English
Accueil
Une critique très évocatrice de mon livre Le Secret de l'Occident (2007), par la journaliste franco-iranienne Azar Khalatbari. Cet article est paru le 16 octobre 2007 dans le quotidien français Libération, à l'occasion de la sortie (le 17 septembre 2007) de l'édition de poche.

(Libération, Paris, édition papier, mardi 16 oct. 2007, rubrique "Futurs", p.27).

Copie de la version papier oct 2007. Version pdf (1,3Mb). Version pdf (5,4Mb).

Théorie du miracle européen

Cosandey




Livre ♦   «Le Secret
de l'Occident»
de David Cosandey

La recette
du progrès


      
La question est simple, et lourde d'enjeux pour les équilibres internationaux: pourquoi et comment la science s'est-elle développée en Occident, et non ailleurs? Dans cet essai sous-titré «Vers une théorie générale du progrès scientifique», le
physicien suisse David Cosandey réussit l'exploit d'y répondre de façon convaincante.
L'auteur examine les hypothèses – parfois légères – avancées par ses prédécesseurs, et les réfute une à une: ni la religion, ni la culture, ni l'ethnie, ni le climat ne permettent d'expliquer pourquoi l'Inde, la Chine ou le monde arabo-musulman ont été à la traîne du développement scientifique. L'étude minutieuse du cas européen lui permet en revanche de mettre en lumière deux critères indispensables à l'essor du progrès scientifique. Pour qu'une société développe le joyau monnayable en pouvoir et en prospérité, il lui faut jouir d'un essor économique durable et d'une division politique stable, la compétition se jouant entre Etats souverains.
David Cosandey analyse un millénaire d'histoire politique et scientifique à la lumière de cette hypothèse, nous entraînant de l'Inde à la Chine en passant par le Moyen-Orient. Au cours de ce voyage, on croise quelques périodes fastes pendant lesquelles les deux conditions qu'il a définies comme indispensables étaient réunies. Las, à chaque fois survient une invasion ou une réorganisation étatique qui rompent le fragile équilibre, laissant place à une ère de déclin scientifique. Ainsi l'histoire de ces régions est-elle jalonnée d'amorces lumineuses, d'occasions ratées.
Un exemple: le destin de l'âge d'or des sciences arabes; entre 750 et 1050. Durant cette période, les héritages grec et indien sont largement diffusés. Les œuvres du mathématicien hindou Brahmagupta sont traduites par El-Fazari dès la fin du VIIIe siècle, et les exemplaires ainsi traduits et annotés sont monnayés auprès des commerçants désireux de développer des méthodes de calcul pour leur comptabilité. De même, au Caire, le physicien Ibn Haytham gagne sa vie en recopiant l'ouvrage phare des mathématiques grecques, Les Eléments d'Euclide. Et cette prospérité sereine lui permet de développer sa propre théorie de la lumière...
Les exemples de ces bouillonnements d'idées foisonnent, prémices de grandes découvertes. Et pourtant, il n'y aura pas de Copernic ou de Newton issus du Moyen-Orient. Avec le XIe siècle débute une période de guerres civiles. Les savants se dispersent et vivent dans la précarité. C'est la fin, durable, de cette division politique stable dont avaient joui la région et les sciences.

AZAR KHALATBARI

David Cosandey, éd. Champs Flammarion, 2007,
14,50 euros, 864 pages.








Créé: 20 oct 2007 – Derniers changements: 11 fév 2017