. Des vieillards divorçaient pour épouser des femmes très jeunes. Il arrivait fréquemment, qu'un père et un fils fussent mariés à deux sœurs. » (Piganiol, p414). Le commentaire est-il indispensable pour souligner ce que l'an 2000 à de commun avec l'an -154 ? Et si les lois portant sur la prohibition de l'alcool entre 1919 et 1933 étaient la forme homologique moderne de la loi Orchia ? « Par le XVIIIe amendement à la Constitution, ratifié en janvier 1919, la prohibition est instaurée aux États-Unis. Désormais, il est interdit de fabriquer, de vendre et d'acheter sur le territoire fédéral toutes les boissons qui contiennent plus de 0,5 p. 100 d'alcool. La campagne prohibitionniste remonte au milieu du XIXe siècle, lorsque l'État du Massachusetts décida que le rhum ne devait être vendu qu'en grosses quantités pour éviter que le peuple ne s'enivre. De cette époque date la création du Prohibition Party (1869), le plus ancien des petits partis américains en activité de nos jours, qui lors des élections présidentielles de 1888 et 1892 obtint jusqu'à 2,2 p. 100 des suffrages ; depuis 1900, il n'a plus guère d'activité qu'à l'échelon local. Mais c'est au début du XXe siècle que les prohibitionnistes deviennent particulièrement actifs. Ce sont alors des progressistes : combattre l'ivrognerie, lutter contre les injustices sociales et la corruption politique, voilà leur programme. Une Amérique saine reviendra, croient-ils, à ses traditions démocratiques : si les influences étrangères sont néfastes, il conviendra de limiter strictement l'immigration, qui porte en elle les germes de destruction de la société américaine. Plusieurs États, notamment dans l'Ouest, suivent ces conseils avant 1914 et interdisent, à l'intérieur de leurs frontières, la consommation d'alcool. Pour que la mesure soit efficace, il faut que l'Union passe tout entière dans le camp de la prohibition. L'amendement à la Constitution offre la solution légale : son adoption est favorisée par l'esprit né de la guerre. Une évolution, toutefois, se manifeste. Les prohibitionnistes sont, après 1920, plus ruraux que citadins, plus sudistes que nordistes et se regroupent dans l'Anti-Saloon League. S'ils veulent toujours rendre la société américaine plus morale, ils soulignent en même temps que l'interdiction fera augmenter la productivité ». (Encyclopaedia Universalis). Ici, le cas sidérant de l'Espagne : 6 - LA CONDITION FEMININE Ici, la comparaison porte entre ROME et la GRECE entre -200 et -150 mis en homologie avec le monde occidental à notre époque, vers 2000 ; l'écart est donc 2150 ans plus ou moins. Les Romains savaient restreindre leurs besoins de luxe, preuve en est dans la loi Oppia édictée sous la première guerre contre Carthage : elle interdisait au beau sexe de porter les ors qui mettaient si joliment en valeur le cou, le poignet, la cheville, les oreilles, les cheveux ; et même les couleurs furent contrôlées. La loi était bien austère pour les belles romaines à qui le pouvoir interdisait même l'emploi des voitures ! En -195, les Romaines en eurent assez et défilèrent en se rendant au Forum pour exiger l'abrogation de la loi Oppia ; ce qu'elles obtinrent, marquant ainsi leur introduction en politique. Caton, sénateur romain resté célèbre pour son rigorisme moral, fit un discours si remarqué que l'historien Tite-Live nous l'a immortalisé pour le plaisir de ceux qui jettent encore un regard plein d'humour sur notre époque contemporaine : « Si chacun de nous, messieurs, avait gardé l'autorité et les droits du mari à l'intérieur de sa maison, nous n'en serions pas arrivés à ce point ? Maintenant voilà où nous en sommes : la tyrannie des femmes, après avoir anéanti notre liberté d'action dans la famille, est en train de nous détruire au Forum. Souvenez-vous de la peine que nous avons eue à garder nos femmes en main et à réfréner leur licence, lorsque les lois nous permettaient de le faire. Imaginez ce qui se produira désormais si ces lois sont révoquées et si les femmes sont mises, même légalement, sur un pied d'égalité avec nous. Vous les connaissez, les femmes : faites-les vos égales, tout de suite, elles vous monteront sur le dos pour vous commander. » Les propos de Caton tenus en -195 résonnent étrangement à nos oreilles contemporaines qui retrouvent le combat des féministes et des phallocrates... Comme notre Caton s'adressait aux Romains en leur disant qu'ils commandent au monde entier mais qu'ils obéissent à leurs femmes, un regard malicieux peut se glisser vers les Etats-Unis homologues de Rome, en pensant à l'image de la femme américaine... Faut-il rire sous cape pour oser apprécier la prophétie de Cicéron ? Mais en Grèce, durant la période hellénistique, quelle était donc la situation féminine ? L'extrait suivant de l'ouvrage « Le Monde Grec et l'Orient », p.521, permet d'entrevoir le changement : « L'amélioration de la condition juridique de la femme a pour corollaire celle de sa condition simplement humaine. L'épouse n'a plus a attendre seulement le respect qui lui est dû pour sa naissance ou ses vertus : l'amour et le bonheur sont désormais des biens auxquels elle peut légitimement aspirer». Et l'auteur de préciser que le stoïcisme, dans la période postérieure à Zénon, reconnaissait l'égalité de l'homme et de la femme. La liberté de certaines belles leur tourna-t-elle la tête au point qu'il y eut réellement « licence publique » ? Sinon, comment faut-il interpréter la création des « gynéconomes », ces magistrats dont le rôle était de surveiller le comportement publique des femmes, leur tenue vestimentaire, leur tenue durant les cérémonies ? A un dernier relent phallocratique ? Il suffirait peut-être de regarder autour de nous pour répondre et s'interroger sur les motivations des Lolitas de 11 ans qui partent en string au collège... Faut-il une loi pour compenser la défaillance des parents et donner les limites de la correction? [J'avoue avoir commencé ce chapitre à une époque où certains fous de Dieu étaient encore discrets ! Une fois encore, 2150 ans + ou - séparent les propos relevés. La condition féminine s'est améliorée pendant la période hellénistique et la période contemporaine, avec un décalage voisin de 2150 ans. Le problème du port du voile était encore un phénomène rare, mais comment ne voir aussi que l'excès des uns semble se compenser par l'excès des autres...] Nul besoin à notre époque de rappeler le traitement discriminatoire dont souffrait la femme, cela est encore d'actualité. Il importe cependant de retracer les grandes lignes qui amenèrent la femme à la citoyenneté car seuls les citoyens peuvent être égaux. Posant le problème comme ci-dessus, on n'est pas étonné de découvrir que c'est sous la Révolution Française que le coup d'envoi fut donné ! Les doléances de la pauvre Jacotte, avocate des pauvres, transcrivit la réclamation de base reprise lors des Etats Généraux de 1789 : « Nous voulons une occupation non pour usurper l'autorité des maris mais pour pouvoir vivre ». Dans le bouillonnement des idées révolutionnaires, Olympe de Gouges rédigea alors « La déclaration des Droits de la Femme ». Qu'arrivait-il aux hommes de caractère en 1793 ? Ils périrent sous l'échafaud ; c'est ce qui arriva à Olympe ! Le grand Condorcet se fit tout naturellement le porte parole des femmes pour réclamer la reconnaissance de leurs droits politiques et de leur admission à tous les emplois. Mais passa Napoléon et son code qui ne fut pas tendre pour la femme. Voilà pourquoi il fallut encore 100, voire 150 ans pour reconnaître la citoyenneté féminine. Passant sous silence le début du capitalisme qui ravagea l'Homme sans distinction d'âge et de sexe et l'abrutit jusqu'à plus soif, on retrouve, dans la bourgeoisie et ceux qui la singent, la conception selon laquelle la compagne de l'homme lui appartient comme un bien mobilier acquis par le contrat de mariage, tel est le point de la situation transcrit vers 1850 par Balzac dans La Physiologie du Mariage... Si certains rapprochements sont explosifs, citons celui qui apparaît lors du grand congrès féministe qui réclame, en 1848 aux E.U. « les droits pour les femmes et pour les Noirs » ! Précurseuses « ? » en la matière, les descendantes des Vikings, les Scandinaves obtiennent en 1845 le droit à l'héritage, le droit de voter aux élections communales sera accordé en 1863, date de la parité homme femme pour cette région d'Europe. En 1920, le droit de vote est obtenu par les Américaines qui devancent les Anglaises de trois ans seulement. Les Françaises votèrent à partir de 1944 alors qu'elles disposaient librement de leur salaire depuis 1907... Pour disposer de leur fécondation et en faire un acte volontaire, il faudra encore attendre 1967, date à laquelle la pilule rendit l'amour joyeux. A quand remonte la création des juges pour enfants ? Leur apparition ne date-t-elle pas la décomposition de la famille qui se voit ainsi « administrativée », « judiciarisée » ; et ne sommes-nous pas en présence d'une certaine forme de fascisme rampant ? Que devient surtout l'autorité parentale ? Bibliographie : • La Femme, de Marie-José Chombart de Lauwe, aux éditions du Burin, Copyright aux éditions Denoël • Histoire de Polybe, Livre XXXVI, (V, 17), traduction de Denis Roussel, éditions Gallimard, bibliothèque de la Pléiade ; XXXI, 25 ; • Histoire de Rome, de Indro Montanelli, Livre de Poche. • Le Monde Grec et l'Orient, de E. Will, C. Mossé, P. Goukowski, P.U.F. • La Conquête Romaine, Piganiol, 1995, P.U.F. • Encyclopaedia Universalis ; articles : Gladiateurs ; prohibitions • Pierre de Coubertin, Rapport officiel des premiers J. O. Modernes, 1896 • Toynbee, LE MONDE ET L'OCCIDENT ; éditions Gonthier.



Chapitre V : Rome et les Etats-Unis

19mai2012


Dans le présent chapitre, les Etats-Unis sont mis en homologie avec la Rome Antique... On verra que cette homologie majeure traverse presque tous les chapitres ; il en sera de même pour l'homologie symétrique qui existe entre la Russie ou URSS et Carthage. La question qui brûle les lèvres est de savoir si le destin de l'un signale le probable devenir de l'autre. Le doute n'est guère possible mais attention, l'avenir reste indéchiffrable comme on le sait depuis toujours en dépit du fantasme de posséder une science quelconque, fut-ce celle des grands homologues qui ne manqueront pas d'apparaître : au mieux l'avenir ressemblera à une pièce vide dont les meubles figurent dans un inventaire ; bref, l'avenir est un paysage qui se perd dans le brouillard de tous les possibles. On verra que le chapitre se cantonne à l'intérieur des fourchettes qui apparaissent ci-dessous. 1492 : Les Européens commencent la colonisation de l'Amérique 1990 : La chute du mur de Berlin montre que les E-U ont détruit leur alter ego : l'URSS -750 : Les Grecs sont en pleine expansion et font la colonisation de la botte italique. -146 : Rome a détruit son alter ego : Carthage. Cette ressemblance entre les Etats-Unis et Rome est devenue une chose bien évidente pour tout le monde puisque les journalistes n'hésitent plus à employer le fait ; ils parlent alors de la politique du fait accompli quand ils commentent le comportement des E.U avec leurs partenaires; ils aiment aussi employer le terme de « Pax Américana », cette expression répond évidemment à la « Pax Romana ». Malheureusement la jeunesse du parallèle est encore prématurée, en avance d'un demi siècle probablement. Cela laisse de beaux sujets à écrire dans les années à venir. La main états-unienne doit encore s'appesantir. L'écart qui sépare notre époque du futur apogée américain est trop important pour qu'on en ait une idée précise mais cet écart important, un siècle au moins, ne nous empêche pas de saisir le fond de l'air... Il suffit d'attendre encore un peu ; déjà les Etats-Unis préparent la guerre des étoiles pour avoir la paix, leur paix. Qui peut croire sérieusement que les déboires de la politique américaine en Irak annonce le déclin des U.S. ; c'est méconnaître ou oublier les grands revers et les phases critiques que dut surmonter Rome avant d'atteindre « l'impérium » ! Si tout le monde accepte la comparaison entre les Etats-Unis et Rome, c'est que les points communs sont si nombreux que l'analyse semble superflue. Il faut pourtant esquisser les traits principaux de cette grande ressemblance : - la puissance économique, - les systèmes politiques, - la conquête de l'indépendance, - l'expansionnisme outrancier, - le capitalisme vigoureux mais devenu obscène, - l'hégémonie qui s'est étendue pour l'un et qui continue de se déployer pour l'autre, - la vie fruste des ancêtres gardiens de troupeaux de vaches qui valut celle des bergers du Latium, - la puissance militaire, - la maîtrise technique pour mener de très grands travaux et, donnée toute récente suite à l'attentat du 11 septembre, - la conscience d'une relative fragilité qui rappelle la prise de Rome par les Gaulois et qui a déjà débouché sur l'interventionnisme sécuritaire ; soit 10 points communs qui expliquent pourquoi la similitude est rapidement perçue entre ces deux grands homologues qui font la pluie et le beau temps quand cela leur plaît où leur importe. Une vingtaine d'événements homologiques datés renforcent la comparaison entre Rome et les Etats-Unis. Chacun pourra se faire une idée de la valeur de la thèse présentée en suivant particulièrement les écarts chronhomologiques ; il y aura peu de surprise même pour ceux qui sont à la recherche du détail qui chagrine... 1 - CHRONOLOGIE HOMOLOGIQUE ANTIQUITE NOTRE CIVILISATION écart Rome se constitue en assimilant les proscrits des cités et royaumes voisins. Les fondements de la culture romaine viennent d'Athènes et de Sparte. La mythologie y a rappelé une ascendance troyenne... La péninsule reçoit de nombreuses colonies grecques. (1) L'Amérique du Nord se peuple d'abord des proscrits qui viennent d'Europe. Les fondements de la culture nord-américaine viennent d'Europe en général, d'Angleterre et de France en particulier. Les colonies européennes furent nombreuses en Amérique. - vers -750 commencent les premières colonies grecques dans ce qui sera le territoire de Rome. (2) 1492 : c'est le tout premier début de la colonisation européenne du futur territoire contrôlé par les Etats-Unis. 2242 - 575, c'est à cette date que débute la construction de Rome selon des archéologues. (3) 1584, Walter Raleigh conquiert la Virginie, au bénéfice de l'Angleterre 2159 Vers -550 : introduction de l'olivier dans l'Italie du Sud. Il s'agit d'un élément puissant réutilisé dans le mythe latin ; développement « abusif » de l'élevage des moutons aux dépens de l'agriculture. (4) Vers -1550 : introduction du cheval en Amérique ; cet animal associé à la vache constitue la base du mythe du cow-boy. Mise en pâturage des territoires de l'Ouest. 2100 -509, les Étrusques sont chassés, fondation de la République romaine mais les spécialistes précisent qu'il fallut plus d'un siècle pour que celle-ci s'établisse réellement. (5) 1619 premiers convois d'esclaves ; en 1620, contrat social entre les passagers du Mayflower ; fondation de New-York en 1621 par les Hollandais. (3 années décisives pour les U.S.). 2129 Ve S C'est la nuit romaine ; le terme résume le peu de source venant de cette période. (6) XVIe S : la nuit américaine pour expliquer le peu de source venant de cette période. 2100 -366 à -337 : lente mise au point du système constitutionnel romain. (7) 1776 - 1783, guerre d'indépendance 1787 : constitution des Etats-Unis 2142 2124 -340 / -338 : 1ère guerre territoriale du Samnium : Campanie et Apulie tombent sous le joug romain. (8) 1836, 1er conflit territorial contre le Mexique, indépendance du Texas annexé en 1845. 2170 -324 / -303, 2e guerre territoriale du Samnium, les Étrusques s'associent aux Samnites pour essayer de faire tomber Rome. (9) 1845 / 1849 : 2e conflit contre le Mexique qui perd Californie, Grand Bassin et plateau du Colorado au profit des Etats-Unis. 2169 2152 -300 : Toutes les magistratures sont accessibles aux plébéiens. (10) 1829, l'élection présidentielle de Jackson met fin au système des "pères de la patrie" ; l'Amérique démocratique est en marche. 2159 -298 - 291, 3e guerre territoriale, Samnites, Étrusques, Sabins et Celtes sont battus par Rome. (11) 1853, 3e conflit territorial avec le Mexique qui vend le bassin du Rio Gila affluent du Colorado, la bande de Gadsden qui permet aux US de rectifier la frontière sud. 2145 -287, crise révolutionnaire : le peuple fait sécession et se réfugie sur le mont Janicule. (12) 1861 / 1865, guerre de Sécession, guerre civile 2148 -281 /- 272 : guerre Tarentine, dernière ingérence de la Grèce dans l'orbe romain. Face à Rome : Pyrrhus roi de Macédoine. Il mène une série de combats où il perd toute crédibilité ; il est à l'origine de l'expression : " une victoire à la Pyrrhus ". (13) 1861 / -1866 : Guerre du Mexique, dernière ingérence de l'Europe en Amérique sans aval des Etats-Unis. Dès la fin de la guerre de Sécession, les US interviennent pour appuyer les Mexicains. Napoléon III sort très affaibli de cette "sale affaire". 2142 2138 -220 : Rome maîtrise toute la péninsule après avoir, en -232, encouragé les colons à s'installer en Gaule puis vaincu les Picéniens et les Salentins, puis contrôlé l'Italie du Nord, et avoir occupé les Balkans en -220. (14) 1889 : Les USA sont unis de l'Atlantique au Pacifique grâce à l'ouverture du Trans-continental. Fin de la colonisation de l'Oklahoma, dernier territoire indien libre, la Russie a cédé l'Alaska depuis 1867. 2109 -237 : Pour la 1ère fois, Rome déborde de son espace métropolitain en occupant la Corse, la Sardaigne et l'Espagne. (15) 1897 : Pour la 1ère fois, les Etats-Unis sortent de leur espace métropolitain en occupant les îles HAWAÏ et PHILIPPINES. 2135 -215 / -205 : première guerre macédonienne, Rome intervient pour la première fois dans les affaires grecques. (16) 1914 / 1918 : Première Guerre Mondiale, les Américains interviennent pour la 1ère fois dans les affaires européennes. 2129 2123 Vers -210 : Crise économique, le prix du blé tombe si bas que les Romains refusent la livraison et l'abandonnent aux capitaines des navires en paiement du transport. (17) 1929-1932 : Krach et creux de l'économie mondiale ; chute des cours des matières premières au point qu'on brûle le café dans les locomotives à vapeur. 2139 + et - - 200 / -196, 2ème guerre macédonienne : après sa victoire sur Carthage, Rome se retourne contre la Macédoine de Philippe V qu'elle occupe. (18) 1939-1945, 2ème guerre mondiale : après avoir repoussé l'avancée du Japon, les US se jettent dans la guerre en Europe qu'ils occupent. 2139 2141 -195 Échec du soulèvement Espagnol contre Rome ; en -181/-178 : nouvel échec ; en -154/-133, échec définitif contre Rome. "Les terribles guerres de Lusitanie et de Celtibérie épouvantent les Romains à tel point que les jeunes gens se dérobent au service"...Cf Piganiol p376 de La Conquête Romaine. (19) 1954-1975 : guerre du Vietnam ; d'abord les Français puis les Américains face aux forces communistes entre 1964 et 1973 ; Mouvement des jeunes Américains qui refusent "cette sale guerre". Qui est vainqueur de cette guerre suivie de celle du Cambodge pour un observateur de l'an 2000 ? Ajouter la Corée. 2150 ou 2108 -149 / -146 : fin des guerres puniques ; Carthage est rasée puis rebâtie sur un autre site. (20) La Russie remplace l'URSS. 1989 : chute du mur de Berlin ; 1990/91 : éclatement de l'URSS. Fin de la guerre froide en mai 1997 accords Clinton Eltsine 2138 2137 Tous les événements se situent nettement à l'intérieur de la fourchette qui pivote autour de 2150 ans: < 2070-2150-2230 >. Le cas n°2 qui en sort met en présence la colonisation grecque de l'Italie et l'arrivée de Christoph Colomb en Amérique, il ne présente qu'une trentaine d'années en dehors de la durée homologique fixée. L'analogie n'en demeure pas moins pertinente ; cet écart chronologique est agaçant mais on remarquera que l'Italie était connue des marins grecs quand l'Amérique était encore ignorée des navigateurs européens. On voudra bien se souvenir que cette étude ne se propose pas de formuler une théorie mais de vérifier un phénomène. Par contre, si l'on étudie la colonisation on trouve alors face à face : - les premières installations, avec la date approchée - 775 pour la plus ancienne colonie grecque et - 1402 pour la colonisation des îles Canaries par Jean de Béthencourt, ceci marquant bien la première sortie d'Europe avec gain de territoire. L'écart est alors ici de 2177 ans, conforme à l'encadrement de départ que je me suis fixé dans le chapitre II. Ce détail montre finalement qu'il ne faut rechercher que les grands mouvements historiques et non point l'événement subalterne, il montre probablement que l'écart chronhomologique est un peu plus élastique que la notion avancée ici. On remarquera par ailleurs que Béthencourt incarne bien cette phase d'aventures de territoires nouveaux...t 2 - LA FORMATION DES TERRITOIRES "Bergers romains d'un côté et vachers américains de l'autre progressent... Tous aventuriers mais éleveurs d'abord, ils saisissent les territoires au gré des avancées." Cette phrase de Piganiol (cf; bibliographie; p85) fait mouche dans le champ des homologies, et que dire de cette déclaration ": « Les villages romains, à la limite des terres latines, accueillaient des étrangers ; ils devinrent, selon la légende, le refuge des outlaws. » Il ne peut s'agir d'un lapsus dans la bouche d'un spécialiste de l'envergure de Piganiol ! 2.1 - Etats-unis Longtemps cantonnés entre la rive Atlantique et le Mississipi qui reste une frontière intérieure, les colons venus des royaumes européens poursuivent en Amérique l'hostilité des Etats dont ils sont sujets. Ils se lancent finalement à l'assaut de l'espace intérieur et c'est alors que les nouveaux Etats se forment à la suite les uns des autres, citer leurs dates de constitution revient à égrener la plupart des nombres compris entre 1792 et 1819 ! L'INDÉPENDANCE américaine lève le premier verrou puis ce sera la vente de la Louisiane qui ouvrira la clé des champs... En 1803, l'achat de la Louisiane à la France napoléonienne permet aux Etats-Unis de doubler la superficie de leur territoire et de créer 14 Etats dans ce nouvel espace ! L'Espagne, en quasi coma dépassé depuis sa mise au pas en 1808 par Napoléon, avait encore suffisamment de clarté politique pour décider de vendre la Floride en 1819 ; cela lui permet d'attendre la fin du siècle pour connaître la défaite militaire lors d'un combat inégal contre les Etats-Unis, les Espagnols osaient encore occuper Cuba ! C'est que le rêve américain redouble d'intensité et gare, déjà, aux empêcheurs de faire tourner en rond les caravanes. Un litige à propos de l'Oregon et des terres voisines s'éternisa avec le Royaume-Uni qui ne voulait pas en perdre le bénéfice... Après une quarantaine d'années de longues discussions, en 1846, un traité met un terme au problème : la frontière canadienne est alors fixée au nord du 49e parallèle ! Et puisque les Américains sont en train de définir les frontières de leur pays, ils apprennent à cette occasion que les voies diplomatiques sont parfois laborieuses et lentes. Quittant les limites septentrionales pour s'occuper des frontières méridionales qui les séparent du Mexique, les représentants de la toute nouvelle République espèrent aller plus vite en employant la manière forte... C'est donc cette méthode qui rendra leur voisin mexicain conscient du colosse un peu encombrant : les Etats - Unis récupèrent ainsi entre 1835 et 1848 un gigantesque espace où, successivement, Utah, Texas, Californie, Nevada, Arizona et Nouveau-Mexique seront taillés. Le tout est enregistré en 1848 dans le traité de Guadalupe Hidalgo qui fixe finalement la frontière selon le tracé du fleuve Rio Grande bien réutilisé par les cinéastes pour magnifier cette limite méridionale. Une ultime rectification mineure intervient encore aux dépens du Mexique qui a eu le grand tort de rester voisin des Etats-Unis ... et, comme son gouvernement se souvient de la méthode diplomatique active, le Mexique préfère la souplesse et la relation marchande : il vend cette fois le bassin du Rio Gila qui est un affluent du Colorado ; l'ensemble est connu sous le vocable de « la bande de Gadsden ». En 1853, apparaît donc le tracé de la frontière sud tel que nous le connaissons actuellement. En 70 ans d'indépendance, le territoire des Etats-Unis avait plus que triplé (depuis 1789) ! Tout comme Carthage en expansion quelque deux mille ans plus tôt avait fini par chatouiller les Romains en s'en approchant d'un peu trop près, la Russie tsariste finit par conquérir la Sibérie et, à force d'aller toujours plus loin vers l'Est, les colons russes avaient fini par mettre le pied sur le continent américain en débarquant en Alaska... Mais à cette époque, comme chez les homologues 2250 ans plus tôt entre Rome et Carthage, Les Etats-Unis et la Russie entretenaient des relations amicales. La Russie comprit plus rapidement que les Mexicains qu'il était plus rentable de vendre l'Alaska qu'elle avait gagné dans son élan de conquête territoriale, toujours plus loin au fin fond sibérien. La transaction s'opéra en 1867 pour la somme de 7,2 millions de $. Ce qui ne servait aux Russes que de comptoir de chasse aux animaux de fourrure se transformera en cadeau de la divine providence pour les Américains puisque durant le siècle qui suivit, l'Alaska devint l'objet d'une ruée vers l'or, d'une ruée vers le pétrole, bientôt d'une ruée vers les métaux précieux pendant que sa situation géographique toute polaire lui conférait une importance stratégique essentielle durant la Guerre Froide ! Les délices de l'expansion territoriale avaient frappé les hommes politiques américains qui se rallièrent tous ou presque à la doctrine de Monroe, qui disait en gros que l'Amérique appartenait aux Américains, (on comprendra plus tard que seul un Américain des Etats-Unis est un Américain, les autres étant Brésiliens, Argentins, Chiliens et autres ; ces derniers ne devenant Américains qu'en s'alignant derrière l'orthodoxie américaine...). Ce comportement leur permettra par ailleurs de manigancer pour récupérer des espaces hors continent. On trouve une belle illustration de leur « puritanisme politique » en survolant l'histoire du rattachement des îles Hawaii aux Etats-Unis. Ainsi, dans un premier temps en 1842, les Etats-Unis reconnaissent l'indépendance d'Hawaii. La vie s'écoule au bruit idyllique des vagues et des noix de coco tombant sur le sable, mais des troubles surviennent en ce paradis d'Hawaii. En 1893, la reine est déposée, c'est le vide. Le pays devient indépendant et arrive même à se proclamer République Hawaiienne en 1894. Quatre années passent encore puis, en 1898, le nouveau régime hawaïen réclame son annexion, comme un grand enfant à la recherche de parent adoptif ; les Etats-Unis font la sourde oreille... Ils mettent deux ans pour se décider à cette douce violence : accepter la récupération d'un des plus beaux sites stratégiques du Pacifique. Mais il faudra toutefois attendre 1959 pour que ce cinquantième Etat américain soit proclamé. Il suffit d'un coup d'œil sur la sphère terrestre pour comprendre ce qu'on appelle une avancée territoriale stratégique ; car c'est bien l'intérêt stratégique qui guida les Américains dans l'expansion à travers l'Ouest du Pacifique. Ils surent évincer les Français et les Anglais qui avaient compris avant eux tout l'intérêt stratégique des archipels du Pacifique... Il s'agit là d'une conquête logique dont les distances grandissantes d'avec la métropole s'établissent selon la chronologie suivante : • 1867 saisie de l'archipel des Midway • 1887 saisie de l'archipel Pearl Harbor et saisie de l'île de Wake et de Guam • 1899 saisie de l'île de Samoa mais échec des tractations pour établir un bail sur l'île de Formose en 1900. A l'issue de ces acquisitions ou de ces conquêtes, les troupes américaines peuvent quitter leur pays et traverser le Pacifique à cloche-pied, sautant d'un îlot à l'autre pour atteindre l'Asie. La chronologie met bien en évidence la régularité de l'avancée à travers le Pacifique qui n'est certainement pas le résultat du hasard mais celui d'une action cohérente dès avant 1900 ! A moins de croire aux divines surprises... La conquête de l'Ouest est donc achevée, l'aventure ne peut que se rejouer vers l'Est et le Sud pour achever sa boucle en Europe en 1917 ! Mais là, il s'agira (d'abord ?) d'un protectorat sur Panama en 1903, puis le Nicaragua en 1909, puis la République Dominicaine en 1905, puis Haïti en 1915. Quant à Cuba, le XXe siècle ne sera pas suffisant pour y inscrire l'intégralité des interventions américaines qui démarrent entre 1898 et 1903, se poursuivent entre 1906 et 1909, reprennent entre 1917 et 1922 et auraient pu finalement allumer la guerre nucléaire entre les deux blocs en 1962 ! Qui ne perçoit pas l'étrange ressemblance entre la politique des deux grands en Amérique Centrale et les heurts qui opposèrent Rome et Carthage en Sicile ? Qui ne voit pas en Amérique Centrale la quasi-totalité des régimes culbutés par des révolutionnaires marxistes renversés eux-mêmes par des commandos financés par les Etats-Unis ? Rome occupait les territoires gagnés militairement et ne généralisait que très longtemps après le Droit Romain ; les E.U. reproduisent là encore le modèle. Un Brésilien est-il Américain ? Non, mais qui oserait soutenir que son pays échappe à la tutelle des E.U. ? La Bolivie qui a élu un Président pro Indien, subira les pires avanies dès 2006 si la politique de ce pays s'écarte au mieux de la neutralité ; le cas du Chili des années 1970 d'Allende ne pourra que se reproduire. Les guerres indiennes sont passées sous silence, elles se résument trop facilement. Les Indiens étaient les premiers propriétaires de l'Amérique ; ils furent massacrés quand ils essayèrent de défendre leur culture qui reposait sur la propriété collective du sol. Cette notion de propriété collective était incompatible avec toute colonisation, les indiens disparurent. 2.2 - Rome Suivre l'histoire de Rome durant les siècles qui précèdent l'année -148 qui voit la destruction de Carthage et la Grèce passer sous son contrôle, c'est suivre l'histoire de son expansion. La cité étant grosso modo située en position centrale dans la péninsule on assiste à son expansion par la destruction des adversaires les plus proches, la péninsule devient romaine jusqu'à ce que l'expansion permette de rencontrer l'adversaire mortel : Carthage ! Que font deux animaux sauvages dont les territoires viennent en contact ? Ils s'intimident, ils s'en accommodent ou se battent à mort. Ici, l'issue sera fatale pour les descendants de la race punique issue de la Syrie Phénicie quand ils voulurent concurrencer Rome. Montesquieu qui mena une vie de réflexion sur le pouvoir des Etats voyait dans la Rome primitive une espèce d'Etat pillard, ce que formula autrement maître Goebbels, le très expert nazi : « Ce que tu possèdes, je le prends, la guerre n'a pas d'autre sens » ! Piganiol, à qui nous devons beaucoup ici pour l'histoire de Rome, précise que l'expansion romaine se fit le long des chemins de transhumance des troupeaux qui rayonnait à partir de Rome. On pense immédiatement ici à l'épopée du Far West chez l'homologue américain ! Le développement territorial de Rome fut donc celui des bergers, tout comme celui des E.U. fut celui des vachers quelque 21 siècles plus tard. Piganiol précise que « ... la conquête de l'Italie centrale au IVe siècle a été guidée par les moutons - un peu comme, dans les forêts vierges, les premiers sentiers sont tracés par les fauves. Pourquoi la paix a-t-elle été respectée entre Rome et la Sabine depuis le Ve siècle jusqu'au IIIe ? Evidemment à cause d'accords de transhumance. Comment Rome a-t-elle franchi à la fin du IVe la forêt Ciminienne au sud de l'Étrurie ? En déguisant ses émissaires en bergers escortant des troupeaux. Comment expliquer que ses armées, parvenues aux conques de l'Apennin central, sont tout naturellement redescendues vers les Pouilles ? Parce que Rome utilisait le va-et-vient des troupeaux qui oscillait entre Sulmona et le Tavoliere des Pouilles. Qu'est-ce qui a ouvert aux Romains la route de l'Ombrie ? La route des troupeaux (...). » Vers -c.350, un accord est signé entre Rome et Carthage qui viennent de découvrir que leurs territoires sont adjacents ; ils signent un accord très courtois ; 21 siècles plus tard leurs homologues, quand ils en arriveront à se toucher en Alaska - Sibérie, préféreront mettre le pas en arrière : la Russie vendra l'Alaska en 1867 ! (2217 ans après) la première guerre du Samnium Mais c'est bien vers -350 que les conflits prennent des allures de conquêtes voire d'extermination. Les guerres répétées finirent par détruire le peuple Samnite à l'issue du troisième conflit. Il s'agissait d'un peuple qui vivait dans le Sud de l'Italie montagneuse et eut la très mauvaise idée d'attaquer le peuple de Campanie. Ce dernier eut l'intelligence, selon la formule consacrée, de « s'en remettre à Rome» qui ne laissait jamais tomber ses alliés ... Entre -340 et -338, la première guerre du Samnium raccrocha la Campanie et l'Apulie au territoire de Rome qui s'était mise en marche vers l'extrême Sud occupé jusqu'alors par quelques Cités grecques, l'ensemble formait avec la Sicile ce qu'on appela «la Grande Grèce » dont Tarente était l'un des grands centres. Vers -c.334, de nombreuses villes se donnent à Rome : Capoue, Cumes, Suessula, Acerrae... la 2e guerre du Samnium Plus longue fut la 2e guerre du Samnium, presque 20 ans entre -324 et -303. Elle eut à l'origine des raids samnites sur les villes qui s'étaient livrées et tout particulièrement Naples ; Rome réagit mais fut à deux doigts de tomber sous les coups de la coalition réalisée avec les Etrusques dont la lucidité ne fut que trop tardive. La conclusion fut la victoire éclatante de Rome. Pour la 3e fois, un traité de « coexistence pacifique » est signé en l'an -305 / -306 mais qui n'interdit pas la 3e guerre du Samnium. Battus par deux fois déjà, les Samnites s'associent aux Etrusques, aux Sabins et aux Celtes mais en vain car ils sont définitivement battus et ne doivent leur survie qu'au fait de passer alliance avec Rome qui, en 50 ans, triple son territoire. à l'assaut de Tarente Découvert par les Romains lors de la première guerre, l'extrême sud de l'Italie les avaient conquis en leur dévoilant ses charmes. C'est donc quasi naturellement qu'ils se lancèrent entre -281 et - 272 à l'assaut de Tarente et de ses villes commensales qu'on situe aisément dans la semelle de la botte italienne. Mais ils y rencontrèrent Pyrrhus, une espèce de condottiere venu de la Grèce profonde et qui avait dans son sang quelques gènes communs avec le Grand Alexandre, l'empereur qui fit trembler le monde antique une soixantaine d'années plus tôt. (Voir le chapitre qui lui est consacré dans le parallèle mené avec NIII descendant lui-même de Napoléon). L'histoire se termine avec la chute des Samnites, des Lucaniens, des Bruttiens et des Tarentins. Bref, ça déménage comme 2100 ans plus tard les Américains feront avec les Apaches, les Sioux ou autres Peaux Rouges... En l'an - 275 la semelle et le talon de la botte italienne étaient grecs depuis 500 ans mais ils passèrent sous la sandale romaine; cela ne modifia que l'aspect politique de la péninsule... Avec l'occupation de Tarente, la présence maritime du vainqueur se renforça nettement ; Rome accrut encore son prestige pour avoir battu le monde grec, c'est de cette époque que le terme « Italie » réservé jusqu'alors au sud, fut employé pour toute la Péninsule qui se faisait donc régulièrement grignoter par Rome. Cette longue série de conquêtes s'était donc effectuée le plus souvent en employant les armes et, comme Rome avait eu finalement le dessus, force est de constater que Rome était devenue, sans l'avoir réellement voulu, une puissance militaire de premier ordre. Quand Rome se lança sur l'eau, elle ne connaissait rien à l'art du combat naval mais comme les citoyens romains voulaient en découdre et gagner, ils devinrent géniaux. Ils utilisèrent tout ce qu'ils avaient à leur portée et qu'ils employaient couramment dans les combats terrestres ; ils utilisèrent des grappins et des passerelles qui permirent d'aller à l'abordage au lieu de manœuvrer en suivant les règles du combat naval pour harponner l'adversaire. Et, comme il n'y avait pas d'arbitre, l'effet de surprise joua pleinement ; Rome remporta ses combats navals et modifia de ce fait l'art de ces combats... Sur terre, et dans les 20 années qui suivent, la légion romaine fit aussi des étincelles en battant la phalange macédonienne qui incarnait la perfection du choc frontal des armées de terre. Bref, les contemporains virent bien à ces multiples petits détails que Mars, le dieu de la guerre, avait bien reconnu sa descendance parmi les Romains qui migraient à travers la péninsule devenue romaine! Les Grecs de Pyrrhus qui venaient tracasser les Romains ne savaient certainement pas que ceux-ci avaient en la personne du dieu Mars un supporter enthousiaste et efficace ; ils l'apprirent à leurs dépens. 3 - étrusques et planteurs 3.1 - Homologie Les Etrusques, gens très sophistiqués, sont ici mis en homologie avec les grands planteurs du Sud des Etats-Unis, ces derniers étaient les descendants d'aristocrates anglais venus faire fortune en Amérique tout en préservant leur monde sophistiqué. L'histoire retient des Etrusques leur raffinement, ce qui ne les empêcha pas de disparaître... Ils entretenaient des rapports étroits avec la Grèce en générale et la Grèce d'Asie en particulier. Chez les Romains rien ne s'oppose plus aux Etrusques que la plèbe; ils constituent deux univers situés aux antipodes l'un de l'autre ; cette séparation se retrouve aux Etats-Unis où le monde de la richesse et du raffinement des planteurs du Sud se confronte à la misère des esclaves noirs et des petits blancs. les zones d'occupation étrusque Comme les Etrusques furent les premiers occupants, qu'ils avaient émigré, qu'ils possédaient une culture plus ancienne que celle des Romains qu'ils dominèrent durant plusieurs siècles, il n'est guère très difficile de trouver l'homologue des Etrusques. Il s'agit bien des Européens, et tout particulièrement une certaine noblesse anglaise qui arriva tôt, profita de sa supériorité financière et culturelle et contrôla de grandes propriétés... Ces Britanniques gardèrent longtemps leur tradition seigneuriale. Le Sud des Etats-Unis, compris entre la Virginie et la Géorgie, possède une terre riche et un climat chaud, cela prédisposait donc toute cette région à la culture du tabac et du coton ; ce qui arriva en entraînant tout naturellement la réalisation des conditions nécessaires à cela : de grandes propriétés de plus de 1000 hectares, une main-d'œuvre nombreuse et la recherche de la plus grande rentabilité, cela impliquait l'emploi d'esclaves et donc l'organisation du commerce « du bois d'ébène » comme cela se disait alors couramment ! Cette région du Sud connut dès le début l'attrait des aristocrates anglais qui s'y regroupèrent en créant une certaine unité puisqu'ils venaient d'un même royaume. Ces hommes se sentaient solidaires d'autant qu'ils fuyaient la répression de Cromwell. Ces Britanniques étaient les célèbres Cavaliers qui avaient combattu pour le roi Charles Ier et contre Cromwell lors de la guerre civile qui ravagea le pays entre 1642 et 1646. Pour échapper aux persécutions, la plupart de ces Cavaliers migrèrent dans le Sud des futurs Etats-Unis ; là, ils s'adaptèrent au nouveau climat et finirent par créer la culture sophistiquée et dominante du Sud. Ces nobles créèrent tout naturellement un système oligarchique qui résidait entre les mains des grands propriétaires fonciers, ils apprirent à gérer et devinrent de bons administrateurs. L'avenir leur appartint... jusqu'à la guerre de Sécession qui, outre la domination du Nord et l'abolition de l'esclavage, ne fit somme toute que trancher le dernier lien qui reliait l'Ancien Monde au Nouveau. C'est la Guerre de Sécession qui fit disparaître la société des planteurs du Sud ; plus qu'une guerre anti-esclavagiste, ce conflit fut d'abord celui d'un groupe d'intérêts opposé à un autre qui nécessitait un bouleversement des pratiques pour éclore. Ne peut-on pas y voir l'opposition entre la ville et la campagne ? Ne peut-on pas y voir également la dualité entre le capital mobile et boursier investi dans l'industrie qui s'oppose au capital figé du grand propriétaire terrien ? Ne peut-on pas y voir le citoyen né du melting-pot qui s'oppose à l'héritier traditionnel, celui-ci profite d'un bien existant quand celui-là doit le créer ? Cette guerre n'est-elle pas le heurt entre deux conceptions politiques : le fédéralisme contre l'autonomie ? Ne fallait-il pas que l'un meure pour que l'autre vive ? Tout cela n'explique-t-il pas la violence des combats et la vigueur des légendes qui en naquirent ? Pour naître un jour, ne faut-il pas tuer son père ? Freud le dit, mais il parle d'un meurtre symbolique. Les Romains, qui ne connaissaient pas Freud et ne savaient donc pas qu'on peut vivre sans assassiner qui que ce soit, rencontrèrent, dans le cadre de leur expansion, une civilisation plus avancée que la leur : celle des Etrusques. Ils s'en servirent comme tout naturellement le fils s'inspire du père. Mais, au début, la civilisation étrusque étant plus évoluée, elle prit le dessus et ses rois régnèrent même à Rome... Quand les Romains s'en délièrent, ils en supprimèrent jusqu'à la moindre petite trace au point que, de nos jours, les historiens n'ont pas encore fini de la cerner alors qu'elle eut un rôle prépondérant à une certaine époque ! Les études récentes situent l'origine des Etrusques en Anatolie, la Lydie ; leur patrie originelle serait située quelque part entre Syrie et Dardanelles... à quelques coudées de l'ancienne Troie d'où la légende romaine fait précisément venir l'ancêtre Énée ! Hasard ? Les ancêtres des Etrusques auraient donc migré aux alentours du IXe siècle et auraient débarqué en Italie où ils se créèrent des territoires dominés par des Cités Etats après s'être plus ou moins amalgamés aux membres de la civilisation avancée et autochtone (Villanoviens) qui avaient subi l'influence grecque. C'est de ce mariage heureux réalisé entre les autochtones et les migrants d'Asie que la civilisation étrusque serait née. Les Etrusques s'installèrent, grosso modo, dans la plaine padane (Pô) après avoir colonisé les côtes marécageuses de l'actuelle Toscane dans la région qu'on appela alors Étrurie, ils s'y multiplièrent et devinrent plus ou moins les maîtres des lieux au point qu'à partir de -575 Rome tomba entre leurs mains avec les rois étrusques tel Tarquin l'Ancien (-616 / -579) et Tarquin le Superbe, le dernier roi de Rome (-534 / -510) qui perdit sa couronne au cours de la révolution qui instaura la République. Rome se lança dans la conquête des villes étrusques les unes après les autres... La conquête définitive de l'Étrurie ne s'acheva qu'en -283. Les archéologues ont mis en valeur leur goût du luxe et leur amour de la vie qui explique un art funéraire évolué où se retrouve l'influence anatolienne, syrienne et égyptienne. Les Anciens racontaient l'importance que les Etrusques attribuaient à la religion et surtout à l'art divinatoire qui passa dans la culture romaine. Ils formaient d'abord un peuple de métallurgistes dont la richesse provenait de la mise en valeur des mines de cuivre de Toscane et celles de fer de l'île d'Elbe. Ceci dit, les Romains supprimèrent les Etrusques quand ils eurent tout appris d'eux : l'art, la technique, la bijouterie, l'urbanisme, l'haruspicine et l'extipicine qui sont sciences divinatoires, ils prirent même un peu de leur joie de vivre mais refoulèrent l'insouciance étrusque qui avait perdu ces derniers comme on le verra un peu plus tard. Les Etrusques sont donc aux Romains ce que les aristocrates furent aux Yankees même s'il est difficile actuellement de retrouver le gentleman-farmer dans l'éleveur texan ou le riche planteur du Sud, l'idée de « l'Étrusque » américain se précise clairement quand on revoit le film « Autant en emporte le vent »... 3.2 - Etats-Unis ; la guerre de sécession : entre 1861 et 1865 NIII et la guerre du Mexique : entre 1861 et 1866 La Guerre de Sécession et la Guerre du Mexique sont concomitantes, celle-ci menée par une coalition d'Européens au Mexique se termine la dernière. Les Américains, bien occupés par leur conflit intérieur, avaient bien fait savoir leur hostilité aux Européens qui perdirent finalement la partie. Napoléon III entama, avec cette escapade navrante en Amérique, sa descente aux enfers qui le mena tout droit à la capitulation de Sedan en 1870. Les historiens spécialistes de cette époque reconnaissent volontiers qu'un arrêt plus rapide de la Guerre de Sécession aurait entraîné une intervention américaine contre les troupes européennes... On fait mine de croire que c'est pour les beaux yeux des esclaves noirs que la terrible guerre de Sécession arriva. La chose est moins nette. Piganiol, le spécialiste français de l'histoire romaine, ne se prive pas de rappeler qu'il est bon de rechercher les causes réelles des guerres romaines ; ce que certains actualisent en affirmant qu‘il y a toujours une raison économique aux conflits américains... Allons donc voir ce que l'on trouve dans l'Encyclopaedia Universalis à l'article Esclavage. On y apprend finalement que : « ... la Guerre de Sécession a fait s'affronter deux systèmes économiques aux structures opposées. Dans le Sud s'était constituée une économie agricole très semblable à celle des pays d'Amérique latine, fondée sur la production de produits tropicaux. Une société colonialiste s'y était formée, plus proche, au fond, de celle des Antilles ou du Brésil que de celle des Etats du Nord. La plantation coloniale restait le moyen de mise en valeur de sols du sud des Etats-Unis (...). Au contraire, la structure économique des Etats du Nord était plus largement industrielle et la main-d'œuvre était rémunérée. L'abolitionnisme nordiste était justifié par le souci d'éviter la concurrence de la main-d'œuvre servile non rétribuée face aux salaires élevés du Nord. Cette guerre tire son caractère particulier du fait qu'elle mit aux prises une colonie de plantation et une colonie de peuplement dont les points de vue sociaux ne pouvaient coexister ».... Autrement dit cette guerre est l'affrontement de deux cultures non miscibles, l'une venant alors terrasser l'autre au cours d'un mortel affrontement. " L'idée que la Guerre de Sécession fut d'abord un combat pour la suppression de l'esclavage traîne dans de nombreux esprits. Non, la Guerre de Sécession fut d'abord une guerre pour imposer un système unique auquel obéiraient tous les Etats. Tout séparait Nord et Sud et parmi les griefs que le Nord reprochait au Sud, il y avait aussi l'existence de l'esclavage... On imagine que si la disparition de l'esclavage avait été la raison essentielle, jamais « le problème noir » ne serait apparu avec tant d'ampleur en 1950, il aurait été résolu à cette époque. Preuve en est donnée par la chronologie des décisions : l'esclavage est interdit en 1862 mais dans les territoires, c'est à dire seulement dans les Etats en formation ; il est interdit en 1863 ( !) dans les Etats rebelles ; il est interdit en 1865, (fin du conflit !) dans tous les Etats de la république. Il faut encore attendre les 14 et 15ème amendements votés en 1868 et 1870 pour garantir à tous les Américains l'égalité des droits et la même protection de la loi. Le problème noir des E.U. reconduit l'antique réclamation de la plèbe romaine qui alla jusqu'à faire sécession sur le mont Aventin. Le conflit armé qui aboutit à la ruine et à la destruction du Sud tout en y supprimant la culture de type coloniale « reproduit » ce que l'on avait vu durant l'antiquité : la dernière guerre qui ruine la culture étrusque. 3.3 - Rome ; guerre contre les étrusques, problème de la plèbe ; Pyrrhus en Italie du sud et en Sicile Vers le cinquième siècle avant J.C., la culture étrusque rayonnait autant que celle des Grecs établis dans le sud de l'Italie autour de Tarente et s'il ne reste presque rien de celle-là c'est parce que les Romains se sont ingéniés à supprimer la moindre trace de ceux qui faillirent prendre le dessus dans la conquête de la péninsule. C'est probablement à cause de l'acharnement romain que les documents qui présentent le conflit sont peu nombreux et précis. Concernant les malheurs étrusques, un extrait de l'article « Etrusque, civilisation » de l'encyclopédie Encarta permet d'en apprécier l'ampleur : « Le IIIe siècle av. J.-C. fut une période particulièrement noire pour les Etrusques lorsque les Romains, ayant soumis la presque totalité du centre et du sud de la péninsule, portèrent leur attention vers le nord. A leur tour, les cités étrusques de Caere, Tarquinia et Vulci furent forcées de payer un tribut et de céder certains territoires à Rome : les dissensions au sein de l'aristocratie et les révoltes des classes inférieures entraînèrent l'effondrement de la structure sociale de certaines cités, comme Volsinii. Évaluant leur situation, plusieurs cités étrusques s'allièrent alors à Rome, de sorte que les lois romaines s'appliquaient souvent aux peuples étrusques». L'Histoire Mondiale Synchronoptique de A. Peters permet cependant de retracer la chronologie sommaire de quelques moments cruciaux du conflit : • En - 283, Rome repousse une attaque celte soutenue par les Etrusques. Ce conflit se déroule en prémices de la Guerre Tarentine durant laquelle les Romains commencent à s'attaquer à la Grande Grèce ; cette dernière appelle un Grec à son secours, Pyrrhus, pour les défendre. Débâcle de Pyrrhus qui aura été le dernier Grec à convoiter le futur monde romain. • l'équipée de Pyrrhus d'Epire en Italie puis Sicile et retour en Italie. • En -264, les armées romaines battent la ville étrusque de Vulsinii. Les villes étrusques situées au sud du fleuve Arno sont alors définitivement rattachées à Rome. C'est à partir de ces années que Rome devient une grande puissance. • En -241, la ville étrusque de Faléries est détruite après sa révolte contre Rome. Les dates extrêmes, -283 et - 241, donnent la période durant laquelle le problème étrusque fut tranché : par le sang, par le ralliement ou par la destruction totale des lieux de résistance. On remarquera la quasi concomitance de la phase aiguë du problème étrusque avec le succès des réclamations de la plèbe qui obtient enfin une partie du pouvoir politique. En effet, c'est en -300 que la plèbe obtient le droit d'accéder à toutes les magistratures, le tout se déroulant pendant la période durant laquelle Rome fait la conquête de la péninsule et entre en contact avec Carthage ! Seule une force irrépressible, comme le fut Rome au cours du 3ème siècle, pouvait venir à bout de tant de chausse-trapes sans chuter ! Ce qui était en cause pour les Romains c'était « la dolce vita » des Etrusques, le fait d'exister faisait obstacle à l'expansion des Romains qui ne toléraient que ceux qui leur faisaient soumission. Litanie chronologique : -300av / -241av le conflit durant l'Antiquité +1861/ +1866 soit un écart compris entre 2161 et 2107 ans. 4 - les moyens de communication 4.1 - Rome : La Voie appienne vers -312 ; La via Flaminia vers -220 ; La via Emilienne en -187 ; Rome dans la péninsule On a déjà vu que l'expansion de Rome se fit d'abord en suivant la piste des moutons.., cela jusqu'à la fin du IVe siècle où Rome se sentit pousser des ailes. Ceux qui organisèrent son expansion réfléchirent aux moyens à mettre en œuvre ; Appius Claudius Caecus était de ceux-là. Censeur, consul puis préteur, c'était un écrivain romain qui avait réussi en politique et qui donna son nom à la plus ancienne des voies romaines que l'on peut comparer à nos moyens modernes de locomotion : voie ferrée, autoroute voire ligne aérienne. La voie appienne, commencée en -312, reliait Rome au sud de la péninsule, Capoue puis Tarente pour se terminer ensuite à Brindisi. Quand les Romains comprirent tout l'intérêt militaire d'une desserte rapide, les voies devinrent un moyen de conquête et c'est alors que leur réalisation fut soignée afin qu'elles puissent supporter un trafic intense. Les principales voies sont la voie Aurelia qui relie Arles à Rome et qui fut tracée à partir de -241, puis vint la voie Flaminia qui relia en -220 Rome à Rimini sur la côte nord de l'Adriatique, puis la voie Salaria entre Rome et la proche Adriatique servit pour en ramener le sel, puis la voie Aemilia en -187 prolongea la voie Flaminia jusqu'à Milan desservant ainsi la plaine padane. Toutes ces voies coupèrent le réseau étrusque et le disloquèrent. N'est-ce pas l'ouverture des voies qui renforce finalement l'expansion territoriale qui nécessite le prolongement des voies pour faire un saut plus loin ? 4.2 - Etats-Unis : pistes ; chemin de fer ; La Panaméricaine, début 1925... Les colons français, qui occupaient grosso modo le bassin du Mississipi, se mouvaient selon l'axe nord - sud du bassin pour communiquer avec le Canada, ce simple fait confinait les colons anglais dans un espace situé à l'est des Rocheuses. La guerre de Sept Ans sous Louis XV, dans sa phase coloniale qui se soldait par la perte de l'empire colonial français, allait déverrouiller le statu quo. La disparition de l'obstacle français ouvrait en grand la course vers l'ouest qui s'emballa surtout après la vente de la Louisiane par Napoléon. Cette ouverture se transformerait rapidement en un Niagara migratoire humain quand les Etats-Unis acquirent leur indépendance. A l'ouest des Rocheuses, un quasi continent était à coloniser, et il le fut, en suivant d'abord les pistes des troupeaux puis en empruntant la voie ferrée qui relia les deux bords des Océans en 1862 et 1869. Tout comme les voies romaines furent le moyen de la colonisation et de la domination de la péninsule, les voies ferrées transcontinentales furent le principal moyen de transport des colons européens qui partaient pour l'Ouest. Il fallut encore attendre 1925 pour que le grand congrès panaméricain réuni à Buenos-Aires prenne la décision d'entreprendre la route transcontinentale du Nord au sud du continent pour achever l'équipement de l'Amérique ; cette autoroute est quasiment achevée actuellement. En définitive, relater le déplacement de la frontière intérieure qui retrace les étapes de l'épopée du Far West, n'est-ce pas revivre l'expansion du territoire américain ? Les deux sont intimement liés, un peu comme l'homme et son ombre. Si l'on considère la dernière grande liaison on constate un écart de 2112 ans entre l'époque de la voie Emilia (-187) et celle de la Panaméricaine (1925). Entre la 1ère liaison ferrée aux Etats-Unis (1862) et la construction de la voie Appia (-312), l'écart est de 2174 ans. 5 - la grande crise économique Cette grande crise économique antique rappelle étonnamment la crise de 1929 ! L'esprit rationnel ouvert aux surprises constate finalement que dans les mêmes circonstances, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Pour trouver la période homologue au krach de 1929 qui s'installa en 1930 pour cinq à six ans, il faut calculer ainsi : 1930 - 2130 soit -200, or la baisse catastrophique des prix eut lieu en -210 ! Etonnant, non ? La crise de 1929 reste confuse car les très nombreuses explications sont parfois contradictoires ; on avance surtout le fait des placements excessifs effectués durant les décennies de 1850 et qui touchaient les activités relevant du développement ferroviaire. Il n'empêche que la crise des années 30 est nouvelle, elle vient pour la première fois des E.U et affecte le monde entier. De 1945 à 1973, l'économie des pays les plus industrialisés traverse une période de forte expansion qui sera baptisée de «trente glorieuses » par l'économiste Jean Fourastié. La production mondiale triplera, le volume des échanges par tête quadruplera malgré l'explosion démographique planétaire. Le niveau de vie général sera en très forte hausse dans les pays industrialisés et l'économie deviendra mondiale et sera soumise à la valeur du dollar américain inconvertible depuis 1970. Depuis 1975, les crises économiques se succèdent, les banques sont en crises et certains pays sont en situation de faillite. Depuis la chute de l'U.R.S.S., les spéculations s'attaquent aux monnaies au point de mettre les pays en danger. Les usines licencient leur personnel non pas pour franchir un cap difficile mais pour augmenter la rentabilité des actions. Plus personne ne sait ce qu'il faut faire... Qu'en est-il de notre période antique annoncée ci-dessus et repérée par simple application de l'écart homologique : -282 /-120 ? Piganiol nous apprend qu'après -269, la monnaie romaine subit une série de dévaluations, ainsi l'as de bronze pèse 6, puis 4, et finalement 2 onces. Il semble bien que nous sommes en présence d'une série de baisses de 300 % de valeur de l'argent, diminutions qui apparaissent ici à la veille de la 1ère Guerre Punique. Un peu plus tard vers la fin de la deuxième Guerre Punique, en - 202, le blé subit une chute des prix qui ne trouvera son pareil que durant la crise mondiale de 1929 : l'importation du blé des territoires conquis, Sicile et Sardaigne, en est la cause ; les marchands romains refusent alors de prendre possession des nouvelles cargaisons de blé et les abandonnent aux capitaines des navires afin de payer les frais de transport ! Cela fait évidemment penser au café qu'on brûla dans les chaudières pendant la crise des années 30 ! Concernant les pays orientaux, les historiens économistes ont distingué trois grandes époques consécutives : • De -290 à -240 / -250, baisse quasi générale des prix ; • De -240 / - 250 à -210, hausse des prix ; • A partir de -210, baisse parfois catastrophique des prix tel celui du blé en -202, l'exemple étant donné ci-dessus. André Piganiol précise encore qu'entre la 1ère et le 2e Guerre Punique, la valeur du prisonnier de guerre passe de 200 drachmes à 500...mais personne ne propose une interprétation des origines de ces variations ! N'est-ce pas tout bêtement que l'on a besoin de bras et qu'il y a une reprise économique importante ? D'ailleurs en -200 et -170, il y eut une forte expansion économique équivalente à nos « Trente Glorieuses » dans tout le monde méditerranéen ; à ce propos, Piganiol écrit : « Les méthodes capitalistes appliquées à l'exploitation agricole eurent pour conséquence, en Italie, la création de grands domaines, les latifundia. Les paysans déracinés par de trop longues guerres s'endettaient, se débarrassaient de leurs terres à vil prix ». Il faut préciser cependant que cette période voit apparaître ce que nous appellerions « la méditerranéisation du commerce » phénomène qui prendra des ailes et deviendra notre célèbre « mondialisation du commerce » et si ces phénomènes anciens nous font penser aux événements présents c'est bien parce qu'ils sont homologues à notre époque. 6 - intervention de rome en grece Intervention des Etats-Unis en Europe Il est évident que Rome et les Etats-Unis ont mené plus de trois guerres... Il s'agit d'événements précis et bien connus des contemporains. On verra ici les deux homologues effectuer leurs premières interventions dans l'aire géographique dont ils héritent de la culture. En clair, Rome s'attaque à la Grèce tandis que les Etats-Unis vont s'attaquer à l'Europe. On y voit également un double suicide : celui de l'Europe avec la Guerre 14/18 et celui de la Grèce avec la guerre macédonienne, c'est dire l'importance du repère. 6.1 - Les Etats-Unis débarquent en Europe En 1995, à la mise en route de cet ouvrage, une intervention des forces militaires de l'OTAN restait encore fortement improbable pour régler le problème Yougoslave. Tous les analystes, y compris Tito lui-même, avaient douté de la capacité de ce pays à survivre mais personne ne pouvait prévoir l'accomplissement des nouvelles guerres macédoniennes sous nos yeux : 1ère, 2ème, et 3ème guerre et intervention des Etats-Unis pour faire respecter nos valeurs. Ces 3 conflits sont homologues des 3 interventions de Rome pour régler les affaires grecques, à 2130 ans d'écart. Aujourd'hui, à force de reculades devant le nationalisme fou des Balkans, la Yougoslavie est défunte tandis que la 3ème intervention militaire américaine sur le sol européen est chose faite ! Rappelons ces trois interventions armées des E.U. sur le théâtre européen : • 1914 / 1918 : 1er conflit mondial qui cristallise une somme de conflits. Les E.U. interviennent en 17 mais ne montent au front que durant les derniers mois de 1918. Il s'agit de la 1ère intervention militaire des E.-U. en Europe. • 1939 / 1945 : 2ème conflit mondial, les E.U. entrent en guerre à partir du dernier mois de 42 et supportent avec l'U.R.S.S. et l'Angleterre la quasi totalité des combats. • 1992, début du conflit mais en 1999 : 3ème intervention militaire des E.U. en Europe. De quoi s'agit-il exactement ? De liquider la survivance des traces d'un pouvoir qui se déclarait encore marxiste ? Certains ont voulu y voir une intervention humanitaire. Mais ceci est de l'actualité. L'histoire et l'actualité étant solubles l'un dans l'autre comme le sont l'eau et l'huile, il est préférable de compléter ce point dans une cinquantaine d'années au terme desquelles il apparaîtra que l'Europe participe à un Grand Etat dont le bras armé sera américain. Tout le monde sait que les pères de l'actuelle Europe ont été profondément affectés par la guerre 39/45, ils voulaient avant tout rapprocher les peuples pour supprimer la guerre. Ont-ils avancé l'heure d'un empire occidental débonnaire ? 6.2 - Rome débarque en Grèce C'est par trois fois que les troupes romaines débarquèrent en Grèce continentale entre -215 et -168. Ce qui fonde l'homologie c'est le fait qu'il s'agit de la première intervention militaire romaine en Grèce, d'ailleurs certains Grecs ont appelé les Romains à leur secours... Ce qui est également étonnant, c'est que les Romains en repartiront alors qu'ils ne firent jamais plus « un seul voyage militaire » sans occuper définitivement le terrain... • Premier conflit : entre -215 et -205. La Grèce est toute en guerre ; le bal est mené par la Macédoine et les cités doivent se prononcer pour ou contre. La guerre dure et ce n'est que lorsque les intérêts romains sont menacés en Illyrie (Albanie) que Rome intervient mais ce ne sera qu'en phase finale. Ce conflit est la première intervention militaire de Rome en Grèce antique mais son rôle est en définitive très limité. • Le deuxième conflit se déroule peu de temps après : de -200 à - 197. Les historiens supputent encore l'existence d'un accord secret entre la Syrie et la Macédoine qui reprend ses projets d'expansion d'où le 2ème conflit. Les Romains n'entrent en guerre que deux ans après et, une fois encore, Rome est la seule puissance étrangère à débarquer en Grèce. La Macédoine est battue par les légions romaines. • Le 3ème conflit se situe entre - 172 et -168. Encore une fois, les ambitions territoriales macédoniennes sont la cause de l'intervention. Cette fois, la Macédoine disparaît définitivement de la scène politique, son territoire est partagé en 4 régions sous tutelle et n'ayant aucun lien entre elles. Ces guerres de Macédoine ont sonné la disparition de la Grèce antique incapable de s'unir, elle avait épuisé ses forces dans de vains combats. La Rome vainqueur sera colonisée à partir de -150 par la culture grecque, juste retour des choses... Du mariage culturel naîtra la culture gréco-latine. Ne faut-il pas mourir pour revivre autrement ? Litanie chronologique : Il y a 215 + 1914 soit 2129 ans d'écart entre les deux premiers conflits qui marquent la 1ère intervention des super-puissances en Grèce puis en Europe. On note 2142 et 2171 ans pour les deux autres conflits. A chaque fois que se pose la question de savoir quel est l'homologue de la Macédoine, la réponse paraît trouble. Tantôt la réponse est l'Allemagne, tantôt la France ! Savoir en 2003 que la France et l'Allemagne ont décidé de composer un « noyau dur» au sein de l'Europe comble d'aise l'homologie. Mais comment ne pas y voir également ici le trouble que jette la collaboration du régime de Pétain sur la position française ? 7 - delenda est carthago : Il faut détruire carthage disait caton l'ancien Peu d'événements historiques peuvent être qualifiés de majeurs en Histoire... La chute de Carthage et sa destruction sont du nombre et ne fournissent qu'une seule date : -146. Quand deux poids lourds de puissance équivalente s'affrontent, il est possible que rien ne bouge : la Guerre Froide l'a montré. Mais que le conflit fasse disparaître l'un des deux et c'est l'équilibre mondial qui s'en trouve affecté, gravement. L'actualité nous fait vivre ce problème... Rome et les Etats-Unis en leur qualité de bons homologues ont gagné le conflit qui les oppose aux homologues perdants : U.R.S.S. à Carthage. On peut encore se demander si l'explosion de l'U.R.S.S. en 1990 est suffisante pour apaiser Moloch, ce dieu cruel qui n'est satisfait qu'après une grande orgie de victimes. Ce qui caractérise essentiellement ce conflit, c'est la puissance des forces mises en présence : il s'agit réellement d'un combat de titans capables de pulvériser l'univers et dont rien ne permet d'en deviner l'issue. Quand Rome fait disparaître Carthage en 146 avant J.-C. et disperse du sel pour maudire à jamais la terre punique, aucune force dans le monde méditerranéen n'est plus en mesure de s'opposer à elle, excepté la puissance Parthe qui se développa sur les actuelles terres de l'Irak-Iran (tiens, tiens ! Une histoire à suivre !) ... L'écart entre la disparition de Carthage et de l'U.R.S.S. est de 2136 ans, cela est conforme aux critères de l'homologie, mais l'homme propose et l'Histoire dispose... 7.1 - Etats-Unis contre U.R.S.S. Quand l'expansion du territoire des Etats-Unis amena la frontière intérieure sur les plages du Pacifique, quelles étaient alors les puissances en état de stopper la course des Etats-Unis vers le soleil couchant ? Trois puissances étaient présentes, La Chine, la Russie et le Japon. Sont-ce là les Carthage à supprimer ? Le Japon avait achevé sa modernisation ; son armée était la plus occidentalisée et la plus moderne ; les ambitions impérialistes nippones ne devaient rien aux autres. Le Japon déclara la guerre, attaqua et fut maté avec une violence dans le châtiment qui fait penser à celui qu'infligea Rome à Carthage et à Corinthe : la destruction. La Russie tsariste avait achevé sa conquête vers l'Est, sa course au soleil levant à travers la Sibérie ; mais la Russie soviétique se lança dans la modernisation et la course à l'armement : sa planification déconnectée de la réalité allait l'abattre mieux que l'ennemi le plus mortel ne l'aurait su ; elle faillit parfois prendre le dessus quand les Américains négligèrent la guerre spatiale avec les premiers satellites qui ouvrent la voie à la guerre électronique et spatiale. Quant à la Chine, elle en était encore à une époque féodale, elle allait basculer dans le giron soviétique pour s'en extraire bientôt mais sa pensée était communiste, maoïste et on ne sait au juste si ce parcours qui fait penser à la période Qinn n'a pas retardé sa mise à niveau. Pendant le siècle qui avait précédé leur conflit majeur, les Etats-Unis et la Russie avaient marché l'un vers l'autre ; la rencontre était inéluctable, d'autant que la Russie avait largement débordé sur le continent américain. Avant que le statut quo ne se modifie, les deux puissances étaient là et se regardaient déjà en chien de faïence rêvant d'en découdre le plus vite possible, ce qu'ils firent mais de façon détournée. Reprenant ici abusivement Giraudoux qui fit une pièce de théâtre intitulée « La guerre de Troie n'aura pas lieu », on peut dire que « La première guerre homologue et punique n'a pas eu lieu » pour signaler que l'homologie n'implique pas la répétition, pas à pas, des événements passés dans toutes les finesses, non. La Russie qui était entrée en possession de l'Alaska dès la fin du XVIIIe siècle vendit cette région aux Etats-Unis 1867 ce qui évita une guerre assurément ! Un peu plus tard la révolution russe détourna les Russes de leur conquête vers l'Ouest et la Russie se recroquevilla et s'enkysta dans son empire pour survivre. Le conflit allait encore être reporté sans attendre bien longtemps. Lors de la première guerre mondiale, l'occasion fut donnée d'en découdre à qui le voulait bien. Que firent alors nos belligérants potentiels ? On peut dire qu'ils rallièrent le même camp... Mais la petite graine fut semée à ce moment là car la Russie entrait en mutation violente en s'engageant dans la guerre civile qui fut appelée « Révolution d'Octobre », il suffisait d'attendre... Lors de la 2ème Guerre Mondiale, le pire pouvait arriver au moment du pacte germano-soviétique qui avait créé une situation idéale pour qu'on voie enfin cette Guerre Punique qui s'habillait en Arlésienne... Mais comme les Etats-Unis ne se précipitèrent dans le conflit qu'au moment où ils furent agressés sur leur territoire par le Japon, le moment favorable était encore passé : la Russie s'était ralliée au même camp. On ne fait tout de même pas la guerre à ses alliés. Les Etats-Unis et l'U.R.S.S. firent semblant d'être alliées jusqu'à la fin de ce conflit. Craignant son adversaire, le Staline-Hannibal rencontra les E.U-Rome à des fins de dépeçage de l'Europe centrale. Ils firent semblant d'être d'accord à Yalta ; mais la mécanique de la lutte à mort était en route. Et la guerre inéluctable entre les deux fauves se déroula sous nos yeux incrédules, à la différence près que l'arme nucléaire était apparue ! La guerre se fit à froid ! Pour bloquer les Américains, Staline réveilla la Chine et l'Asie d'où il lança ses opérations comme Hannibal auparavant s'était accaparé de l'Espagne d'où il partit en grande marche à l'assaut du monde romain. Le conflit se termina comme nous le savons depuis toujours mais suffisamment défiguré pour qu'on ne le reconnaisse pas ! L'Europe divisée en deux blocs... Le rideau de fer Dans le passé le conflit avait débuté en Sicile et déclenché la première guerre punique. On peut dire que la phase aiguë du conflit se figea autour de Cuba lorsque les soviétiques installèrent des fusées qui pouvaient atteindre le cœur américain. En 1962, l'univers retint son souffle de peur d'activer le feu nucléaire ; chacun savait qu'on ne jouait pas à se faire peur mais qu'une maladresse pouvait vitrifier la planète. En voici les lignes directrices qui apparaissent alors que la 2ème Guerre Mondiale a mis hors jeu l'Allemagne et le Japon, a affaibli considérablement la France et la Grande-Bretagne, a mis face à face les Etats-Unis et l'U.R.S.S. Ces deux derniers se sont affrontés politiquement, idéologiquement, économiquement et militairement sur tous les champs de la planète. • 1946 : discours de Staline qui pouvait être interprété comme une déclaration de guerre idéologique à l'Occident. Guerre d'Indochine. • 1947 : définition de la doctrine Truman qui soutient les régimes anticommunistes ; invention de la notion de « Guerre Froide ». • 1948 : ouverture du plan Marshall de reconstruction de l'Europe ; Staline renforce son contrôle des pays occupés : « coup de Prague ».... • 1949 et 1950 : création de l'OTAN, création de la R.F.A. Staline rebondit grâce à Mao et par la prise de la Chine et l'explosion de la bombe atomique russe. • 1950 - 1953 : guerre de Corée et internationalisation du conflit. La Chine envahit le Tibet. • 1953 : mort de Staline. • 1954 -1973 : Fin de la Guerre d'Indochine. Guerre du Vietnam. • 1955 : création du pacte de Varsovie en réponse à l'intégration de l'Allemagne dans l'OTAN. • 1956 Echec de la révolution hongroise. • 1957 : net avantage militaire soviétique grâce au lancement du 1er Spoutnik qui signale l'aspect spatial du conflit et l'amplifie. • 1959 : la Chine de Mao refuse la coexistence pacifique. Révolution cubaine. • 1961 : construction du mur de Berlin. • 1962 : crise de Cuba, l'arrivée de fusées russes à quelques km des côtes américaines a failli déclencher une guerre nucléaire. Le monde échappe à la vitrification des continents... • 1968 : Révolution tchécoslovaque avortée ; reprise en main soviétique. • 1980 : invasion de l'Afghanistan par les Russes qui y subissent une lourde défaite militaire, politique et morale. • 1985 : Gorbatchev change de politique, son réalisme et la transparence détruisent finalement l'URSS qui explose et tombe entre les mains des mafias.. • 1989 - 1990 - décembre 1992, fin de l'URSS qui explose. Les Pays baltes s'en échappent définitivement au point d'être tentés par la Communauté Européenne. Quant aux autres pays, ils sont indépendants et forment sous l'égide de La Russie une espèce de club de chefs d'état appelé C.E.I., Communauté des Etats Indépendants. Réunification de l'Allemagne De nos jours, la Russie n'est-elle pas devenue un grand corps malade qui n'en finit pas de mourir à son passé soviétique ? 7.2 - Rome contre Carthage D'abord puissance terrestre, Rome devint aussi une puissance navale quand son territoire, qui allait régulièrement croissant, entra en contact direct avec l'empire carthaginois. Cela se produisit à l'époque où les Romains tentaient de conquérir le sud de la péninsule, soit vers -280. Carthage s'était établie à quelques km de l'actuelle ville de Tunis vers le VIIIe ou le IXe siècle avant J.-C. C'était une colonie phénicienne, donc originaire d'un secteur situé dans la zone du Liban, Israël et Palestine qui avait été conquise par les Hommes de la Mer vers le XIIe siècle. Ces derniers avaient semé la terreur dans toute cette région un peu comme le firent les Vikings...mais 2150 ans après. Carthage s'était développée et avait créé un empire maritime qui faisait la loi dans la Méditerranée, maîtrisant toutes les îles de l'Ouest méditerranéen et tout particulièrement la Sicile et la Sardaigne, elle interdisait aux navires concurrents de franchir les Colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar) ; la ville d'origine punique se réservait donc le commerce avec toute la façade océanique de l'Europe. Ce fait augmentait évidemment sa réputation qui n'était pas tendre. Quand on regarde la carte, on s'aperçoit que le conflit mortel qui opposa Rome et Carthage était inscrit dans la localisation de leur territoire. Deux empires dominateurs peuvent-ils coexister à quelques km l'un de l'autre ? Quand 3 km les séparent au détroit de Messine entre la Sicile et la Péninsule ? Quand 200 km séparent la Sicile de Carthage ? Quand 200 km séparent Carthage et la Sardaigne elle même séparée de Rome par moins de 200 km ? Carthage crut utile de reconnaître en -306, que la péninsule relevait de la puissance romaine. Mais il arriva ce qui devait arriver d'autant que le censeur Caton l'Ancien, qui passait pour une fine langue et un nationaliste outrancier (si cet anachronisme est pardonnable ici), terminait tous ses discours par l'expression « delenda est Carthago » que l'on peut traduire par « et du reste, je pense qu'il faut détruire Carthage » ! Il fut entendu ! Et les deux puissances militaires se firent la guerre, à outrance pendant 118 ans, avec des renversements de situation dignes du meilleur film à suspense. La destruction de Carthage était à l'ordre du jour, il n'est pas évident que la destruction de Rome fut inscrite au programme de Carthage car Hannibal qui servait cette cité punique aurait pu anéantir Rome alors qu'il était aux portes de cette ville, mais il ne le fit pas ! Il eut la victoire en main mais ne la saisit pas ! Refus de détruire ou bien peur de gagner ? Ce général inventa les chars d'assaut, (les éléphants), ainsi que les opérations de commando... C'est dire s'il était moderne, ce qui peut paraître normal pour ceux qui adhèrent à la thèse défendue ici. La guerre entre les deux cités se déroula en trois phases guerrières. La première guerre punique se déroule entre -264 et -241 ; elle se termine par le succès de Rome qui s'empare de la Sicile mais échoue dans ses opérations militaires aux portes de Carthage. On remarquera la quasi simultanéité de ce conflit avec la Guerre Tarentine qui se sera déroulée entre -281 et - 272. Une culture très hellénisante irradiait aussi bien le talon italien que toute la Sicile à cette époque ; les Cités étaient des colonies grecques dont la plus célèbre, Syracuse, affrontait des problèmes dynastiques, institutionnels et semblait même devoir être la future victime des Carthaginois déjà maîtres des ¾ de l'île. Vers -300, pour maîtriser l'île, Syracuse avaient appelé des « Katangais » à son secours ; ces mercenaires venaient du Sud de la péninsule, de Campanie ; ils s'appelaient Mamertins quelque chose comme « les fils du dieu de la guerre ». Ils virent qu'il était plus facile de travailler pour leur propre compte, ils s'affranchirent et s'emparèrent de Messine puis ils se comportèrent en bandits de droit commun. Hiéron, le roi en titre de la Sicile, leur fit la guerre, les Mamertins appelèrent les Carthaginois à leur secours puis ils s'aperçurent qu'ils n'y gagneraient qu'un maître alors, se souvenant qu'un clou chasse l'autre ainsi que de leurs origines, ils appelèrent les Romains. Voilà comment une bande de pillards fut à l'origine d'un des plus grands drames de l'histoire occidentale ! Voilà pourquoi Rome se retrouva face à Carthage lors de la 1ère Guerre Punique et pourquoi cela fait évidemment penser à Cuba, à Castro et aux fusées russes. La deuxième guerre punique se déroule entre -219 et -201 qui marque la période hannibalienne du conflit qui commence avant la première guerre macédonienne mais qui s'achève quand débute la deuxième guerre de Macédoine... On notera l'existence d'une alliance entre Carthage et la Macédoine qu'on retrouve sous la forme germano-soviétique en 1939. Le Romain Scipion mènera la guerre aux portes de Carthage qui sera écrasée. Rome aura délogé les Carthaginois de l'Espagne dont ils entreprendront la conquête systématique. La 3ème guerre se déroule entre -149 et -146. La guerre est brève mais terrible en est l'issue : Carthage se rend aux Romains, le Sénat impose alors de telles conditions que la seule échappatoire est la mort au combat. On assiste alors à la destruction de Carthage jusqu'aux fondations puis les prêtres romains maudissent le sol pendant qu'on y passe la charrue ! La ville sera complètement démembrée et sa population réduite en esclavage. Ces événements encadrent chronologiquement la dernière révolte de la Macédoine qui perd la moindre trace de liberté en -148. Rome triomphe et maîtrise la Méditerranée. L'Égypte et l'Espagne attendent Cléopâtre, Antoine, César et Octave... Seuls, les Parthes qui occupent le territoire de l'Irak et de l'Iran résisteront avec succès à la pression romaine. Arnold Toynbee, qui explorait les perspectives d'avenir en 1950, permet de trouver une conclusion partielle : « Tout de même ce serait de la folie de ne pas tenir compte de la lueur qui s'offre à nous car la lumière projetée sur notre avenir par le miroir du passé gréco-romain est en tout cas de celles qui peuvent le mieux éclairer ce qui pour nous reste encore dans l'ombre ». N'est-ce pas là un bien beau conseil ? 8 - Naissance des institutions 8.1 - S.P.Q.R. ; La République romaine Il est couramment admis qu'en -509, Rome perdit ses rois étrusques pour devenir une république. Si la légende est précise, il n'en est rien selon les spécialistes ! Le lecteur doit quitter ses certitudes et accepter l'idée qu'il existe une série de faits très flous que les historiens peinent à dater ! Le départ des rois selon la thèse de Gjerstad aurait été effectif vers -450, soit 60 ans après la thèse légendaire, ce qui est peu finalement dans le cadre de l'homologie ! André Piganiol prend d'ailleurs un malin plaisir à citer toutes les incohérences dans son chapitre intitulé « La Nuit du Ve siècle ». Au flou et au peu de dates se rajoute encore l'incroyable imprécision du calendrier romain qui décrit une année de 12 mois lunaires gonflés d'un mois intercalaire et qui peut encore s'allonger parfois de jours supplémentaires... Le comble est atteint quand on apprend que les rajouts sont souvent oubliés pendant les périodes critiques, et il y en eut ! Tout cela permet de comprendre la fausse précision de certaines chronologies et les crispations des professionnels de la partie. L'histoire de Rome semble donc bien loin d'une révolution fracassante qui chasse la royauté étrusque au cours d'une crise en -510. En fait, on se trouverait devant une évolution lente des institutions survenant après des crises. On peut y voir principalement la prise du pouvoir par le Sénat, la rédaction du droit romain avec le code des 12 tables, la définition du rôle des magistrats, l'ébauche d'une représentation populaire ; telles sont en fait les grandes étapes qui établissent la République et sa devise S.P.Q.R. : « Le Sénat et le Peuple Romain ». C'est entre -366 et -337 que la lente mise au point du système constitutionnel de Rome s'achève. Depuis la disparition de la royauté aux mains des Etrusques, la ville était dirigée par deux consuls. Durant la période ci-dessus on note l'apparition d'un prêteur dont la fonction est limitée aux affaires judiciaires qui deviennent également accessibles à la plèbe ; ces changements sont consignés dans les lois de Licinius et de Sextius. Vers -300, toutes les magistratures sont accessibles à la plèbe. 8.2 - La Guerre d'Indépendance Si l'homologue des Etrusques est la noblesse anglaise émigrée aux Amériques, force nous est de constater que ces derniers furent battus par les Américains qui leur arrachèrent le pouvoir et gagnèrent leur propre liberté tout comme l'émergence de Rome se réalisa aux dépens des Etrusques. La création des Etats-Unis se fit donc lors de la Guerre d'Indépendance qui dura de 1776 à 1783, période de conflits où les prétendants à l'indépendance n'hésitaient pas à abandonner leur armée pour aller labourer les champs ou rentrer les récoltes ! La guerre s'effectuait par des amateurs... de liberté. Rappelons que le coup d'envoi avait été donné par des contestataires acquis à l'humour car, connaissant le goût des Britanniques pour « a cup of tea », ils expédièrent une cargaison de thé dans l'eau salée d'un port, ce qui déclencha évidemment l'ire anglaise qui ne retomba qu'après le débarquement des Français commandés par La Fayette et qu'après digestion de leur défaite. Si la mise au point des institutions romaines nécessita un siècle, les Américains furent un peu plus rapide. En 1787 la Constitution était en forme, en 1791 la rédaction des 10 premiers amendements s'achevait et, finalement, en 1829 l'élection du général Jackson à la présidence lançait l'ère des majorettes. Le nouveau président mettait ainsi fin à la prépondérance politique « des pères de la patrie » ; avec lui, c'est « l'Amérique démocratique et populaire » qui accédait au pouvoir ; mais il fallait encore réduire à néant « l'esprit de la noblesse » qui résidait dans le sud, pour cela il fallut une guerre terrible, ce fut la Guerre de Sécession. Les débuts de l'histoire américaine coïncident avec ceux de la doctrine Monroe du nom du président qui définit en 1823 les activités et les droits des puissances européennes en Amérique. Elle se résume très rapidement par l'expression « l'Amérique aux Américains » et par la politique isolationniste qui en résulta. Les amateurs de concordance apprécieront le fait que durant la période homologue les Romains se limitaient à la péninsule ! Leur sortie de l'isolationnisme date de la 1ère guerre punique et de la 1ère guerre de Macédoine ! Soit -264 pour l'une et -215 pour l'autre ; quant à la sortie américaine, elle date de 1917 pour la 1ère Guerre Mondiale et de 1900, date de leur tentative de mainmise sur Formose. Le changement de régime s'effectue en 1783 pour l'un et postérieurement à -450 pour l'autre, soit à 2230 ans d'écart. 9 - vers le grand etat ? Si la présente étude est crédible, la prochaine grande affaire sera l'intégration pure et simple de l'Europe qui correspond à la mise au pas de la Grèce antique. L'affaire du Kosovo qui a montré une opération d'intégration des forces européennes par l'OTAN est peut-être l'événement qui donnera des idées... Mais connaissant les Etats-Unis qui semblent jouer de la Bourse comme d'autres jouent du violon et qui utilisent leur dollar comme une arme, il est possible que cela sera une gigantesque opération financière sur l'Euro. Déjà, le journaliste Philippe Simonnot écrit dans sa rubrique « Econoclaste/Simonnot » de l'hebdomadaire l'Événement : «... En fusionnant une fois pour toutes avec le dollar, « l'eurodollar » accomplirait le destin de l'Europe. Un empire, un chef, une devise. Les Européens, qui ne savent comment élever l'enfant monétaire qu'ils ont accouché avec tant de douleurs, seraient soulagés d'un fardeau trop lourd pour leurs chétives épaules. A l'époque de César les barbares servaient de supplétifs aux légions romaines. Les Européens ont retrouvé ce rôle aux côtés des troupes américaines. Ils devraient pousser l'imitation de leurs lointains ancêtres jusqu'au domaine financier : cesser de disputer le sceptre monétaire à l'impérium mundi et profiter moins chichement de son éclatante prospérité. Puisque de toute façon ils ont abandonné leur souveraineté monétaire, on ne leur demanderait maintenant qu'un modeste pas supplémentaire : intégrer la banque centrale européenne au système fédéral de réserve des Etats-Unis. A tout prendre, ne vaudrait-il pas mieux confier notre destin à des institutions qui ont fait leurs preuves - les Etats-Unis connaissent une croissance ininterrompue depuis huit ans, avec plein emploi et inflation nulle -, plutôt qu'à une banque centrale qui vient tout juste de naître et dont les gouverneurs ne sont d'accord sur rien ? ». (Du 11/8/99) Certes, nous sommes en présence d'un billet d'humeur ; mais celui-ci nous en dit long sur l'état du système monétaire qui joue au yoyo et qui, après une forte dévaluation, remonte dangereusement par rapport au dollar. Ce qui est surtout intéressant dans ce document c'est la formulation de l'intégration politique de l'Europe par son intégration financière. En janvier 2004, l'Euro vaut 1,3 dollar, en septembre 2007 il vaut 1,46 dollar. Les Etats-Unis jouent ; l'Europe, placide, voit son sang qui se transfuse en regardant passer les trains. Il faut dire également que certains pays d'Europe sont devenus des supplétifs voire des porteurs d'eau de la superpuissance... Pergame, superbe cité hellénistique était située dans la plaine du Caïque de l'actuelle Turquie, elle était dirigée par la dynastie des Attalides quand, en -133, son dernier roi mourut, les contemporains apprirent avec surprise que ce dernier avait légué la cité à Rome ! En 2005, Gribouilles, les Français enterrent le projet de constitution et livrent l'Europe au Grand Marché tout en dénonçant la mondialisation... Bibliographie - Encyclopaedia Universalis. - Le Grand Atlas Universalis de l'Histoire. - Histoire Mondiale Synchronoptique Peter. - Histoire de Polybe, NRF, Pléiades. - EVENEMENT n° 770 du 5 au 11 août 99. - Piganiol, La conquête romaine, P.U.F. ; La crise économique, Politique et religieuse à Rome durant la guerre d'Hannibal, p 272 et autres ; Période d'expansion économique (200-170) avant J.-C.), p.387 et autres.



Chapitre VI : PYRRHUS et NAPOLEON III

19mai2012


L'homologie entre Pyrrhus et Napoléon III appartient de fait à celle qui existe entre notre époque contemporaine et la période hellénistique de la Grèce. Si ces deux périodes s'adressent davantage à la Grèce antique et à l'Europe contemporaine, on remarquera que l'histoire de ces deux héros les entraîne aux abords de Rome pour le premier et des Etats-Unis pour le second; cette homologie renforce donc également celle qui existe entre les Etats-Unis et Rome. On perçoit bien jusqu'ici que le fait homologique va en s'élargissant dès lors qu'on l'analyse... Mais tout le monde acceptera-t-il l'homologie qui existe entre les deux héros présentés ici ? Pyrrhus et NIII, le premier est un héros malheureux du monde antique, le second est lui aussi malchanceux, moderne et méconnu ; tous deux sont décriés. L'un sévit vers -c.270, l'autre vers 1870, ils sont donc actifs à 2140 ans de distance... Mais cette mise en valeur de l'homologie entre les personnages ne doit pas empêcher de regarder sous un autre jour les homologues qui ont été déjà vus et qui réapparaissent ici sous un angle différent. Ce qu'il y a d'étrange chez ces deux personnages, Pyrrhus et NIII, c'est qu'ils réussissent plutôt leur vie jusqu'au jour où tous deux lancent sans le savoir un défi, l'un à Rome, l'autre aux Etats-Unis ! Dame Fortune les quitte alors aussitôt et les abandonne à une bien triste fin. Il convient ici d'insister sur la victoire de ces deux héros, l'un sur Carthage, l'autre sur la Russie. Repères homologiques : Rome et Amérique Carthage et Russie France et Macédoine Mexique/Cuba et Sicile Autriche et ? Angleterre et l'association Sparte/Tarente (Pour ce qui me concerne, la ressemblance est telle entre ces deux personnages qu'il y a matière à philosopher... L'individu, s'il est libre, le reste-t-il quand il se situe dans le courant de l'Histoire ? Réalise-t-il ses potentialités au point qu'il arrive à remplir « une fonction technique » qui l'attend ? Mais ceci n'est pas le sujet de l'homologie !) 1 - LES PERSONNAGES Ces deux personnages hors du commun possèdent tant de points communs que le paragraphe ci-après est composé pour les deux à la fois... C'est dire s'ils ont passé avec succès les barrages des critères de l'homologie. Encore faut-il signaler ici que la vie de Garibaldi présente quelques points communs qui auraient pu être développés ; ce fait est signalé pour ceux qui voudraient philosopher : les situations sont beaucoup plus complexes qu'il y paraît de prime abord. Faut-il attribuer cette similitude au fait que NIII et Garibaldi avaient fréquenté les mêmes loges révolutionnaires italiennes et qu'ils obéirent aux mêmes idéaux si bien qu'on les retrouve en même temps en Italie mais décalés, l'un empereur et l'autre révolutionnaire invétéré ? Vivant la plus grande partie de leur vie avec un écart chronologique de 2130 ans, Pyrrhus et NIII se vantent d'appartenir à la famille de l'empereur qui vient de disparaître. L'un et l'autre sont des aventuriers à la recherche d'une couronne ; ils obtiennent leur couronne, ils reçoivent la renommée car ils sont brillants mais ils perdent le tout durant la phase finale de leur vie. Ils infligent une défaite au couple Carthage/Russie et, si ce n'était la Guerre de Sécession qui retarda l'entrée militaire des U.S.A. dans le conflit Mexicain, le conflit n'en exista pas moins sous une forme larvée voire diplomatique et souterraine reconnue par les historiens de cette époque : « la guerre de Sécession terminée, les États-Unis envoient des armes à Juarez et rappellent à la France la doctrine de Monroe. Il ne reste à l'empereur qu'à prendre prétexte, pour retirer ses troupes ...» (l'Encyclopaedia Universalis) L'aventure les amène tous deux à la bordure de deux empires homologues naissants : l'un à Rome, l'autre aux voisinages des Etats-Unis. On constate qu'ils y guerroient de forte façon mais en vain. Le fait qu'ils se heurtent également aux ennemis des empires homologues mérite d'être signalé : Pyrrhus s'oppose à Carthage quand il guerroie en Sicile et N III s'opposera à la Russie pendant la Guerre de Crimée. De cette rencontre, chacun sort vainqueur mais l'image finale du héros sera voilée par leur terrible fiasco final. Un détail chronologique les différencie : Pyrrhus affronte d'abord Tarente et Rome quand Napoléon III affrontera la Russie avant le Mexique allié des Etats-Unis. Pour respecter le parallélisme des opérations, il a fallu présenter la guerre en Sicile avant l'expédition dans « le pied de la botte italienne » pour aller au secours des Tarentais. Le fait de n'apporter ici aucune explication causale à l'Histoire permet somme toute cette entorse à la chronologie des faits ; la cohérence de la mise en parallèle exigeait ce petit sacrifice qui ne met pas en cause le grand ordonnancement de l'univers. 2 - l'arrivée au pouvoir 2.1 - Pyrrhus Né en -318, Pyrrhus est un parent éloigné d'Alexandre le Grand. En titre, c'est le roi d'Epire, un tout petit pays, pauvre, que l'on peut situer actuellement dans la Grèce voisine de l'Albanie. Certaines personnes pourraient y voir une espèce de Corse avant l'heure quoique NIII ne soit pas né dans l'île de beauté, encore que quelques gènes. Ce pays était alors célèbre à cause du plus ancien des oracles grecs, celui de Dodone. A cette époque encore bénie des dieux, ceux-ci n'hésitaient pas à venir rencontrer les vivants de manière régulière dès lors qu'on respectait un certain protocole. Ainsi, à Dodone, ils avaient pris l'habitude de se faire entendre par l'intermédiaire d'un chêne sacré. Les prêtres avaient la lourde tache d'interpréter le message divin qu'émettaient les bruissements des feuilles de ce chêne. Les dieux aimaient aussi passer par l'intermédiaire du roucoulement des colombes ou par le choc de différents ustensiles accrochés dans les branches. Bref, le prêtre un peu dur de la feuille ou qui n'avait pas l'ouïe musicale restait muet et perdait rapidement l'oreille des dieux. A la naissance de notre héros dans la tribu des Molosses, la famille vivait encore dans le culte de l'aïeul lointain, Neptolème, rendu célèbre pendant la guerre de Troie. Ce Neptolème était fils d'Achille et compagnon d'Ulysse. Ce glorieux aïeul se rendit célèbre quand, second d'Ulysse, il berna les Troyens en faisant pénétrer le cheval farci de Grecs à l'intérieur des murailles. On comprend qu'une telle généalogie devait régulièrement titiller Pyrrhus qui, jusqu'à sa mort en -272, se sentit bien à l'étroit en Epire, lieu de repos pour les mânes des ancêtres ; c'est un peu comme si l'on avait enfermé Napoléon en Corse, une belle île certes, mais trop petite pour un destin hors du commun... A cette esquisse de Pyrrhus, on comprend aisément que l'illustre Plutarque se soit arrêté sur le personnage pour l'immortaliser en racontant ses aventures parmi « Les Vies des Hommes Illustres ». La vie de Pyrrhus commence comme dans un roman d'aventure quand sa mère le sauve d'une mort certaine alors qu'elle est poursuivie par les tueurs de Cassandre, le roi en titre. Elle se réfugie en Esclavonie (ex Yougoslavie), chez le roi Glauciac qui refuse d'obéir aux ordres de Cassandre ; il élève le petit réfugié et le rétablit même en Epire quand Pyrrhus atteint sa onzième année. Un auteur moderne n'oserait pas commencer un roman en réemployant l'enfance réellement vécue par notre jeune héros ! Quand on descend d'un héros de la Guerre de Troie et qu'on échappe au meurtre prémédité d'un grand roi, on doit avoir le sentiment d'être protégé des dieux et qu'il est possible de reconstituer l'Empire d'Alexandre, son proche ancêtre. Pyrrhus rêva donc de reconstituer l'éphémère unité du monde grec... Un tel projet ne se réalise pas en « faisant ses humanités ». Pyrrhus était doté d'un tempérament fantasque qui fut renforcé par les aventures des premières années de sa vie. Il combat aux côtés de son beau-frère Démétrios Ier roi de Macédoine. Il réalise, en compagnie de Lysimaque roi de Thrace et ancien diadoque, (héritier du grand Alexandre), l'éviction de son beau-frère resté célèbre par son pseudonyme de Poliorcète, le preneur de ville ; l'expérience montre à l'évidence qu'on hérite toujours de quelque chose avec un tel voisinage. Démétrios exilé, Lysimaque trouve qu'il est plus facile de gouverner seul qu'à deux, c'est pourquoi Pyrrhus s'exile. Ainsi, en l'an - 288, le pays qui avait vu naître Alexandre, la Macédoine avait perdu deux rois coup sur coup pour laisser régner le troisième jusqu' en -184, date où il meurt en combattant Séleucos, son beau-père ! En homologie, il est bon de rappeler qu'Alexandre le Grand était originaire de Macédoine, et que les changements politiques qui affectent ce pays pourraient nous faire penser à l'incroyable instabilité politique de la France au temps de NIII... 2.2 - Napoléon III Né à Paris en 1808, Napoléon III était le troisième fils de Louis Bonaparte et d'Hortense de Beauharnais, la fille issue du premier mariage de l'impératrice Joséphine. Autant dire tout de suite que la généalogie de ce petit Louis était encombrée dès sa naissance. Quand on regarde ce futur NIII, par sa mère, l'empereur N Ier était devenu une espèce de grand-père par alliance ; et, par son père qui fut roi de Hollande entre 1806 et 1810, N Ier était également son oncle... Il y a des généalogies qui sortent de l'ordinaire. Et comme les mauvaises langues ajoutent qu'on pouvait avoir de grands doutes sur la paternité du frère de Nier qui aimait tant les femmes, nous entrons doucement dans la tragédie grecque... D'autant que N Ier déposa son frère qui, étant le père de NIII, avait fini par croire qu'il était le roi réel de la Hollande, et en était tout naturellement arrivé à s'opposer au Blocus décidé par l'empereur Napoléon. Comme la famille de Pyrrhus s'était s'enfuie, on constate que la famille du petit NIII se réfugie d'abord en Italie pour échapper aux foudres de l'empereur puis ses parents se séparent finalement, victimes du venin des mauvaises langues. C'est ainsi que le futur NIII se retrouve en Suisse avec sa mère qui, duchesse de Saint-Leu, confie son éducation au fils du conventionnel Philippe Lebas ainsi qu'à Viellard Narcisse, un disciple d'Auguste Comte, honnête homme doublé d'un républicain fervent, lequel n'avait pas perçu les capacités de son élève. Tout naturellement l'ensemble baigne dans le culte de la légende napoléonienne et c'est ainsi que le futur N III consolide ses idées avancées dans la mouvance des héritiers de la Révolution et de la sociologie naissante. Fantasque, tel est le plus souvent l'appréciation portée sur le jeune héros qui savait payer de sa personne les aventures où son modèle l'entraînait. NIII aime énormément les conspirations Il en découvre les délices en organisant plusieurs coups de main pour s'emparer du pouvoir soit en France soit en Romagne où on le trouve en 1831 car il est du soulèvement... (La Romagne étant en Italie, c'est comme si l'homologue était allé dans les anciennes terres conquises par l'Egypte). En 1836, le futur Napoléon III essaye de soulever la garnison de Strasbourg ; on imagine mal la suite en cas de succès. En 1840, après un coup de main sur Boulogne sur Mer, il est arrêté, emprisonné à la forteresse de Ham dont il s'échappe en 46, il y hérite du surnom de Badinguet du nom d'un maçon dont il a usurpé l'identité pour passer l'huis de la prison ! C'est donc tout naturellement qu'on le retrouve en 1848 quand triomphe la nouvelle République dont il devient le premier Président malgré les réticences de certains républicains qui ont vu poindre les ambitions de Napoléon III. Il y a un écart de 2126 ans entre les naissances et 2145 entre les décès. 3 - les exploits 3.1 - Pyrrhus : expédition en Sicile -278 / -275 Ce roi en perpétuelle recherche d'un royaume finit par débarquer en Sicile avec ses troupes et ses éléphants qui font forte impression ; il est vrai que peu d'armées à cette époque ont la chance d'être appuyées par des chars d'assaut... Il y va porter secours contre les Carthaginois qui veulent réduire le fleuron grec : la cité de Syracuse. Pyrrhus lui-même désirait se tailler un royaume dans cette très riche île où le sol renouvelle chaque année un trésor : le blé. Le moment est propice à ses ambitions car le tyran de Syracuse, Agathocle, est décédé après une longue vie de coups de main entre la région de Carthage et la Sicile dont il s'était emparé après le massacre des sénateurs. Agathocle, en 314av, a réussi ce tour de force d'unir contre lui des ennemis intimes tels que Tarente, Rome et Carthage ! La richesse de Syracuse et la réputation d'Agathocle avaient plu au roi d'Egypte, Ptolémée Soter, qui trouva alors intéressant d'avoir cet Agathocle pour gendre... Ce dernier étant disparu, les Carthaginois et leurs dévoués Mamertins, mercenaires d'Italie du sud, voulurent s'accaparer la ville d'autant que celle-ci était en conflit avec sa voisine, Agrigente. Et comme Pyrrhus était libre et qu'il passait par-là, en -278, avec son armée et ses éléphants... Pyrrhus se retrouve donc en train de faire la guerre aux Carthaginois qui faisaient le siège d'une ville quasiment imprenable grâce à ses impressionnantes murailles. Pyrrhus secourt donc les Syracusains qui s'étaient rappelé bien à propos que le fils de Pyrrhus était aussi le petit-fils d'Agathocle et qu'il s'appelait Alexandre ! Autant dire que Pyrrhus défendait le patrimoine familial au pied de Syracuse après avoir débarqué en été -278 près de Catane avec 8000 soldats, là au pied de l'Etna. Syracuse est libérée, et tout naturellement notre héros grec est nommé roi par le congrès de la ville. Sur sa lancée il délivre Agrigente en -277 d'où les Grecs réclamaient secours. Il échoue devant Lilybée (Marsala de nos jours où l'on fait un bel apéritif) mais il n'en conquiert pas moins les autres villes alliées de Carthage dont il refuse les offres de paix afin de répondre à la demande des Siciliens. On imagine difficilement sa renommée auprès des Grecs qu'il libère. Jamais en repos, il fait alors construire une flotte pour passer en Afrique, et la guerre coûtant déjà cher à cette époque, il pressure les habitants pour prolonger son aventure. Les « Siciliens » n'apprécient guère le nouvel arrivant devenu exploiteur, ils se révoltent tant et si bien que leur libérateur rembarque et perd finalement sa flotte aux environs du détroit de Messine... C'est semble-t-il au printemps de l'an -275 que Pyrrhus revient donc en Italie du Sud pour jouer l'acte final face aux Romains qui ne se laissaient jamais impressionner par leurs adversaires tant leurs confiance au dieu Mars était grande, ce qui se comprend bien étant donné que ce dernier passait pour être leur aïeul. Cette croyance devait stimuler le Romain en action sur les champs de bataille. A ce moment là, Pyrrhus ne peut évidemment pas imaginer qu'il est le dernier Grec qui peut encore venir guerroyer en péninsule romaine sans l'accord de Rome qui a en quelque chose inventé la doctrine de Monroe bien avant l'heure et a donc transformé cette péninsule italique en chasse gardée pour le grand malheur de notre Grec pris en flagrant délit d'ingérence. Non seulement les Romains rendront la vie bien difficile à Pyrrhus mais encore viendront-ils ensuite régulièrement en Grèce une cinquantaine d'années après pour y mettre de l'ordre... Ce sera donc une première fois suivie de nombreuses fois tout comme firent les Américains en Europe après 1917... Nb : ici, j'ai déjà raconté le conflit de Carthage contre Pyrrhus. Le héros grec a vaincu les Cathaginois. Pour que notre homologie soit effective, il faut en conséquence rencontrer le même rapport avec les homologues. Il faut donc, au vu de la situation : - 1 détecter la présence de ceux qui sont annoncés comme homologues; - 2 constater le déroulement d'un conflit; - 3 vérifier que vainqueurs et vaincus sont bien les homologues annoncés au départ. Il faut donc que nous ayons dans le récit qui suivra un conflit Russie (Carthage) contre NIII (Pyrrhus) et que NIII soit le vainqueur ; et, comme Rome est présente, il faudra que les Etats-Unis s'opposent à notre Pyrrhus des temps modernes. Comme Pyrrhus est en relation avec l'Egypte, il faudrait que la papauté qui semble son homologue apparaisse dans les desseins de N III... Mais ceux qui connaissent notre Histoire, savent que c'est bien le cas... 3.2 - Napoléon III : guerre de Crimée 1853 / 1856 Si Pyrrhus s'est opposé à Rome et Carthage, Napoléon III s'opposera à la Russie puis aux Etats-Unis, ce fait mérite d'être relevé car il montre que les relations homologiques sont bien multiples et symétriques... Le lecteur attentif trouvera probablement d'autres points analogiques. C'est en Crimée que Napoléon s'oppose aux intérêts russes. Il faut rechercher l'origine de la guerre de Crimée dans la décomposition de l'empire Ottoman qui s'étiole depuis les années 1800. La situation offre à la Russie voisine une belle opportunité pour s'ouvrir un débouché en Méditerranée par la Mer Noire et contrôler les détroits du Bosphore et des Dardanelles. Le seul obstacle est précisément cet empire Ottoman en pleine décomposition auquel la Russie arrache régulièrement des lambeaux de territoire depuis près de 100 ans. Ici, le morceau est un peu gros pour une seule bouchée puisqu'il permettrait de contrôler les détroits ! Ce qui ne peut se faire si la Couronne britannique ne le veut pas... Grâce à l'action de NIII auprès du pacha, l'attribution de la surveillance des Lieux Saints de Palestine aux catholiques apparaît alors comme un bon casus belli pour le bon orthodoxe russe qui se sent bien entendu lésé par la transaction. C'est ce que dit le tsar Nicolas Ier qui évoque aussitôt le partage des Balkans. A ce moment là, le Royaume Uni, est au faîte de son apogée qu'il maintient grâce à sa supériorité navale. A quoi servent les bateaux de guerre s'ils ne peuvent franchir les détroits ? La Couronne ne peut donc accepter l'occupation russe de la Bessarabie devenue Roumanie de nos jours ; alors, aidée de la France, elle convainc les Ottomans de déclarer la guerre à la Russie ; c'est toujours mieux quand ce sont d'autres qui font le sale boulot. Surprise dans le port de Sinope, en Mer Noire, le 30/11/53, la flotte turque est détruite. La Russie refuse alors d'évacuer Valachie et Moldavie. Britanniques et Français déclarent la guerre à la Sainte Russie en mars 54 et débarquent conjointement leurs troupes à Eupatoria pour assiéger Sébastopol, le quartier général des troupes russes en Mer Noire. Les sanglants combats s'éternisent et portent des noms encore célèbres : Alma, Balaklava, Inkerman, Sébastopol, ils jalonnent les années 1854 et 1855 et donneront des noms aux nouveaux boulevards et métro ! La paix est conclue à Paris en mars 1856 ; elle met un terme au mythe de la puissance russe qui avait abattu Napoléon Ier en lui imposant la terrible retraite où disparut la Grande Armée. Le traité stipule que la flotte russe reste prisonnière de la Mer Noire, que les gains territoriaux sont restitués, que l'Autriche après avoir rejoint la France et l'Angleterre enterre son alliance avec la Russie. En fait le conflit majeur de la décomposition de l'Empire Ottoman n'est pas terminé, l'Europe va se déstabiliser ; cela aboutira dans les années à venir à toute une série de conflits pour redessiner un nouveau visage européen. C'est cette nouvelle Europe qui s'autodétruira durant la 1ère Guerre Mondiale. La France de NIII retire un bénéfice considérable de cette guerre de Crimée, elle pourra alors se rapprocher de l'Autriche et sera bientôt disposée à l'aventure commune de la Guerre du Mexique qui signale la perte de vitesse de NIII et révélera à l'Europe la puissance des Etats-Unis. 1853 + 278, 2131 ans d'écart entre le début des deux conflits. On voudra bien remarquer que la première guerre punique trouva sa cause en Sicile, tout comme la guerre froide se crispa avec l'affaire des fusées à Cuba, en Amérique Centrale là où Napoléon III intervint... 4 - Les heros face aux puissances montantes 4.1 - Pyrrhus expédition en Italie : -282 /-275 En 281 av. J.-C., le peuple de Tarente, une colonie grecque d'origine spartiate du sud de l'Italie, est en guerre contre Rome. Il appelle Pyrrhus au secours et ce dernier. débarque avec des éléphants qui font forte impression sur le légionnaire qui se sent bien petit surtout quand il se cache derrière son glaive... Pyrrhus défait donc les Romains durant les premières rencontres, à Héraclée en -280 puis à Ausculum -279. Toutefois, ses deux victoires sont chèrement payées car son armée subit de lourdes pertes, si lourdes que cela ne vaut pas la peine d'être vainqueur : la saignée est telle qu'apparaît l'expression «gagner une victoire à la Pyrrhus!» C'est en ces termes que l'on présente, dans les principaux documents, l'action de Pyrrhus allant libérer les Grecs installés dans la semelle de la botte italienne. Quand Pyrrhus débarque, les Romains sont en train d'achever la conquête de la partie sud de la péninsule, les cités grecques sont implantées dans « le bas de la botte » depuis la deuxième moitié du VIIIe siècle ; elles sont aussi anciennes que Rome, elles forment d'ailleurs avec la Sicile ce que l'on appelle « La Grande Grèce ». Grec lui même, Pyrrhus est donc venu défendre des Grecs qui sont la proie de « barbares romains» ; le mot barbare désignant ici, sans connotation péjorative, tout individu étranger à la Grèce, c'est le cas des Romains. Sans remonter pour autant au Déluge, il est possible de dire que tout avait commencé en -282 quand une dizaine de navires avaient débarqué dans le golfe de Tarente ; ils venaient soutenir la Ville de Thurii qui s'était mise sous la protection romaine pour échapper aux ambitions d'un prince lucanien dont la capitale Laos avait une réputation de prospérité. Laos était à l'embouchure du fleuve de même nom, au fond du golfe appelé de nos jours Poli Castro ; la ville est située dans le coup de pied de la péninsule, au Nord de l'actuelle Calabre. Après avoir battu les Lucaniens, on retrouve les Romains sur la côte ouest du golfe de Tarente, la ville étant située, elle, à l'est. Que venaient-ils faire là ? Manipulés par les commerçants tarentais qui voyaient leur monopole en danger, il n'en fallut pas davantage à quelques démagogues pour ameuter le peuple et détruire quelques navires... Pourquoi une expédition alla-t-elle ensuite chatouiller la garnison romaine de Thurii ? Et pourquoi en chassa-t-on les partisans de Rome ? On imagine aisément la suite car Rome était non seulement sortie des limbes de l'Histoire pour écrire le destin du monde antique mais elle était devenue chatouilleuse du côté de sa réputation. Rome ravage alors la région de la « botte » qui est entre les mains grecques des Tarentais. Les Romains sont maîtres du terrain c'est pourquoi les Tarentais demandent alors le secours d'un maître en art de guerre : Pyrrhus ; et comme ce dernier est disponible depuis qu'il est exilé de la Macédoine... il répond favorablement aux Grecs et débarque avec son armée, juste au moment où le royaume de Macédoine est vacant ! Quel motif sérieux peut-il le pousser à intervenir sinon la conquête de l'Occident ? Il débarque au printemps -282 avec ses troupes : 25000 hommes, quelques éléphants... Il obtient le commandement de l'Italie du Sud en révolte contre Rome qui est déjà en guerre contre les Etrusques. Pyrrhus pressent-il que la lutte qu'il mène contre Rome sera plus risquée que celle prévue par les Tarentais ? C'est probable car il veut jouer le médiateur, mais les Romains lui refusent ce rôle car ils tiennent un discours dont les grandes lignes furent résumées par Monroe, quelque 2100 ans plus tard. Les premiers combats se déroulent en -280 et les légionnaires découvrent avec effroi la puissance des éléphants. Les combats sont sanglants ; 7000 des 20000 Romains restent sur le champ d'Héraclée quand Pyrrhus ne perd que 4000 soldats. C'est le signe pour étendre la révolte à tous les adversaires de Rome encore dans l'expectative, et leur réveil est d'autant plus violent qu'ils sont convaincus d'aller au secours de la victoire. La fin du conflit étrusque libère Rome qui peut en -279 envoyer deux armées dans le Sud, soit 40000 hommes à la rencontre du roi d'Epire ; ce dernier dispose de forces égales. La rencontre se déroule dans la plaine d'Ausculum où disparaissent 6000 Romains et 4000 Tarentais. La paix est signée mais, chose incroyable, elle ne précise pas l'indépendance de Tarente ! Idiotie, oubli, trahison ? Passe l'année -279... Pyrrhus quitte l'Italie pour aller en Sicile comme on l'a vu précédemment s'opposer victorieusement aux Carthaginois. De retour en Italie, après avoir perdu la Sicile, il s'oppose à nouveau aux Romains ! Mais en cette année -275, les légions romaines n'ont pas attendu son retour pour réduire les Lucaniens, les Samnites, les Bruttiens et les Tarentais ; si bien que la situation est différente, il s'oppose cette fois à des troupes victorieuses. Pyrrhus, à bout de ressources, rançonne les villes grecques et, sentant qu'il n'a plus la main, quitte alors rapidement l'Italie pour disputer la Macédoine au fils de Démétrios Poliorcète qui en est devenu roi. La série de revers subis par le stratège a fini par l'user. Rome se forge alors une prestigieuse renommée pour avoir vaincu les Grecs. Il est probable qu'à partir de ce moment, Rome commence à lorgner vers la Grèce qui vient de lui démontrer son infériorité militaire... 4.2 - Napoléon III au Mexique 1861 / 1867 Cette aventure mexicaine peut être vue comme étant homologue de celle qui résulte du passage de Pyrrhus en Italie. La France de NIII s'oppose au Mexique pour y implanter un empire catholique. A l'origine se trouvent les intérêts des financiers européens spoliés par l'arrivée à la tête de la République Mexicaine d'un révolutionnaire anticlérical : Juarez, lequel suspend les remboursements de la dette. NIII vieillissant est devenu sensible aux idées de sa femme, Eugénie de Montijo, croyante catholique issue de la très vieille noblesse espagnole; dans quelle mesure ne lui inspire-t-elle pas une expédition d'allure punitive contre ce mécréant de Juarez, sans compter l'aspect possible d'une espèce de revanche espagnole contre une ancienne colonie ? Le corps expéditionnaire arrive fin octobre 61 ; il est composé d'Espagnols, de Britanniques et de Français qui seront, à partir de 1864, commandés par Bazaine, général tristement célèbre lors du siège de Metz quand il lui faudra affronter les Prussiens en 1870. Cette arrivée dans le port de Veracruz provoque la première manifestation d'humeur des Américains. Quoique empêtrés dans la guerre de Sécession ceux-ci font rapidement comprendre que les Européens n'ont rien à faire en Amérique, ils soutiennent donc Juarez qui s'oppose aux Européens. L'aide américaine sera morale et suffisamment importante quant au matériel de guerre pour mener une incessante série de coups de mains qui décourageront les Européens. Les Anglais flairent le piège et, avant la fin 1861, ils rembarquent leurs troupes. Un accord financier est alors trouvé avec l'Espagne si bien que la France reste seule sur le terrain, à plus de 5000 Km de ses bases. D'où vint l'idée de NIII de créer un Empire Catholique au Mexique et d'en donner la couronne au frère de l'Empereur d'Autriche ? Pour se faire « pardonner » de l'aide apportée à la révolution italienne ? Dès 1863, NIII fait proclamer le nouvel empereur qui débarque en compagnie de Bazaine en 64. Les Autrichiens sont entrés dans le piège mexicain qui se referme en 1865, date de la fin de la guerre de Sécession. NIII comprend trop tard son erreur mais les événements s'accélèrent : les difficultés de la guerre provoquent la rupture entre la France et l'Autriche, les troupes françaises quittent le Mexique entre fin 66 et février 67 ; Maximilien est arrêté le 15 mai puis fusillé en juin. Triste fin ! Cette guerre du Mexique fut l'erreur de NIII qui perdit là son aura et sa crédibilité, ce fut son premier échec avant le coup fatal de 1870. Ce conflit est surtout le dernier que les pays d'Europe pourront mener en Amérique sans leur bénédiction, le dernier conflit qui leur permet de s'immiscer dans l'orbe des Etats-Unis en se passant de leur aval. L'événement se produit juste avant le déclin de l'Autriche qui subira la terrible défaite de Sadowa infligée par la Prusse, il se produit également avant la défaite de 70 et la perte territoriale de l'Alsace-Lorraine, il se produit également alors que les Etats-Unis sont en conflit et qu'ils achèvent la conquête de leur territoire si tant est qu'ils veuillent bien s'en tenir là. NIII pensait que le Mexique pouvait être une « nouvelle terre promise » dont il pourrait faire une chasse gardée toute française ; il rêvait encore. Il faut signaler qu'il fut précurseur en cela, d'un vaste canal interocéanique dont le Mexique aurait été le gardien ; il rêvait de concrétiser aussi les plans de conquête américaine que N Ier avait élaborés ; il rêvait enfin d'y organiser un contrepoids catholique aux Etats protestants qui dominaient l'Europe et qui s'éveillaient en Amérique du Nord. L'instabilité de la Macédoine ressemble bien à celle de la France qui, de Napoléon Premier à la IIIe République, passe par une impressionnante série de régimes, de coup d'Etat ou de Révolutions. Les deux expéditions, la grecque et la française, se déroulent quand les deux futures grandes puissances sont en guerre, l'une contre les Etrusques réputés pour la sophistication des mœurs et l'autre contre les sudistes qui défendent leur supériorité culturelle. On remarquera également que Pyrrhus s'oppose à Carthage alors que la Macédoine la soutiendra bientôt, que N III s'oppose à la Russie quand la IIIe République ira bientôt en rechercher l'appui pour rééquilibrer les forces en Europe centrale ! Tous ces rapports sont parfaitement cohérents dans le cadre de l'homologie présentée. Après le passage de Pyrrhus en Italie du Sud en -278, Carthage et Rome signeront un traité qui délimite leur secteur de domination, la première sur la Sicile, la seconde sur la Péninsule. Il est probable que la teneur en fut connue de Pyrrhus et que celui-ci trouvait Rome trop proche et les villes grecques d'Italie trop inconséquentes pour prolonger pour elles son expédition. 1861 + 282, il y a 2143 ans d'écart entre les débuts des conflits. 2142 ans séparent la fin des deux conflits. Tarente était une des rares colonies de Sparte qui ne cachait pas ses origines. 5 - La fin miserable des héros 5.1 - Pyrrhus Que fit Pyrrhus des 4 ans qui lui restaient à vivre quand il rentra en Grèce en -276, après avoir « abandonné » la Grande Grèce aux Romains ? Il rentra en Epire avec 8000 hommes et 500 chevaux et alla chercher aventure en Macédoine. Une fois encore le succès est au rendez-vous, le roi Antigone se sauve et le voilà roi de Macédoine ! Pyrrhus à peine remis en selle se lance dans un nouveau coup de main pour imposer le roi Cléonyme récemment évincé de Sparte ! Il marche sur Sparte, il perd son fils dans les combats où les Lacédémoniens combattent avec l'énergie du désespoir et finissent par avoir le dessus. Pyrrhus fait retraite, remonte vers le nord et là, rencontre Antigone le roi de Macédoine... Après bien des péripéties, il est tué dans Argos par une vieille femme qui, du toit d'une maison, l'atteint d'une tuile en pleine tête. Finalement, Pyrrhus est défait par le roi de Macédoine qu'il pensait avoir battu. N III a été finalement battu par les Républicains qui lui reprochaient son coup d'Etat de 1851. Dans la présente étude, la Macédoine est la France, on remarquera une fois encore l'ambiguïté de l'homologie de l'Allemagne qui est bien présente pour précipiter la chute de NIII. 5.2 - Napoléon III ici avec Bismarck Tout le monde sait l'incroyable revers du sort qui frappa NIII après l'aventure mexicaine dont la page sanglante n'est tournée qu'en Mai 1867. La maladie provoquée par la présence de calculs rénaux le fatigue de plus en plus ; l'opposition républicaine se renforce et conduit une guerre d'usure à laquelle il répond en accentuant le libéralisme du régime si bien que dès 1870 le régime vire à la monarchie constitutionnelle. Mais le plus gros danger vient de la Prusse en train de constituer l'Allemagne ; le Chancelier Bismarck qui désire la guerre rédige la célèbre dépêche d'Ems dont le ton est insultant. NIII est mal conseillé. C'est la guerre en Juillet 70, il finit piteusement assiégé dans Sedan. La reddition. La France capitule le 2 septembre ; la République est proclamée le 4 septembre, l'empereur est prisonnier en Allemagne, sa femme se réfugie à Londres, il la rejoint, et meurt dans une opération chirurgicale tentée le 9 janvier 73. Dans la présente étude, Sparte est homologue de l'Angleterre, NIII ne meurt pas lors d'un conflit contre l'Angleterre mais il y meurt seulement. 6 - Faillite ? D'où vient cette pénible impression de malaise quand on parle de Pyrrhus et de Napoléon III ? Quelque part sourd l'idée de deux hommes brillants qui mènent une série de coups de mains, qui frôlent la légende dorée et qui finissent misérablement. Qui peut soutenir qu'ils ne pâtissent pas outre mesure de leur chute ? Rêveurs... Fantasques. Combattants chimériques dans un monde furieux ? Zorro de l'histoire ? Cerveaux sans repos ? Eternels insatisfaits ? Prisonniers du mythe de l'empereur ? Que leur a-t-il manqué pour qu'ils réussissent, un précepteur tel Aristote pour Alexandre ? Sont-ils nés trop tard ? On ne saurait évidemment réduire l'action de NIII à son aventure au Mexique et à son conflit avec la Russie... Bibliographie : - La vie des hommes illustres, Plutarque, traduction Pierre Amyot. - Encyclopaedia Universalis : Napoléon III. - Napoléon III, de Pierre Milza, éditions Perrin.



Chapitre VII : La nouvelle colonisation

19mai2012


La colonisation européenne s'est effectuée en deux grandes vagues La première vague colonisatrice européenne apparaît dès la découverte de l'Amérique ; elle ne sera effective qu'au début du XVIe siècle. Ce mouvement est homologue des colonisations grecques (vers -750 au plus tôt) ; du fait que nous remontons la chronologie, cette liaison homologique qui existe bien ne sera présentée qu'un peu plus loin... La deuxième vague est celle qui est visée par ce chapitre Le mouvement de colonisation qui sera décrit dans ce chapitre débute, pour l'Europe, après la révolution et le passage de Napoléon: c'est donc la période dite contemporaine qui est mise à l'étude et mise en homologie avec la période hellénistique bien connue pour son expansionnisme territorial et culturel. Nous aurons donc un phénomène (la colonisation) qui se retrouve durant deux périodes distantes de plus ou moins 2150 ans; les colonisateurs étant issus d'Europe d'un côté et, de l'autre, de la "Grèce" antique. Tous les événements qui seront décrits dans ce chapitre se situeront plus ou moins autour des années 1850 et -c.300. 1 - Quelques généralités On a précisé à maintes reprises que le début de la période hellénistique est marqué par l'épopée d'Alexandre le Grand, quelque part vers 300 avant Jésus-Christ... Ce qui est nouveau ici, c'est que l'on pourrait tout aussi bien utiliser le début de la 2e vague de colonisation menée par les Grecs dans le grand bassin Méditerranéen pour signaler le début de cette brillante période qui génère une importante vague d'aventures. Le phénomène est si important, si net et si général que l'on peut se demander si Alexandre le Grand ne fut point lui-même saisi par l'air du temps et si finalement la pulsion qui le pousse à l'aventure et à la destruction des vieux empires n'est pas le signal de départ de cette nouvelle colonisation. Le résultat final est énorme puisqu'il s'agit de la conquête grecque du monde méditerranéen, bien avant la conquête romaine. Cette époque si caractéristique, possède-t-elle son homologue ? Evidemment ! L'homologue daté du XIXe siècle est si récent dans la mémoire collective européenne que les aventures des nouveaux héros bercèrent l'enfance de certains de nos contemporains et rappellent l'existence d'un phénomène généralisé à tous les pays d'Europe qui fut alors un continent dont les habitants émigraient pour coloniser le reste du monde ! Pour situer sommairement l'événement en France, il suffit de se souvenir de Bugeaud, de Lyautey, de Savorgnan de Brazza, de Gallieni, de Caillé et des autres... Tous militaires à la tête d'expédition de découverte ou de représailles. Il s'agira donc bien de conquêtes militaires. Comme il y eut deux mouvements de colonisation, distinguons-les au plus vite pour éviter les confusions et datons les mouvements homologues. Nouvelle colonisation Première colonisation Début pour le monde antique grec. Vers 350 av Vers 750 av Début pour le Monde Occidental Vers 1815 Vers 1400 pour le Portugal Fin pour l'Antiquité grecque Vers 250 av Vers 550 av Fin pour le Monde Occidental Vers 1900 Vers 1650 Ecart entre les débuts 350 + 1815 = 2165 ans Ecart entre les fins 250 + 1914 = 2164 ans L'écart chronologique entre les deux mouvements homologues apparaît dans la 2ème colonne qui nous intéresse dans ce chapitre. On constate que les deux mouvements homologues de la « nouvelle colonisation » se sont déroulés à 2164 et 2165 ans d'écart. Que voyons-nous en limitant, pour l'instant, l'analyse à la nouvelle colonisation ? On voit deux mouvements de conquêtes qui partent de deux mondes dominants arrivés à leur apogée : L'un part du monde grec au IVe siècle tandis que l'autre part de notre monde occidental durant le XIXe siècle. On constate que les deux mouvements élargissent considérablement l'aire d'influence où pourront se développer les deux cultures, l'une hellénistique, l'autre occidentale. La culture du dominant se généralise comme on l'a vu précédemment dans le chapitre réservé exclusivement à l'homologie entre notre époque moderne et la période hellénistique. Trirème La canonnière 2 - la nouvelle colonisation 2.1 - La nouvelle colonisation grecque entre -350 et -250 Vers -350/-300, Marseille alors alliée de Rome, Tarente et Athènes colonise la Gaule. (L'Afrique qui fut sérieusement rongée jusqu'à l'os, pourrait bien être l'homologue de la Gaule, l'avenir proche, voire très proche, montrera l'intérêt croissant de la nouvelle Rome pour la nouvelle Gaule. Les importants mouvements migratoires qui se produisent à notre époque à partir de l'Afrique pourraient bien répéter le désespoir des peuples gaulois d'alors... Et les relations privilégiées voire ambiguës de l'Afrique avec l'Europe et les Etats-Unis pourraient bien reproduire celles que les Celtes entretinrent avec la Grèce et le monde romain). Alors que la première vague colonisatrice n'avait occupé qu'une bande côtière d'une cinquantaine de km de profondeur, il s'agit cette fois d'une conquête en profondeur des terres où les cités grecques sont installées depuis plusieurs siècles. Les cités semblent quitter une espèce de statut de « comptoir » d'échange, en élargissant l'aire de leur base d'implantation elles semblent revendiquer un statut de capitales régionales. A partir de Marseille et des colonies voisines, Nice, Antibes, La Napoule, Hyères et ses îles, Cavalaire, Agde, Arles, La Ciotat, Saint-Blaise, c'est tout un monde grec qui se développe vers l'intérieur des terres en exploitant les vallées du Rhône, de la Saône et du Rhin. Voyageurs de commerce et trafiquants de tout poil se mettent à sillonner la Gaule en tous sens, explorant les marchés et organisant les caravanes. Il semble qu'ils étaient à la recherche de nouvelles routes et de nouveaux débouchés. Les commerçants y perdent des monnaies grecques jusqu'en Lorraine et Bourgogne pour le grand bonheur des collectionneurs... Quant aux Celtes, ils imitent tout ce qui est grec, ils essayent de transcrire leur langue en caractères grecs, ils copient la monnaie de Philippe de Macédoine, et certains viendront même, vers 270 av, s'installer au cœur de l'Anatolie pour être encore plus près de leur modèle ; Saint Paul ne les oubliera pas dans ses écrits. Parlant des Grecs, Justin, un auteur du IIe siècle, écrivit dans ses Histoires philippiques que : « Grâce à ces derniers (les Marseillais), les Gaulois, après avoir déposé et adouci leur barbarie, assimilèrent des usages plus civilisés, apprirent l'agriculture, apprirent à entourer leurs villes de remparts, apprirent à vivre légalement et pas uniquement par la force des armes ; ils apprirent à planter la vigne et prirent l'habitude de greffer les oliviers, et une telle splendeur fut imposée aux hommes et aux choses que l'on croyait non point voir la Grèce émigrée en Gaule, mais la Gaule transportée en Grèce ». Voilà qui en dit long sur l'action des Grecs en Gaule avant l'arrivée des Romains ! Ce texte repris en remplaçant Gaule par Afrique et Grèce par Europe ne ferait-il pas penser aux réalisations des Européens en Afrique et en Asie ? Vers -330, en Sicile, Timoléon relance la colonisation de l'île ; il organise la renaissance de villes détruites et restaure l'agriculture. A deux pas de là, dans la botte italienne, cette culture grecque sera puissante au point qu'à Tarente, malgré l'aventure du monde romain qui s'y déroulera pendant 1000 ans, on parlera encore le grec durant le Moyen Age ! Qui sera là pour écouter les Québécois parler le vieux français dans XI ou XII siècles ? Vers -c.300, de nombreux colons grecs s'installent au fond des terres qui donnent sur le golfe d'Alexandrette, à l'actuelle limite entre la Turquie et la Syrie ainsi qu'en Phénicie. Toujours vers -300, d'autres colons grecs s'installent en Mésopotamie... D'autres encore s'installent aux confins de l'Inde au cœur de l'ancien empire Maurya, ils y forment un Etat grec indépendant vers -250 : il s'agit de la Bactriane, un pays formé de l'ancienne Asie Centrale élargie aux actuels Pakistan et Afghanistan. Certains vieux pays qui avaient entretenu des relations depuis toujours avec le monde grec sont revisités. Les Grecs s'installent en grand nombre en Egypte, juste après le passage d'Alexandre le Grand qui crée Alexandrie. Cette ville, qui sera grecque, deviendra la plus grande ville du monde antique, tant pour son activité culturelle que pour l'importance de sa population. La ville atteindra le million d'habitants, et la célèbre bibliothèque sera construite en -304 par le roi Ptolémée Soter Ier ; elle renferma jusqu'à plus de 700 000 ouvrages dont la plupart seront détruits par l'incendie qui ravagera le bâtiment en -47. Pour achever le tableau de la pénétration des Grecs, il faut ajouter tous les territoires qui furent non seulement conquis par Alexandre le Grand mais gérés par des Grecs, il s'agit ici du Moyen-Orient, rien de moins ! Sans vouloir trouver du bizarre là où il n'y en a guère, n'est-il pas tout de même curieux de constater ici que l'UNESCO posa la 1ère pierre d'une nouvelle grande bibliothèque dans cette ville en 1988 ? La construction peut être considérée achevée en l'an 2005... (L'ouverture de la bibliothèque au début de ce millénaire marquera une période homologique de 2050 ans!). 2.2 - La nouvelle colonisation européenne entre 1815 et 1914 « Les pays industrialisés d'Europe, forts de leur suprématie technique et militaire, se partagent le monde. Il s'agit d'abord d'une expansion commerciale et financière, mais, durant les deux dernières décennies du XIXe siècle, les puissances européennes se livrent à une course effrénée pour coloniser l'Afrique et l'Asie. Première en date, la Grande-Bretagne domine, suivie par la France. Viennent ensuite les Pays-Bas, la Belgique et, enfin, l'Allemagne et l'Italie. Le reste du vieux monde, demeure à l'écart : l'Autriche-Hongrie est en déclin, l'Espagne et le Portugal repliés sur leurs souvenirs de grandeur, les Balkans morcelés, le nord de l'Europe isolé, l'Empire ottoman continue de s'affaiblir et est économiquement dominé, de même que l'Empire russe, qui poursuit pourtant son extension vers l'est. Sûre d'elle-même, l'Europe prétend civiliser le monde, mais il s'agit avant tout de s'emparer des matières premières, de trouver des débouchés pour les produits manufacturés, d'étendre sa domination économique. Toutefois, en exportant hommes, techniques et idées, l'Europe se crée aussi des rivaux : au début du XXe siècle, les États-Unis et le Japon ont comblé leur retard et affichent leurs propres ambitions impérialistes ». (© Encyclopædia Universalis 2005) Dans notre monde occidental on verra, entre 1815 et 1914, tous les pays indépendants d'Europe participer à une curée générale qui se déroulera en Asie et en Afrique. Le Royaume-Uni, l'Italie, la France, l'Allemagne, le Portugal, les Pays-Bas, l'Espagne, la Belgique et la Russie se recomposent de gigantesques Empires coloniaux surtout durant la 2ème partie du XIXe siècle. C'est ainsi que les continents d'Afrique et d'Asie seront dépecés au profit des pays européens qui débouchent sur l'océan Atlantique, car il faut une flotte pour être convié à la fête. Les Français qui sont on ne peut plus nombrilistes, discuteront encore du phénomène en 2006 pour savoir qui d'entre eux battrait le plus fort sa coulpe comme si la repentance du fils envers les victimes du père permettait de réécrire l'Histoire et d'adoucir le coup de fouet ! Quel est donc notre contemporain quinquagénaire qui ne se souvient plus des aventures coloniales qui ont bercé son enfance ? Rien que pour la France, citons : Savorgnan de Brazza, René Caillé, Lyautey, Gallieni, Faidherbe, Bugeaud vainqueur de l'émir Abd El Kader symbole de la résistance à l'occupation coloniale. Tels sont les plus connus des colonisateurs français qui intervinrent avec plus ou moins d'humanité en Afrique ou ailleurs... Les continents furent découpés entre les Etats les plus puissants d'Europe comme s'ils tranchaient un gâteau du dimanche ; ils fixèrent les limites de leurs territoires sans aucun souci de la géographie humaine qui n'en finit pas de se rétablir encore de nos jours, péniblement et dans le sang des génocides. Qui ne se souvient pas de cette caricature allégorique datée de 1898 représentant les principaux pays d'Europe en train de se partager un gâteau marqué Chine ? Il s'agit en fait de l'Asie qui se trouve sous le couteau des Européens : la Birmanie et l'Indochine sont conquises et la Chine mise à l'encan... La concurrence est féroce et la raison qui justifie l'intervention militaire des Etats est bien souvent maquillée d'humanitarisme mais il s'agit parfois de trouver des débouchés pour écouler l'opium (voir l'action des Anglais en Inde et Chine...) Seule l'Amérique échappe aux appétits coloniaux par respect (déjà) des Etats-Unis mais les Américains n'échappent pas à l'ambiance internationale puisqu'ils se lancent dans la conquête de l'intérieur de leur continent au prix il est vrai du génocide des peuples indiens. La Russie, à cette époque, poursuit sa colonisation en poussant ses efforts vers les steppes de l'Asie centrale comprise en Turkestan. Elle ne sait pas qu'elle fabrique ainsi la bombe qui fera sauter son empire 150 ans plus tard. Tous les points stratégiques de la planète sont alors entre les mains des Européens dont les flottes de guerre sillonnent tous les océans et relâchent à l'abri dans les ports coloniaux. Les rivalités nationalistes s'aiguisent et préparent le terrain de la première Guerre Mondiale : « Il y a en Europe deux grandes forces opposées et irréconciliables, deux grandes nations qui cherchent à étendre leur champ d'action au monde entier. L'Angleterre, avec son long passé historique d'agressions couronnées de succès, avec sa merveilleuse conviction que, en satisfaisant ses propres intérêts, elle répand la lumière parmi les nations plongées dans les ténèbres ; l'Allemagne, qui avec une volonté moindre, mais peut-être avec une intelligence plus vive, se présente en concurrent sur tous les points du globe. Au Cap, en Afrique centrale, dans l'Inde et en Orient, dans les îles des mers du Sud et dans le lointain Nord-Ouest, partout où le drapeau a suivi la Bible et où le commerce a suivi le drapeau (...) le commis voyageur allemand est en lutte avec le colporteur anglais ». (Le Sunday Review du 11 /09/ 1897) (Un Français n'aurait pas osé écrire cela !) Mais il est tout aussi intéressant de revoir l'état d'esprit des autres européens à travers l'exemple de la conquête du Congo. Ainsi, le roi de Belgique, Léopold, se considérait comme le roi souverain et propriétaire privé des terres que d'autres avaient conquis pour lui au Congo. C'est le droit privé qui s'appliquait « au pays » ! Ce pays ne fut considéré comme relevant du drapeau belge qu'en 1908 après bien des pressions exercées par la Grande Bretagne. Bien que la volonté de Léopold fût de céder le Congo à son pays, le fait ne lui interdisait pas de déclarer encore en 1906 : "Il n'y a pas de droit plus légitime ni plus respectable que celui d'un auteur sur son œuvre propre, sur le fruit de son travail... Mes droits sur le Congo ne sont à partager avec personne ; ils sont le fruit de mes propres combats et de ma propre dépense " En même temps, l'intention de Léopold avait toujours été de léguer le Congo à la Belgique. Ce furent en fin de compte des pressions extérieures, telles celles de la Grande-Bretagne, qui contraignirent la Belgique à assumer la responsabilité formelle de la colonie en 1908. Si beaucoup d'hommes de pouvoir agissaient comme le roi Léopold durant ce XXe siècle, l'époque n'était pas cependant dépourvue de lucidité comme on le voit avec Paul Leroy-Beaulieu, (1843 / 1916), titulaire de la chaire d'économie politique au Collège de France. Cet historien déclarait : « Le XIXe siècle aura été l'âge héroïque de la nouvelle colonisation européenne : il se pourrait que le XXe en fût l'âge critique ». Mort en 1916, il n'eut point connaissance de la décolonisation qui marqua le monde dans la deuxième moitié du XXe siècle, surtout dans les premières années après la Deuxième Guerre Mondiale ; cette prévision fait de lui l'un des rares contemporains dont la vue échappa à la myopie. Plus tard, les exploits des aventures coloniales servirent à nouer les intrigues de films ou pièces célèbres parfois : « La Canonnière du Yang-Tsé », « Les 55 jours de Pékin », « Les Lanciers du Bengale », « Il est minuit docteur Schweitzer »... C'est vers 1945 et 1962, peu après la seconde Guerre Mondiale, que le phénomène de décolonisation se produisit dans la douleur tant dans le pays colonisé que dans le pays colonisateur. Repensons à la France et l'Algérie, la France et l'Indochine ; au Congo et à la Belgique, au Mozambique et au Portugal, à Cuba et à l'Espagne... à l'Inde et à la Grande-Bretagne, à la Chine et au Japon. Partout ce ne fut que drames, guerres longues et effroyables quand ce ne fut pas la guerre civile évitée d'extrême justesse ou quand ce ne fut pas un génocide. Les derniers conflits opposant la Russie et les pays séparatistes de la zone du Caucase ne sont-ils pas autre chose qu'une décolonisation tardive ? 3 - Interrogations sur l'Afrique L'Afrique de notre époque est-elle l'homologue de la Gaule qui plut tant aux Romains ? Si c'est bien cela, nous verrons bientôt les Américains renforcer leurs positions dans ce continent... Auquel cas, il serait évidemment intéressant d'essayer de distinguer les pays africains qui renouvellent l'alliance romaine... Comme on perçoit nettement une vague d'émigration issue d'Afrique et orientée vers l'Europe, il se pourrait bien que celle-ci soit la forme moderne des prémices de futures grandes migrations qui arriveraient à terme dans deux siècles... Comme on distingua plusieurs Gaule, il existe plusieurs Afrique... C'est la partie grecque de la Gaule qui servit de portail aux Romains pour effectuer la conquête de la Gaule et tout particulièrement à partir des zones adjacentes au sillon Rhodanien, axe de passage... On remarquera homologiquement parlant que, déjà, le Libéria est en liaison historique avec l'histoire des Etats-Unis ; par ailleurs, la zone équatoriale semble appeler, voire réclamer, la présence U.S. pour gagner une indépendance que la France ne conteste pas. Déjà, l'athlète d'origine africaine domine dans les stades qui renouvellent les arènes. Ce fait est-il un indice de cette hypothèse ? Comme l'homologue théorique de l'année 2006 se situe quelque part vers -100/-150, il est vraisemblable que nous verrons des choses de notre vivant car c'est en -181 que les Romains répondent à la demande des Marseillais pour franchir les Alpes et leur venir en aide contre l'invasion et la piraterie des ligures. Ces Ligures sévissent dans la région de Nice ; déjà en -154, ils sont repoussés des côtes et battus par les Romains dans la région d'Antibes. Les appels réitérés de Marseille à la puissance militaire de Rome aboutiront à la conquête de la Provence... et, si le schéma ci-dessus renouvelle ses grandes lignes, les Américains ne tarderont pas à franchement débarquer en Afrique, un peu plus longtemps qu'ils ne le firent en Somalie... Tribus gauloises La Gaule antique est probablement l'homologue de l'Afrique actuelle; les guerres tribales de celle-ci font évidemment penser aux guerres des Celtes et des Germains. Les positions grecques en Gaule furent occupées par les Romains; on peut donc s'attendre à une action puissante des Etats-Unis vers l'Afrique.



Chapitre VIII : Napoléon et Alexandre

19mai2012


ALEXANDRE -356 / -323 ET NAPOLEON 1769 / 1821 ou REMODELAGE DE LA MEDITERRANEE ORIENTALE ET REMODELAGE DE L'EUROPE Jean Tulard, l'un des meilleurs spécialistes de la période napoléonienne, déclare dans son article présentant Napoléon Ier dans l'Encyclopaedia Universalis : « Ainsi Napoléon invente-t-il la propagande moderne, chère aux régimes totalitaires. De son vivant, il a voulu s'imposer comme l'héritier d'Alexandre et de César, comme le fondateur de la IVe dynastie » (partie de citation soulignée par mes soins). Il ajoute un peu plus loin que « cent pamphlétaires offrent de l'empereur une image peu favorable. Alexandre et César cèdent la place dans les comparaisons à Gengis Khan et Attila ». Si la comparaison sonne juste sous la plume de cet historien, c'est qu'elle se développe dans le champ de l'homologie même quand cet auteur élargit son analogie... L'homologie entre Napoléon et Alexandre le Grand est d'une grande évidence : tout est mouvement, hégémonie, conquête, en parfaite communion avec la pensée moderne de l'époque, l'un orienté vers les encyclopédistes, l'autre vers Aristote et la supériorité intellectuelle, tous deux brillants stratèges et fossoyeurs d'empires. L'un se perdra dans le rêve des sables brûlants de Gédrosie tandis que l'autre verra son étoile disparaître dans les glaces de l'hiver russe. Avant de revoir quelques détails de leur vie, certains repères homologiques signalent la parenté qui existe entre ces deux géants de l'histoire occidentale. • Ils se situent à environ 2125 ans l'un de l'autre. • Ils sont jeunes encore quand ils maîtrisent ou perdent le pouvoir. • On peut aisément dire des deux hommes qu'ils sont des « marqueurs » de temps pour les historiens... L'un marque le début de la période hellénistique quand à l'autre, il sert à lancer l'époque moderne. • Ils sont empereurs et maîtres en l'art de la guerre. • Ils sont monarques, monarques militaires. • L'un se ressource en se tournant vers Charlemagne, l'autre se ressource dans l'Iliade, tous deux vers leur haut Moyen Âge. • Ils remodèlent le monde dont ils sont issus. • Ils sont « modernes ». • Ils soignent leur image et sont habiles propagandistes. • Ils sont précoces et possèdent des tempéraments dignes de Plutarque. • Ils sont adulés par les uns et vitupérés par les autres. • Au final, leur destin chante la « même ligne mélodique » Il est curieux de constater que peu d'historiens ont mené une profonde analogie entre Napoléon et Alexandre. Pour son sacre, Napoléon n'a-t-il pas lui-même signalé un retour vers Charlemagne... Il était trop fin politique pour choisir un exemple guerrier en modèle ; Alexandre le Grand l'aurait desservi ; en prenant pour exemple Charlemagne, il voulait surtout montrer que l'intermède capétien était achevé. NB : Cette étude développe l'idée que la Macédoine et la France sont homologues. Cela est vrai pour les deux périodes postérieures au passage d'Alexandre le Grand et de Napoléon. C'est que les empereurs ont changé leur monde, il est donc naturel d'en constater les effets en homologie : antérieurement aux empereurs, on verra que la France et Athènes sont homologues tout comme Sparte et l'Angleterre le sont également. 1 - CHRONOLOGIE SUCCINCTE On découvrira chez les deux météores une même ligne de vie... Si l'un est orienté vers la Perse, l'autre s'opposera à l'Autriche... D'où l'on déduira que ces deux Etats doivent en bonne logique réapparaître dans notre étude sous la relation d'homologues. Alexandre Napoléon -356 Naissance à Pella, capitale de la Macédoine, d'Alexandre fils du roi Philippe II et d'Olympias, une princesse venue d'Epire, un pauvre État voisin. L'éducation de l'adolescent est suivie par Aristote, entre -342 et -335. C'est l'un des plus grands esprits de tous les temps (-384 / -322), formé lui-même à l'école de Platon. Il possédait un savoir encyclopédique et dut avoir un rôle déterminant dans la formation intellectuelle d'Alexandre. Ajoutons à cela l'ambition démesurée de sa mère Olympias de la tribu des Molosses qui descendait d'Achille ; autant dire que les dieux n'étaient plus très loin ! Quand on ajoute que son père fut le plus grand général grec de tous les temps et qu'il mit au point la phalange macédonienne dont les contemporains disaient que le spectacle de la charge mettait en évidence son invincibilité. Que manquait-il donc à Alexandre pour vivre un destin au dessus du commun ? Rien ! 1769 Il naît à Ajaccio un an après le rattachement de la Corse à la France de Louis XV. Il aurait tout aussi bien pu naître Génois ! Son père était un Indépendantiste, (déjà !) ce qui n'empêcha pas Napoléon de revenir plus tard pour mettre, au nom de la république, les Indépendantistes au pas. Boursier royal entre 1779 et 1784. Il effectue ses études en France et se passionne pour les grands penseurs et les grands réformateurs de l'époque : Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Necker, Mirabeau... Ces derniers valent-ils Aristote ? L'esprit frondeur de Bonaparte explique t-il, seul, ce choix ? 1784 Nommé sous-lieutenant à Valence, il va de garnison en garnison : Lyon, Douai, Auxonne, encore Valence. Il s'enthousiasme pour la Révolution. En 1793, il est nommé lieutenant-colonel et lutte contre les Indépendantistes corses agités par les Anglais. Il revient en France. -336 Philippe II fut assassiné à un moment crucial : il avait mis les cités grecques à genoux alors que son fils était là à temps pour envisager des aventures inouïes... Alexandre devient donc le Roi de Macédoine et se fait tout naturellement élire commandant des forces grecques quand il n'a que vingt ans 1794 Protégé de Robespierre après le siège de Toulon, l'ascension du futur Napoléon est rapide : d'abord Général de brigade et commandant d'artillerie de l'armée d'Italie peu après; il réprime l'insurrection royaliste de Paris en 95, il est nommé général de division et finalement commandant de l'armée de l'intérieur. -335 La situation autour de la Grèce n'étant pas nette car des incursions de peuples pilleurs menacent les frontières, Alexandre part en campagne. Il mène alors une rude série de combats contre les Thraces au bord du Danube. Il défait ensuite les Illyriens, qu'on appellera plus tard des Albanais, rencontre plus tard les Dardaniens et, comme les Thébains avaient cru utile de se révolter, il rase la ville mais il sauvegarde les temples et la maison de Pindare. La réaction d'Alexandre est menée très durement pour signifier clairement aux peuples soumis qu'ils ont tout à perdre en se révoltant contre lui. Le message sera bien compris. 1796 et 1797 : Campagne d'Italie contre les troupes austro-piémontaises, Bonaparte est accueilli triomphalement. Il prend Venise et fonde les républiques alliées sœurs, il forge sa renommée à partir de revues qu'il contrôle. 1798 et 1799 Campagne d'Egypte : il est chargé de couper la route des Indes Orientales pour nuire à l'Empire Britannique, certains profitent de l'occasion pour l'éloigner de Paris. Il conforte sa réputation mais la flotte anglaise prend le dessus dans la guerre navale. La situation politique étant confuse, il rentre en octobre. Ce passage dans la vie de Napoléon peut être comparé à celui d'Alexandre en Egypte. On voudra bien se souvenir ici que l'Italie est homologue de l'Egypte -334 Alexandre part à la conquête de la Perse, dont l'empire s'étend de l'Egypte à l'Inde et, pour la conquérir, il mène lui-même une armée de 35000 hommes, bien secondé par ses commandants qui, eux aussi, seront célèbres sous les noms d'Antigone Ier, de Séleucos Ier et de Ptolémée Ier, tous « rois » qui se partageront son empire. -333 Après la victoire d'Issos, la Perse est en grande confusion, Darius se replie au plus profond de la Perse. Personne ne peut résister. -332 Après avoir maîtrisé toute la côte et les territoires qui équivalent à la Turquie et la Syrie, Alexandre passe en Egypte où il est accueilli en libérateur ; ce pays était presque toujours occupé depuis la XXIIe dynastie ; successivement par les Libyens, les Nubiens, les Assyriens les Perses, puis les Macédoniens... Il fonde Alexandrie. (Le pays qui semblerait homologue de l'Egypte est l'Italie où, outre le pape qui semble le Dieu vivant comme l'était Pharaon, le Nord et le Sud fortement contrastés s'opposent politiquement. Il fut longuement occupé par les Français, les Espagnols, les Autrichiens...) 9 Novembre 99 Il participe au Coup d'Etat du XVIII Brumaire qui l'amène au plus haut degré du nouveau pouvoir : le Consulat. 1801 Paix de Lunéville avec l'Autriche ; Concordat avec le Saint-Siège. 1802 Traité de Paix avec le Royaume-Uni ; Bonaparte est Consul à vie. 1804 Il crée l'Empire et devient Napoléon Ier. L'Angleterre prend l'initiative en 1803 d'un nouveau conflit, devançant de 2 ans l'Autriche, la Russie, la Suède et Naples qui se liguent et forment la 3e coalition. 1806 Création de la Confédération du Rhin. Disparition de L'Empire Romain Germanique. Organisation de la 4e coalition qui regroupe la Prusse, le Royaume-Uni et la Russie. Blocus Continental. 1808 Guerre d'Espagne, la longue guérilla débute en 1807 quand les troupes françaises entrent au Portugal. A partir de cette date, les colonies espagnoles d'Amérique refusent de reconnaître Joseph Bonaparte pour roi, ce qui les met sur la voie de l'indépendance accomplie en 1826. -331 Il épouse alors Barsine, la fille de Darius. -326 Il organise une expédition aux confins de son nouvel empire, il traverse l'Indus et envahit le Pendjab 1810 Napoléon rattache sa future dynastie à celle des Habsbourg en épousant la fille de l'Empereur d'Autriche, Marie-Louise. 1812 débuts de la Campagne de Russie. -331 Il soumet la Cyrénaïque, ce qui l'amène aux confins de Carthage. Alexandre est reconnu comme le dieu vivant, fils d'Amon-Ré. Il s'approprie définitivement la Perse en détruisant la dernière armée de Darius à Gaugamèle. Il contrôle et organise son empire entre -331 et -327 -325 Il retourne en Perse. -323 Mort d'Alexandre 1814 Capitulation de Paris face aux troupes de la 6e coalition. Abdication de Napoléon. Début du Congrès de Vienne. 1815 Napoléon reprend le pouvoir durant la période des Cent jours mais c'est Waterloo et son exil à Sainte Hélène. Napoléon meurt en 1821. Il est quasiment impossible de monter le tableau ci-dessus en mettant parfaitement face à face les moments homologues : c'est que le départ dans la vie des deux empereurs est très inégal. Le chemin de la conquête du pouvoir est beaucoup plus long pour Bonaparte. Est-il possible de dire que Robespierre fut le Philippe II de Bonaparte ? Alexandre jaillit après le décès de Philippe quand Napoléon doit seulement adopter un profil bas... Comme l'Egypte et l'Italie sont homologues, il faudrait faire correspondre l'année 1798/99 avec l'année 334. On remarquera qu'Alexandre arrête ses armées aux confins de Carthage quand Napoléon envahira la Russie... 2 - la maîtrise du pouvoir 2.1 - Alexandre le grand contrôle la macédoine Quand on part de chez soi pour longtemps, il est bon de mettre tout en ordre, l'esprit est tranquille et, au retour, l'on retrouve ses affaires plus rapidement. C'est bien pourquoi, avant de lancer son expédition vers les Empires d'Orient, avant de franchir l'Hellespont et avant de remporter la bataille du Granique en -334, Alexandre fait le ménage en Grèce continentale. Il mate très lourdement les révoltes grecques deux ans durant, de façon qu'on se souvienne de lui... Les Grecs s'en souviendront. Dès la disparition de son père assassiné en -336, Alexandre doit s'imposer car une crise se noue et remet en cause l'œuvre de Philippe. Certains prétendants contestent la succession que le jeune roi revendique avec force même si son père l'a éloigné du pouvoir et l'a longtemps tenu en suspicion... Alexandre se fait alors acclamer par le peuple, puis il fait exécuter les 2 autres prétendants sous prétexte de régicide, il se fait reconnaître par l'armée. Les Cités vassales se réveillent et reconquièrent leur liberté ; l'existence de la ligue de Corinthe, sans laquelle rien n'est permis, est alors remise en question. Mais Alexandre force la main des Grecs car, sur le fond, rien ne lui permet de revendiquer la direction de la ligue, sinon la force. C'est ce qu'il fait en s'auto proclamant et, démocratie oblige, il demande ensuite l'avis du peuple qui, déjà à cette époque, était consulté quand la réponse était connue... De fait Napoléon, son homologue, ne fera pas autrement. Les réactions d'Alexandre seront rapides durant cette période critique : son armée arrive donc en Thessalie où il y est reconnu président de la confédération... Il convoque le Conseil de l'amphictyonie grecque aux Thermopyles et se fait reconnaître « roi de Macédoine et hégémon des Grecs » ; il reçoit alors les meilleures excuses des Cités de Thèbes, d'Ambracie et d'Athènes qui l'ont boudé jusqu'alors... Le Conseil de la Ligue de Corinthe lui confirme les pouvoirs de son père. Ce beau succès est certes dû au rayonnement d'Alexandre mais aussi à la présence de son armée... Fort de cette investiture, en 335, Alexandre réalise une campagne très difficile mais brillante dans les Balkans : il soumet les Thraces et les Triballes ; il traverse le Danube et disperse les Gètes, il repousse la frontière Nord de la Macédoine au delà du Danube. Il revient dans le Sud et soumet les Illyriens. Entre temps, la diplomatie perse suscite des révoltes vite réprimées : à Thèbes, en Phocide et en Béotie...Cette fois, la sanction tombe pour décourager les Cités grecques qui auraient l'idée de se révolter : Thèbes est détruite, les habitants réduits en esclavage quand ils ont la chance d'échapper à l'épée... Sparte boude nettement les projets d'Alexandre ; Alexandre a l'intelligence de ne pas la pousser dans ses retranchements ; Athènes promet, quant à elle, d'avoir une politique conforme aux intérêts d'Alexandre et ceux qui s'y opposèrent préférèrent se réfugier en Perse où l'histoire les rattrapera par le moyen des troupes conquérantes du Macédonien. Le grand nettoyage ayant été ainsi fait derrière lui, Alexandre peut alors partir à la conquête du monde car il sait qu'il a pacifié son patrimoine avec suffisamment de fer et d'épée pour que tout le monde se tienne coi une génération durant. 2.2 - Napoléon contrôle la France La prise en main de la Macédoine et de la Grèce avait nécessité une méthode un peu musclée de la part d'Alexandre. Comment donc Napoléon arriva-t-il au pouvoir ? De la même façon, mais adaptée au goût de l'époque : le coup d'Etat. Ce fut un peu plus compliqué pour lui car il n'était pas né avec une couronne dans son berceau, et puis, sur son chemin, il y avait la Révolution qu'on ne retrouve pas dans la période homologue. Pour elle, il mate au tout début de sa carrière, les mouvements anti-révolutionnaires corses et surtout les Indépendantistes qui poussaient, à cette époque, l'Ile de beauté vers l'Italie. Ce qu'il fait sans égard pour les mânes de son père qui étaient fervent Indépendantiste ; son retour en métropole est sans gloire. La chute de Robespierre et surtout la réaction royaliste qui en découle remettent en cause le destin de Bonaparte qui s'était trop impliqué en faveur de la révolution d'autant qu'il avait « grimpé » dans l'ombre de l'Incorruptible ; Bonaparte était donc marqué ce qui est un grand défaut à cette époque. Il intervient sans trop d'hésitation pour mater l'insurrection royaliste de 1795. Mais il est encore tenu en suspicion, pour s'en débarrasser il est expédié en Egypte, à la rencontre de l'Empire Ottoman et déjà sur la piste de guerre de l'Angleterre qui ne sera tranquille avec lui seulement qu'après son arrivée à Ste Hélène... Bonaparte rentre d'Egypte, il s'est fait connaître, il a soigné son image comme on dit de nos jours. Son destin bascule définitivement avec sa participation décisive au coup d'Etat du 18 Brumaire 1799 qui faillit bien ne pas réussir. Cette fois, il monte sur le podium du pouvoir qu'il ne lâchera plus. Il avait saisi que la Révolution n'arrivait pas à se stabiliser et que les succès militaires sur les fronts à l'étranger ne changeaient rien. Il fallait donc instaurer un gouvernement fort, stable et conserva teur ; il fallait donc procéder par un coup de force... L'homme fort de l'époque, le Directeur Sieyès, s'assura le concours du général Bonaparte qui le réalisa les 18 et 19 Brumaire an VIII, soit les 9 et 10 novembre 1799. Si le coup faillit rater, son succès ne fut assuré qu'après l'intervention du frère de Napoléon, Lucien; il faut dire aussi que les Français désiraient l'ordre, la stabilité, la liberté, la paix et en finir avec les excès de la Révolution. Bonaparte combla beaucoup les Français, au début. Mais sa personnalité hors du commun allait rapidement réduire à néant tous ces désirs qui ne demeurèrent que bons vœux pendant une quinzaine d'années. Bonaparte fut nommé Consul, puis premier Consul et il n'attendit que deux ans avant d'être porté au Consulat à Vie ! Il ne lui fallut que deux ans encore pour accéder à l'Empire. Mais comme en France on ne transige pas avec la Constitution, car c'est illégal, on changea donc la Constitution : on passa donc de celle de l'an VIII à celle de l'an X ; et, comme cela n'était pas encore suffisant, il fallut passer à la Constitution de l'an XII ; mais, cette fois, c'était pour annoncer au monde que Napoléon était empereur ! En une vingtaine d'années le cadet artilleur était devenu empereur. Belle percée ! 3 - la destruction des empires 3.1 - Alexandre supprime l'empire perse Il est difficile de rappeler en quelques phrases la grande aventure d'Alexandre. Il part de Grèce, file en Turquie, passe au Liban, en Syrie, en Israël, se fait acclamer en Egypte ; il y fait quelques boucles vers la Libye, revient en Irak, fonce en Iran, virevolte en Pakistan et en Afghanistan, excursionne en Inde occidentale, patauge dans le delta de l'Indus puis finit par rentrer en Iran en longeant les côtes du golfe persique. Tel est le parcours qui nous étonne car Alexandre ne prit jamais la solution facile au point que ses armées renâclent quand il relance une nouvelle aventure. Quoique le paysage ne manque pas d'intérêt, on imagine qu'Alexandre et ses Grecs furent parfois surpris par la multitude de peuples et d'empires qui ne faisaient pas nécessairement d'efforts pour encourager le tourisme hellénistique... Le premier touché par l'aventure macédonienne est l'Empire Egyptien ; il disparaît en -332 pour donner naissance à une nouvelle dynastie pharaonique : celle d'Alexandre puisque notre héros est « pharaonisé » comme étant le fils vivant du dieu Amon-Ré en -331. Alexandre se coule dans les institutions égyptiennes qu'il nuance à sa manière. Le deuxième empire qui disparaît est celui des Perses pour lequel il avait tranché le nœud gordien en débarquant sur le sol asiatique où son expédition revient. Alexandre était venu pour démembrer l'empire perse ! Aristote ne lui avait-il pas raconté l'expédition des Dix Mille dont le salut avait prouvé au monde entier que l'empire Perse pouvait être traversé par une armée ennemie ! L'annexion de cet empire était donc une affaire entendue ! La proie facile, qui avait fait trembler la Grèce durant cinquante ans, exigea cependant de rudes combats en -333 et encore deux ans de combat pour appartenir complètement au nouveau maître. C'est finalement en -331 que la nouvelle organisation du Macédonien s'établit sur l'empire perse. Il est difficile, même à quelqu'un d'averti, de se représenter la complexité de l'empire Perse formé de plus de 20 peuples, l'ensemble tombant sous le contrôle d'Alexandre. La grande qualité d'Alexandre est son approche paisible (après combat bien entendu) dans la mesure où il ne détruit pas, bien au contraire puisqu'il crée inlassablement sur son itinéraire plus de trente villes qui portent son nom telle la célèbre Alexandrie d'Egypte, qui fut une capitale intellectuelle en son temps. L'esprit grec pénètre et se fond au monde ancien qu'il conquiert ; ainsi apparaît lentement le monde hellénistique. Pourquoi Alexandre se lance-t-il dans l'immensité indienne ? A-t-il pu imaginer qu'il pourrait réellement maîtriser l'ensemble ? N'est-ce pas l'appel de l'aventure ? Napoléon, plus tard ne commet-il pas la même erreur en se lançant à l'assaut de l'immensité russe ? L'un et l'autre n'en sortiront que profondément marqués par les incessants combats qu'il faut mener et qui finissent par les user. Napoléon affronta l'hiver russe, il est probable que les chaleurs tropicales eurent raison d'Alexandre comme le froid brisa Napoléon. Il est probable que le passage d'Alexandre en Inde permit alors le réveil des tribus Maurya qui se lancèrent à l'assaut de l'Inde et réussirent à l'unifier comme elle ne le fut que sous les Anglais, un peu plus de 2000 ans plus tard ; mais cela est une autre histoire... Dans son désir de fondre ensemble la culture perse et la culture grecque, Alexandre épousera en -331, la fille de Darius III, l'ancien empereur perse. A la recherche d'une gigantesque union des hommes, au delà des cultures et des religions, rêvait-il de créer un homme universel ? Est-ce pour cela qu'il favorisa la polygamie et qu'il organisa de gigantesques cérémonies pendant lesquelles officiers et soldats épousaient les femmes perses ? 3.2 - Napoléon supprime l'empire romain germanique Les guerres permettent également à l'empereur Napoléon de détruire plusieurs Empires ; cela modifiera profondément la géographie politique de l'Europe. La première opération d'envergure de Napoléon se situe dans la péninsule italienne qui ne forme pas un empire. Elle relève à l'époque d'un semis de duchés sous la mouvance autrichienne et de territoires pontificaux. Il n'empêche que l'ensemble sera refondu en plusieurs républiques amies de la France. Pour ce qui concerne le pape, celui-ci sera humilié de nombreuses fois et même amené « manu militari » quand Napoléon aura rassemblé tous les pouvoirs entre ses mains et contrôlé les puissances continentales. (Voir guerres religieuses). Après avoir tenu près de 1000 ans, l'Empire Romain Germanique est détruit en 1806, aussi bien militairement que politiquement, ce fait sera définitif malgré le congrès de Vienne qui s'échine à recomposer ce qui est détruit à jamais. Un peu plus tard, la Prusse finira d'arracher à l'Autriche les morceaux qui permettront d'unifier l'Allemagne que Napoléon voulut. L'Empire espagnol est dans le sillage de l'Autriche, il commence à disparaître de fait entre 1805 et 1808 car l'Espagne était occupée militairement par la France, les colonies espagnoles n'ont jamais admis l'autorité française. C'est pour cela et du fait de l'absence du pouvoir espagnol que les colonies se sont émancipées sans l'avoir réellement voulu. Quand Napoléon sera parti, emporté par le vent de l'Histoire, ces mêmes colonies espagnoles n'accepteront plus de retourner dans le giron de la métropole... En ce sens on peut dire que Napoléon provoqua la disparition de l'empire espagnol qui est homologue de l'empire perse. Depuis leur création, les colonies étaient très mal administrées. Ce que 150 ans de carence de pouvoir et d'incurie n'avaient pu défaire, la noblesse qui restaura l'Espagne au départ de l'empereur, le fit en moins d'une quinzaine d'années ! Déjà en 1810, une junte bolivienne avait donné l'exemple de l'indépendance et du refus d'allégeance à l'Espagne ; et, en 1826, la quasi totalité des anciennes colonies espagnoles aura trouvé son libérateur ! Disloqué, l'empire colonial espagnol ne s'en relèvera jamais ! Il ne faudra attendre que la guerre de Cuba avec les Etats-Unis pour que rien ne subsiste du monde fabuleux de Charles Quint. Entre l'Espagne et l'Autriche, des relations particulières existent depuis le mariage des parents de Charles Quint ; on peut dire que Napoléon a définitivement cassé la puissance de la famille Habsbourg. (Napoléon Ier épousera une Autrichienne en 1810 ; et Napoléon III épousera une espagnole en 1853, Eugénie de Montijo, fille du comte de Teba descendant de grande noblesse) Certes la Russie ne fut pas battue puisque c'est elle qui mena le gros des forces contre l'empereur. Mais est-ce bien ce qu'elle fit de mieux ? Menant ses Cosaques et ses officiers aux portes de Paris et dans Paris intra-muros, ceux-ci ne prirent ils pas là un fâcheux exemple à travers les rues de Paris qui sentait la Liberté. N'y avait-il pas de quoi rêver et donner des idées jusqu'en 1917 ? Détail cocasse pour les amateurs d'homologie bizarroïde : les deux empereurs homologues, Napoléon et Alexandre, épousent les filles des deux empereurs homologues battus ! Les mariages se font avec 1810 + 331 soit 2141 années d'écart. Et, quand on connaît le destin de l'Aiglon, on peut également dire qu'ils furent sans descendance... 4 - les amis renâclent 4.1 - La conspiration du plus fidèle ami d'Alexandre C'est à partir de -330 que les divergences apparaissent parmi les proches ; dès lors que l'empire perse est tombé, le « contrat » qui unit les participants à l'aventure macédonienne semble rempli pour eux... Que l'aventure se prolonge dans les contrées orientales et qu'apparaisse excessif le danger des aventures aux yeux de certains lieutenants et vite apparaîtra le mécontentement de quelques Macédoniens qui estimeront sans grands espoirs de retour les explorations des mondes lointains et inconnus. C'est après 335 qu'Alexandre dut fait preuve de sens politique... Alexandre traverse des terres hostiles où les paysans se révoltent... Parménion, le lieutenant qui était resté en Médie (Iran) avec la moitié des effectifs, attise les conflits et retarde les renforts. Il ne cache plus son refus d'aller plus avant. Un piège est tendu à son frère Philotas qui est alors arrêté, torturé, énucléé, supplicié à la méthode perse qui, comme toutes les méthodes appuyées de torture, permet de faire avouer bien évidemment toutes les conspirations possibles et imaginables. Philotas avoue donc la conspiration de son frère Parménion. Cela permet de liquider toute une fournée de suspects et d'expédier des sicaires pour exécuter le fidèle Parménion ! 4.2 - La trahison des fidèles compagnons de napoléon A partir de 1812, date de la campagne de Russie, la contestation voire la défection frappe les fidèles qui ont pressenti le destin de l'Empire dans la retraite de Russie et le passage de la Bérézina en novembre 1812... Bernadotte et Murat, deux fidèles parmi les plus proches de l'empereur, finissent par rejoindre la coalition ennemie... Après avoir commandé la célèbre retraite, Murat, le propre beau-frère de l'empereur, prince d'Empire, conclut un traité de paix avec l'Autriche en fin 13, début 1814 ! Le roi de Suède, Bernadotte mis sur le trône par Napoléon lui-même, refuse d'impliquer son royaume dans le conflit en 1812 et, comble de la désobéissance, Bernadotte entre en Guerre contre son empereur et devient l'un des artisans de la défaite française lors de la bataille de Leipzig en 1813 ! Le général Malet, farouche républicain hostile à l'Empire, est en surveillance depuis 1805, arrêté, libéré, il réussit à fomenter une conspiration qui faillit bien réussir ; reconnu, il est arrêté, condamné et exécuté, le tout en 1812. Et la grande armée ne sera bientôt plus qu'un rêve passé car les campagnes incessantes et surtout la dernière, en auront finalement raison... Retraite de Russie ; gravure de l'époque 5 - les congrès : on solde l'empire 5.1 - Le congrès de Triparadisos : liquidation de l'empire d'Alexandre Le décès prématuré d'Alexandre dans une ambiance dionysiaque laisse ses généraux, les diadoques, certes désemparés mais soulagés des frasques quotidiennes du grand homme... Alors, les ambitions des uns prennent rapidement le dessus, parfois pour faire barrage aux légitimes ambitions des autres. Rapidement, les diadoques en viennent à se faire la guerre, ils ressortent à cette occasion la vieille partition de l'union de deux contre un troisième devenu trop encombrant. En -321, au congrès de Triparadisos qui annonce le congrès de Vienne, l'empire est tout d'abord découpé en 4 parties qui se définiront comme autant de royaumes ; les conséquences sont énormes car de grands états modernes (pour l'époque) sont dessinées et influenceront la politique de l'époque jusqu'à César et la fin de Cléopâtre. 1. Ptolémée obtient l'Egypte et sera le fondateur de la dynastie des Lagides qui régnera jusqu'à l'arrivée des Romains, ce sont eux qui réaliseront Alexandrie et qui en feront une capitale intellectuelle mondiale. 2. Séleucos Ier récupère la grande Syrie ou Séleucie, je pense à cet égard que la Séleucie sera l'homologue de l'Allemagne. 3. Antigone le Borgne (Monophtalmos), sera le fondateur de la dynastie des Antigonides qui régneront sur la Macédoine jusqu'à son éclatement en 4 provinces romaines en -146. La Macédoine devient homologue de la France mais certains aspects permettent d'y voir une homologie avec l'Allemagne ... 4. Lysimaque roi de Thrace au début occupera une partie de l'Asie Mineure ou actuelle Turquie qu'Antigone avait conquis sous Alexandre. Et tout alla bien, les héritiers se firent la guerre, l'un pour récupérer ceci, l'autre pour cela... Cela dura jusqu'à l'arrivée des Romains qui mettront tout le monde d'accord, souvent contre eux mais en mettant au pas le monde grec dans son intégralité. 5.2 - Le congrès de Vienne : la découpe de l'empire de Napoléon Pour ce côté-ci de l'homologie, le congrès de Vienne remplit la fonction du congrès de Triparadisos : liquider l'Empire. Le congrès se déroule de 1814 à 1815 alors que Napoléon est encore tout chaud. L'Europe y est redessinée sous l'œil du président de cette assemblée toute puissante : Metternich, le chancelier d'Autriche. Ce représentant de la coalition qui vint à bout de Napoléon joue un rôle déterminant auprès de tous les représentants des puissances européennes. Metternich réussit à imposer le retour à l'ordre ancien ce qui, évidemment, ne pourra tenir que momentanément sur le terrain et sous le poids de la force. Les accords tinrent une vingtaine d'années, une quarantaine au mieux car la Révolution et ses idées étaient passées : les peuples d'Europe se réveillaient et manifesteraient leur existence, parfois bruyamment, en 1830, en 48, en 50. Le Congrès dessine la France telle qu'elle était en 1791, ou peu s'en faut. Les anciens Pays-Bas autrichiens et espagnols sont reconnus comme formant un unique royaume. Norvège et Suède sont momentanément réunies tandis que la Suisse est reconnue. La Russie est chargée de l'organisation de la Pologne ; on sait ce que cela veut dire quand le langage diplomatique laisse de telle liberté... La Prusse se taille un royaume dans les anciens Etats allemands tout en récupérant un peu des rives polonaises de la Baltique. Quant à l'Autriche, elle récupère des territoires italiens qui feront problème jusqu'aux soldes de la première Guerre Mondiale. Pour ce qui est de la Grande-Bretagne, elle garde la Province du Cap qu'elle occupait durant la disparition de la Hollande, la nature ayant horreur du vide. Tout alla bien jusqu'à la génération suivante où les derniers peuples encore frustrés d'Europe imposèrent leur vision du problème en Italie et en Belgique. Apparurent donc la Belgique en 1831 et l'Italie en 1861... Et tout ce beau monde européen s'abîma en 1914. Et comme l'Europe avait échappé de peu à sa destruction ; les forces suicidaires et aveugles culbutèrent l'Europe dans le cauchemar de 39/45. Faut-il rappeler ici les guerres macédoniennes qui détruisirent la Grèce et permirent à Rome de culbuter la vieille Hellène ? 6 - la légende 6.1 - Alexandre le grand Dans les divisions répertoriées ici en 6.1 et ensuite en 6.2, deux encarts du livre « Mémoire du Monde des origines à l'an 2000 » sont repris. Ils font judicieusement le point sur nos deux héros : Alexandre et Napoléon. La mise en page est la plus proche possible de l'original : [ [ - Les avatars d'un héros, le Roman d'Alexandre : L'épopée d'Alexandre a profondément frappé les esprits à travers les temps. Alexandre modèle des Romains. L'historien grec Plutarque, à la fin du 1er siècle de notre ère, apparie Alexandre et César : celui-ci aurait pleuré parce que, à son âge, Alexandre avait déjà subjugué tant de royaumes. Les deux hommes incarnent le rêve d'une grande monarchie asservissant l'ensemble du genre humain et le réalisent, l'un en Orient, l'autre en Occident, grâce à leur génie militaire et politique. Au IIe siècle de notre ère, Trajan, du Nil au Tigre, marche dans les pas du Macédonien : l'oracle en Egypte lui « donne tous les héritages de la terre » ; vainqueur des Parthes, il sacrifie à Babylone aux mânes du vainqueur des Perses. Cette fascination confine à la monomanie avec Caracalla qui fait placer l'effigie dans les villes de l'empire et arbore le costume macédonien. - Alexandre, mythe médiéval et moderne. L'imagination populaire, en Orient, transforme le personnage d'Alexandre : les poètes persans le travestissent en magicien des Mille et Une Nuits ; sa légende est christianisée - le Saint Esprit lui révèle le secret de la Trinité -, ou islamisée - une sourate du Coran investit d'une mission divine « Iskander ». Au XII e siècle en Occident, il inspire les trouvères et la Vie du Sire de l'Univers voit le Macédonien rivaliser avec les paladins de la Table ronde. A l'époque moderne, Montaigne, (...) Montesquieu, (...) rendent hommage au conquérant, auquel Napoléon voue ensuite un culte dont témoigne le Mémorial de Sainte-Hélène. Ce destin fabuleux tient sans doute à ce que, alliant l'acte et le rêve, Alexandre a su « ceindre la couronne totale de l'humanité » pour reprendre l'expression du Faust de Goethe. 6.2 - Napoléon Bonaparte au pont d'Arcole par Antoine Jean Gros Le fruit d'une propagande. Général de l'armée d'Italie, Bonaparte avait soin de diffuser une image flatteuse de lui. Dans les journaux destinés à ses troupes, il fait écrire : « Bonaparte vole comme l'éclair et frappe comme la foudre. » Ses victoires successives, son pouvoir politique et son titre impérial renforcent cette propagande. Avec le déclin de l'empire et les difficultés des derniers temps - levées en masse, présence des armées étrangères en France - l'épopée napoléonienne perd de son prestige. Nostalgies d'après l'Empire. Rapidement la jeunesse romantique - Hugo, Musset, Vigny - exalte l'époque héroïque et la compare avec la morosité de la France des Bourbons et de Louis Philippe. Balzac, dans son immense fresque la Comédie humaine, met en scène des héros oubliés et des Français vivant dans le souvenir de l'Empereur. En 1840, les cendres de Napoléon reviennent de Sainte-Hélène. Leur transfert aux Invalides, le 15 décembre, est suivi par une foule immense. L'arc de triomphe de l'Etoile, à Paris, est inauguré pour l'occasion : la longue liste des victoires de l'Empereur y est gravée. Une grandeur qui persiste. En 1852, le neveu de Napoléon est élu président de la République. En 1852, il devient Napoléon III. Il doit son succès à la popularité posthume de son oncle. L'effondrement du second Empire apporte un coup d'arrêt à cette légende. Mais, bien vite, elle reprend ses droits. Napoléon devient au XXe siècle un personnage de film. Littérature, peinture, cinéma : tous les arts se sont nourris de ce personnage au destin fascinant qui, en retour, y puise sa dimension légendaire. ] ] Historien spécialiste du monde antique, Paul Goukowski dresse sans complaisance le bilan de l'œuvre d'Alexandre : « Beaucoup d'improvisation et peu d'innovation : à cela se résume l'action politique d'Alexandre, plus habile à aménager les structures administratives et financières des Perses qu'à en inventer de nouvelles. Sur le plan militaire, nul ne lui conteste les qualités d'un grand capitaine, sachant utiliser le terrain et manier les armes spécialisées (infanterie et cavalerie) créées par son père ». Cela peut paraître sévère mais le bilan de Jean Tulard pour l'oeuvre de Napoléon est-il bien si différent quand il écrit : « À l'actif du bilan du premier Empire, on a surtout retenu les institutions (Conseil d'État ; préfectures ; Cour des comptes créée en 1807 ; Université impériale établie en 1808 avec un grand maître, vingt-neuf académies, cent lycées, et remaniée en 1811) qui ont traversé tous les régimes, mais après bien des modifications, il est vrai, car, pour ne prendre que l'exemple de l'enseignement, seuls ses cadres administratifs sont parvenus jusqu'à nous » ? On voit bien que ces bilans sont de même facture et qu'ils participent en cela à renforcer l'homologie des personnages. A regarder de près les ressorts intimes des empereurs météores, ne voit-on pas que c'est le rêve qui les unit ? Le rêve de l'empire universel ? Rêve qui obligea les proches d'Alexandre à le saluer en s'agenouillant... Et c'est toujours le même rêve qui apparaît chez Napoléon : « Une de mes grandes pensées, (dit-il à Las Cases le 11 novembre 1816), avait été l'agglomération, la concentration des mêmes peuples géographiques qu'ont dissous, morcelés les révolutions et la politique. J'eusse voulu faire de chacun de ces peuples un seul et même corps de nation.»]] En 2005, il existe un site Internet où tous les spécialistes de Napoléon se retrouvent pour échanger leur documentation et leur passion.



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Créé: 02 jan 2018 – Derniers changements: 02 jan 2018